Qu'il me soit permis, à titre incident, de noter que le budget 2019 ne traduit pas l'ambition affichée, puisque vous prévoyez 100 000 entrées en garantie jeunes, comme en 2018. Comme notre rapporteur pour avis, dont je salue la qualité du travail, je regrette cette baisse de 4 % des crédits alors que les missions locales sont pourtant un acteur clé de l'accompagnement des jeunes sur le terrain. De la même façon, je regrette la relative indifférence du Gouvernement quant au sort réservé à AFPA – Agence pour la formation professionnelle des adultes – , qui perdra de nombreux agents et fermera un grand nombre de sites. Que deviendront ces salariés, madame la ministre ? Bénéficieront-ils des actions en faveur du reclassement des salariés, telles que le CSP – contrat de sécurisation professionnelle – ou l'activité partielle, dont les budgets seront en baisse en 2019 ? On peut en douter.
Cette réduction de budget, je l'ai évoqué, se matérialise par la suppression de 100 000 contrats aidés. Or le fait de réduire le nombre d'emplois en insertion conduit à diminuer le nombre de personnes en emploi tout court. Ce désengagement de l'État se manifeste aussi à l'égard de politiques que le Gouvernement prétend soutenir. Ainsi, des coupes budgétaires ont lieu çà et là, dont on peine parfois à comprendre le sens : baisse de l'aide à la négociation collective, diminution des moyens alloués au défenseur syndical, réduction, même, des moyens alloués au développement du CPF – compte personnel de formation. Il est vrai, puisque j'évoque la formation, que l'on peine à mesurer, dans votre budget, la réalité de l'effort promis dès lors qu'il n'y apparaît que 1 milliard d'euros de crédits. Si vous annoncez un fonds de concours des entreprises, c'est bien que vous financez par une ponction sur les crédits de formation des salariés la formation des demandeurs d'emploi, et qu'il ne s'agit pas de crédits supplémentaires.
Mes chers collègues, en 2018, nous avons dénoncé l'idée selon laquelle la conjoncture économique, à elle seule, permettrait de réintégrer dans l'emploi les 2,5 millions de personnes aujourd'hui exclues du marché du travail. Comme nous l'avions craint, les premiers à avoir été touchés par la crise seront les derniers à bénéficier de la reprise, et à quelle offre raisonnable de mini-jobs devront-ils consentir, à quel travail qui paie mal ? La taxation des contrats courts se fait attendre et la refonte de la « permittence » inquiète, car il y a les mots, souvent justes, et les actes, parfois faux…