Nous voterons pour la motion de rejet préalable. Beaucoup d'arguments ont déjà été échangés. Disons-le clairement : votre texte manque singulièrement d'ambition, il ne nous permettra pas résorber le retard de notre justice. Ce retard, ne serait-ce que par rapport à un pays comparable au nôtre, l'Allemagne, est considérable – nous avons deux fois moins de magistrats que les Allemands.
Je sais que ce n'est pas un argument, mais je crois être un des rares députés, le seul peut-être, à avoir été mis en détention, un juge ayant estimé qu'en raison d'un faisceau de présomptions, je devais être incarcéré. J'ai connu la réalité de nos prisons dont il a été question : la surpopulation carcérale insupportable, régulièrement dénoncée par l'Observatoire international des prisons. Celui-ci souligne qu'en France, au moins un quart des détenus devraient être hospitalisés, et n'ont aucune raison de se trouver dans un centre de détention.
Vous le savez : 20 % des détenus – c'était mon cas – n'ont pas été jugés et sont en détention provisoire, pratique dont on fait une utilisation abusive. Alors qu'il faudrait sortir de la politique du tout-carcéral, vous proposez de faire l'inverse : l'augmentation du budget annoncée sera entièrement absorbée par la création de 7 000 places de détention, que, par la suite, il faudra bien gérer. En somme, vous poursuivez toujours dans la même direction sans songer que beaucoup de détenus n'ont rien à faire dans les prisons, que cela coûte fort cher, que ce n'est pas une réponse de justice.