Intervention de Didier Quentin

Réunion du mercredi 24 octobre 2018 à 17h05
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Quentin, rapporteur pour avis :

Je voudrais remercier tous nos collègues pour leurs interventions très argumentées.

Valérie Thomas a repris le terme de « réparation », mais aussi celui d'ambition. Il est vrai que les crédits du titre 5 ont servi de variable d'ajustement pendant quelques décennies. Il y a un sursaut, un rebond, que l'honnêteté intellectuelle impose de saluer – mon interrogation porte néanmoins sur la durée. Vous avez eu raison de considérer tous les crédits et de rappeler qu'il s'agit d'une LPM « à hauteur d'homme », comme l'a notamment dit le général Bosser lorsque nous nous sommes rendus à Satory.

Le chef d'état-major de l'armée de terre a insisté sur l'alliance entre la jeunesse et la maturité qui caractérise nos forces armées, y compris en ce qui concerne les équipements. Ces derniers ont longtemps été complètement dépassés, et on se souvient aussi des incidents qui ont eu lieu avec le Logiciel unique à vocation interarmées de la solde (LOUVOIS). Nous avons compris que tout cela fait désormais partie du passé et que, sans vouloir pécher par un optimisme aveugle, il y a un bon moral dans nos forces armées, après des années de déconstruction, si je puis dire. Je crois que nous sommes tous d'accord pour saluer l'effort accompli.

Le général Bosser nous a dit qu'il y a quatre facteurs de succès : il faut donner des signes tangibles de la remontée en puissance – et il a d'ailleurs cité, à titre d'exemple, les tenues de sport ; on doit bien employer les ressources attribuées, chaque euro dépensé devant être utile, principe avec lequel on ne peut qu'être d'accord ; il est nécessaire de consolider une nouvelle gouvernance militaro-industrielle, ce qui est évidemment un point assez sensible ; enfin, il importe de travailler sur nos relations internationales militaires afin d'essayer d'arriver à une autonomie stratégique européenne.

Je salue l'allusion de Christophe Lejeune à la diplomatie militaire, qui n'est pas un oxymore, en effet. Nous aurons l'occasion de commémorer dans quelques jours les événements de la Grande Guerre, comme on dit – bien que la Seconde Guerre mondiale ait fait encore plus de morts. Nous savons tous ce que Pershing a déclaré au cimetière de Picpus : « La Fayette, nous voilà ! ». Nous avons des relations à cultiver avec les Américains, mais aussi avec les Russes, même s'il y a parfois des problèmes. Nous n'oublions pas le Normandie-Niémen, ni d'autres exemples.

Monsieur Joncour, vous avez appelé notre attention sur le G5 Sahel. Sa force conjointe a mis en place ses postes de commandements en prenant sous ses ordres sept bataillons et a réalisé cinq opérations. La communauté internationale s'est mobilisée et a fait des promesses de dons s'élevant à plus de 400 millions d'euros. Ces sommes n'ont pour l'heure pas été versées et il importe que nos partenaires concrétisent les engagements qu'ils ont pris en février 2018. La capacité opérationnelle initiale de la force conjointe a été validée en novembre 2017 et elle est commandée depuis le 30 août 2018 par le général mauritanien Hanena Ould Sidi, qui a relevé à ce poste un général malien. Toute la difficulté est de commander une force coalisée – Eisenhower disait à ce sujet : « depuis que j'ai eu à commander une force coalisée, j'ai moins de respect pour Napoléon ».

Lors de notre mission au Mali, nous avons pu, avec la présidente et d'autres membres de la commission, constater tous les problèmes qui se posaient. La situation au Mali est extrêmement préoccupante, particulièrement dans la région de Mopti. L'élection présidentielle a pu avoir lieu malgré les menaces terroristes qui pesaient sur son bon déroulement mais l'évolution de ce pays est encore un grand point d'interrogation.

Le Burkina-Faso et le Niger ont été confrontés à une recrudescence d'attaques terroristes sur leurs frontières maliennes, dont plusieurs ont été revendiquées par la branche locale de Daesh, l'« État islamique dans le Grand Sahara ». Du fait de Boko Haram, des menaces continuent de peser sur le Nigeria et le Tchad, qui est aussi exposé au risque d'infiltrations de rebelles soudanais à l'est, et à l'instabilité centrafricaine à sa frontière sud.

La situation dans cette région reste, on le voit, un sujet de préoccupation. L'important est que la France ne soit pas seule.

Sur la politique de défense commune, monsieur Naegelen, je crois avoir déjà donné des explications. Il faut reconnaître que ce n'est pas une entreprise facile.

Quant à la cybersécurité, monsieur David, c'est un domaine qui a été négligé pendant longtemps. Certains pays lui consacrent des sommes considérables comme les États-Unis qui lui allouent pas moins de 19 milliards de dollars en 2017. La Chine et la Russie investissent massivement dans des moyens cyber, notamment offensifs, sans qu'il soit possible de mesurer concrètement cet effort. D'autres pays, qui sont des puissances militaires non négligeables, mènent des stratégies cyber affirmées : c'est le cas de l'Inde, du Japon, du Pakistan, de la Corée du Nord ou de l'Iran. Ne soyons pas en retard d'une guerre – j'ai toujours relu avec attention L'Étrange défaite de Marc Bloch.

M. Lecoq s'effraie de la perspective des robots tueurs. Cela peut sembler terrifiant, mais il ne faut pas se laisser dépasser. Nous savons que les technologies liées à l'humanité « augmentée » peuvent avoir des applications dans le domaine militaire.

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