Je souhaite faire une observation préalable sur la procédure. Je ne critique personne, je le précise, mais je regrette que nous ne disposions pas du rapport écrit. Nous parlons d'un sujet important, l'industrie, sur lequel nous n'avons strictement aucun écrit, et nous découvrons le sujet en cours de réunion. Nous posons des questions, nous nous offrons des tribunes, nous nous faisons plaisir, mais nous n'avons pas les documents. Il n'existe aucune organisation, aucune entreprise, qui organise des réunions sans distribuer auparavant le document qui sera discuté. J'aimerais beaucoup vous dire, Madame la rapporteure, que votre travail est formidable, mais, pour cela, il faudrait que j'aie eu votre rapport avant. Il ne s'agit aucunement d'une remarque personnelle : c'est le cas pour tous les autres rapports, et c'est le fait de notre procédure, qui ne convient pas. Nous parlons dans le vide, sans creuser le sujet. Il est important d'améliorer notre fonctionnement interne.
On parle souvent de désindustrialisation, à tort. En 2017, il y a eu cent fermetures de sites industriels, mais cent vingt-cinq ont été créés. Le bilan net est de vingt-cinq créations de sites, et de 19 588 créations nettes d'emplois industriels. Mais j'imagine qu'il est plus facile de se concentrer sur les sites qui ferment et les emplois qui se perdent que sur les usines et les emplois qui sont créés : cela fait plus de clics, on en parle plus.
Pour 2018, vous avez évoqué les derniers chiffres de l'INSEE. Je n'ai pas exactement les mêmes. Le rapport de l'INSEE sur l'emploi salarié par secteur au deuxième trimestre 2018 indique qu'il y a eu 5 000 emplois industriels créés en un an. Nous ne sommes pas en train d'inverser la courbe par rapport à 2017 : nous continuons à créer des emplois industriels cette année. J'aimerais donc savoir quels éléments vous font dire qu'il y a désindustrialisation.
S'agissant de la politique industrielle, la majorité est engagée dans un puissant plan de transformation numérique de l'industrie, annoncé par le Premier ministre le 20 septembre à Villacoublay, lors d'une visite de l'entreprise Dassault. Il a par exemple annoncé le suramortissement de 40 % sur les investissements en robotique et en numérisation, un taux d'impôt réduit pour les recettes tirées de brevets sur les logiciels, une baisse de la fiscalité énergétique sur les data centers, le déblocage d'une enveloppe de financement sur la robotisation, la création d'outils informatiques communs par filière, une vingtaine de centres d'accélération pour les technologies de pointe, et une centaine de territoires d'industries pour prioriser les moyens. Notre collègue Bruno Bonnell y travaille avec d'autres, pour identifier ces territoires industriels sur lesquels nous voulons « mettre le paquet », parce que nous croyons en l'industrie, nous voulons réindustrialiser, nous voulons faire croître l'industrie dans notre pays.
Ces avancées sont majeures. Les soutenez-vous ? Dans le cas contraire, pour quelles raisons ne les soutenez-vous pas, et quelle politique industrielle alternative proposez-vous ?