Intervention de Nicolas Hulot

Séance en hémicycle du mardi 3 octobre 2017 à 15h00
Fin de la recherche et de l'exploitation des hydrocarbures — Motion de renvoi en commission

Nicolas Hulot, ministre d'état, ministre de la transition écologique et solidaire :

Monsieur le député, vous avez évoqué des études d'impact qui n'auraient pas été faites. Mais il y a eu une étude d'impact qui, croyez-moi, est d'une autre échelle : celle qui mesure ce qui nous arrive déjà et les conséquences à venir si, à un moment ou à un autre, on ne propose pas des plans d'action plutôt que de continuer à expliquer ce qu'il ne faut pas faire. Elle a été parfaitement modélisée pour nos démocraties, pour notre santé, pour notre stabilité géopolitique et pour la paix, y compris pour notre pays et pour notre économie.

Dans vos raisonnements – que je ne soupçonne pas d'être de mauvaise foi – , il me semble qu'un événement vous a échappé, lequel s'est pourtant passé à Paris : l'accord de Paris. La décision que nous prenons ne sera à cet égard qu'un instrument parmi d'autres, ce que vous semblez également ignorer.

Dans la loi sur la transition énergétique, et même plus globalement dans la stratégie qui est la nôtre pour lutter contre le changement climatique, il est évidemment prévu de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, de développer nos puits de carbone et de réduire notre consommation, parce que l'efficacité énergétique est aussi un facteur de compétitivité et d'équité sociale, quand on en donne la possibilité. C'est là que l'écologie n'est pas que punitive : le plan climat procure énormément d'instruments et de dispositifs pour aider les uns et les autres, notamment les plus démunis, à réduire leur consommation.

Et puis il y a le développement des énergies renouvelables : vous évoquez notre balance commerciale, mais reconnaissez – à moins que vous n'ayez pas foi, et c'est votre droit, dans ces alternatives – qu'il faudra de plus en plus en tenir compte au fur et à mesure de leur développement. Je vous prends à témoin : les choses vont aller beaucoup plus vite qu'on ne l'imagine. Permettez-moi de vous dire que les Chinois n'ont pas les mêmes hésitations que nous : ils y vont à fond ; ils ont déjà dépassé il y a deux ans les objectifs qu'ils s'étaient fixés pour dans deux ans en matière d'énergies renouvelables.

Le monde s'est fixé une feuille de route à Paris : il s'agit bien de s'affranchir collectivement des énergies fossiles. Nous ne faisons que prendre notre part. Si nous sommes les seuls à le faire et que notre effort consiste seulement à réduire de 1 % notre consommation d'énergies fossiles, je vous accorde que cela ne servira strictement à rien. Mais tout cela s'inscrit dans un élan, dans une dynamique, dans un enjeu que l'ensemble de la communauté internationale a fait sien à Paris. Et je vous confirme que nous n'allons pas augmenter nos importations ni notre déficit de la balance commerciale : au contraire, à mesure que nous produirons de l'énergie à l'intérieur de nos frontières à partir de sources qui, à terme, seront gratuites, si nous faisons les choses en grand, nous réduirons ces 60 milliards de déficit.

Je l'ai dit tout à l'heure mais j'insiste sur le fait que ce texte n'est pas l'unique pièce d'un dispositif. Non, il vient compléter des dispositifs existants, qui seront probablement quelque peu ajustés parce que je veux les rendre socialement et économiquement recevables, et surtout faisables. Ainsi, j'ai annoncé, lors de la présentation du plan climat, que nous allions demander l'arrêt des ventes de véhicules émettant des gaz à effet de serre à partir de 2040. Vous n'avez pas semblé croire, monsieur le député, que cela pouvait provoquer un effet d'exemplarité, mais le Royaume-Uni a décidé dans la foulée de poursuivre la même ambition – je l'ai déjà dit, ici ou en commission, je ne me souviens plus – et l'Inde, qui pourtant me semble faire face à des difficultés beaucoup plus délicates que les nôtres, non seulement reprend le même objectif mais avance sa réalisation dans le calendrier.

Visiblement, et c'est pourquoi ce n'est pas le la peine de nous confronter brutalement, j'ai foi, pour ma part, dans notre capacité, à travers les petites, les moyennes et les grandes entreprises, à couvrir tous les champs de la transition énergétique. Je pense, contrairement à vous, que fixer cette contrainte va nous faire changer d'échelle et aussi, curieusement – car ce n'était pas son objectif – , devenir un instrument de sortie de crise.

Vous comprenez donc qu'en raison de l'urgence, de l'opportunité, des atermoiements et des ajournements successifs, j'estime injustifié de repartir en commission. Le travail qui y a été effectué a déjà levé un certain nombre de problèmes. Il m'a été reproché de ne pas les avoir tous vus, mais c'est bien aussi le propre du travail en commission que de les mettre en débat. Qui aurait la suffisance de penser que la préparation d'un tel projet de loi ne peut être l'occasion, de temps en temps, de voir des territoires remonter une information qui nous permet de compléter ou de sécuriser le dispositif ? Le Gouvernement est donc évidemment contre cette motion de procédure.

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