Bien évidemment, nous souhaitons être à vos côtés. Pour que cela marche, il faut que tout le monde change : non seulement les hommes politiques et les entreprises, mais aussi les habitants de nos territoires. Sinon, on aura beau adopter les plus beaux textes de loi, on n'y arrivera pas, car l'opinion publique ne les comprendra pas. Vous savez, le lendemain de votre annonce sur la fin des voitures à moteur thermique, j'étais attablé dans un café, près de chez moi – je fais régulièrement la tournée des cafés, comme tous les parlementaires, sans doute. « Tu le connais, le Nicolas ? m'a-t-on demandé. – Oui, je le connais. – Bah dis donc, la fin de la voiture thermique… Tu crois vraiment qu'on va pouvoir se passer des bagnoles ? – Tu sais, ai-je répondu, si l'on ne change pas de modèle de société, on ne s'en sortira pas. Et pour tes gosses, tu vas voir ce que ça donnera ! » Voilà quel doit être notre engagement.
J'en reviens au projet de loi. Je l'ai déjà dit en commission du développement durable : on n'attendait pas de vous un texte de ce type, monsieur le ministre d'État. On ne va pas se raconter d'histoires : ce n'est pas le projet de loi du siècle, mais il est tout de même important. Vous nous aviez annoncé, dès le départ – et cela nous avait rassurés – que vous ne seriez pas un ministre qui ferait plein de lois, que l'important, ce sont les moyens et le fait d'atteindre les objectifs fixés. Il était néanmoins nécessaire de faire un texte pour sortir des hydrocarbures – nous avons fini par le comprendre lors de l'examen en commission – , car il y a tant de dossiers en instance ! Nous, nous pensions qu'il aurait d'abord fallu s'atteler à la réforme du code minier, qui est indispensable. Vous nous avez expliqué pourquoi il n'était pas souhaitable de commencer par cela, mais il serait nécessaire que vous le redisiez, car c'est important.
Par ailleurs, nous n'avons pas bien compris pourquoi vous avez retenu l'horizon de 2040 pour la sortie de la production d'hydrocarbures ; personnellement, j'aurais été favorable à 2050. Vous avez dit que 2040 correspondait à la fin des véhicules thermiques. Mais, entre le moment où l'on arrête de vendre des véhicules thermiques et le moment où il n'y en a plus du tout, il faut compter une vingtaine d'années. Ainsi, pour que ce soit applicable en 2040, il faudrait que, dès 2020, il n'y ait plus de voitures thermiques ni de chaudières thermiques. Le délai nous paraît relativement court ; c'est pourquoi nous sommes partisans d'un arrêt en 2050. Vous avez expliqué les raisons d'un tel engagement : c'est un symbole et il est important que la France donne le ton en la matière ; il faut cesser d'être dépendant des énergies fossiles et se préparer au nouveau modèle. Je vous soutiendrai sur ce point.
Toutefois, avec certains collègues, nous avons déposé des amendements afin que nous ne nous comportions pas comme des idiots. Même si nous sommes très forts, ce dont je doute, il y a une forte probabilité qu'en 2040 nous devions encore importer des hydrocarbures, par exemple pour la plasturgie ou le chauffage – M. Sermier me regarde !