Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du mardi 3 octobre 2017 à 15h00
Fin de la recherche et de l'exploitation des hydrocarbures — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

… et j'ai alors entendu nombre de réflexions. Certains disaient que vous alliez en faire trop et nous planter en allant trop vite. D'autres estimaient au contraire que vous n'en feriez pas suffisamment et que, compte tenu de tout ce que vous avez déclaré par le passé, l'action gouvernementale vous paralyserait. Je voudrais vous dire sincèrement merci et bravo pour votre engagement, car il n'était pas évident de franchir le pas – vous avez d'ailleurs longuement hésité. Je suis, tout comme les autres membres de mon groupe, rassuré par vos premiers pas.

Certains vous critiquent, regrettant que la rupture ne soit pas assez marquée. Néanmoins, votre plan d'investissement pour s'engager dans la conversion énergétique n'est pas négligeable, loin de là ; et il fallait réussir à trouver les moyens nécessaires, en cette période de disette budgétaire.

La question de la fiscalité verte est stratégique : si l'on ne muscle pas la fiscalité environnementale, on ne s'en sortira jamais. Vous affichez cette ambition. Nous avions nous-mêmes, avec Jean-Paul Chanteguet, en commission du développement durable, lancé l'idée, mais nous pensions que les autres ne tiendraient pas. Vous, vous tenez, même si 100 euros la tonne de CO2 en 2030, cela reste insuffisant : une étude de l'ADEME, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, montre qu'il faudrait aller jusqu'à 200 euros. Quant à savoir comment récupérer l'argent et comment faire en sorte de ne pas pénaliser l'économie, cela fait débat.

L'augmentation du budget de votre ministère n'est pas négligeable. Bien évidemment, il y a des imperfections, parfois des faiblesses. Nous sommes dans un système extrêmement centralisé, et l'on ne s'en sortira pas si l'on ne fait pas confiance aux territoires. De même pour ce qui est de ces insupportables yo-yo fiscaux : si l'on ne fait pas de pause, on ne s'en sortira pas. Dans le secteur du logement, par exemple, avec moitié moins de moyens mais plus de constance et de décentralisation, on obtiendrait sans doute de meilleurs résultats. Je souhaite vous dire tout ce que j'ai sur le coeur.

Je partage sans réserve votre constat : l'état de notre environnement est très préoccupant. Tous les indicateurs sont mauvais. Ce n'est pas le tout de prendre de grands engagements, encore faut-il les respecter. Dans tous les domaines, on décroche. Le réchauffement climatique s'accélère, la situation devient catastrophique : la tendance actuelle, c'est presque 1 degré supplémentaire par décennie. La biodiversité disparaît. On voit arriver des catastrophes naturelles. Il faut aller beaucoup plus vite, sans quoi l'on va se planter et ce sera une catastrophe.

Parallèlement, on voit bien combien il est difficile d'atteindre les objectifs que nous nous étions fixés. J'étais l'un des co-rapporteurs du Grenelle de l'environnement. Prenez le « trois fois vingt » en 2020 : aucun des objectifs n'a été atteint ! Et pourtant, ils n'avaient rien à voir avec ceux visés pour 2050. Augmenter de 20 % la part des énergies renouvelables : on l'a fait un peu pour l'électricité, mais s'agissant de la chaleur renouvelable, on a complètement décroché. Diminuer la consommation énergétique : on n'y arrive pas. Certes, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué, mais la crise de 2008 a facilité les choses !

Il faut donc accélérer le changement en donnant plus de moyens, et nous soutiendrons vos efforts dans ce domaine. Surtout, ne nous leurrons pas : quoi qu'en disent certains, il s'agit d'un changement de modèle de société. Il faudrait aboutir enfin à un développement véritablement humain : économique, pour ne pas l'admettre, il faut être complètement barjo, mes chers collègues, car de l'emploi est en jeu, vous le savez tous ; social, car si l'on ne se soucie pas des plus faibles et que l'on ne vise pas la réussite de tous par l'autonomie et l'avènement d'une société solidaire, on n'y arrivera pas ; et évidemment environnemental, c'est au coeur de tout cela. À part vous, monsieur le ministre d'État, qui, parmi les leaders politiques nationaux, prône aujourd'hui une telle mutation vers une société équilibrée ?

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