Intervention de Ugo Bernalicis

Séance en hémicycle du lundi 19 novembre 2018 à 21h30
Programmation 2018-2022 et réforme de la justice — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaUgo Bernalicis :

Il faut rompre avec les réformes de la carte judiciaire menées successivement par Rachida Dati et Nicole Belloubet, qui ont fait passer de 1 200 à 800 le nombre de juridictions, ainsi qu'avec l'avènement des chambres détachées, lesquelles ont permis, par fusion et restructuration, de rendre gazeuse la proximité avec le concept de « lieux de justice ».

Le respect des libertés et des droits fondamentaux ne doit plus être considéré comme antinomique d'une bonne justice. Sans remonter aux origines du droit pénal, notre société contemporaine – sous couvert d'assurer la sécurité devenue « première des libertés » – a entériné avec les lois Perben, Collomb et Belloubet un délitement des droits, sans jamais d'une part évaluer la réalité objective de l'état des procédures, ni d'autre part définir intellectuellement le projet de notre société pour la justice pénale. On a donné toujours des pouvoirs toujours plus exorbitants à un magistrat structurellement non indépendant et sans contre-pouvoir démocratique, la police devenant l'instrument non plus judiciaire mais arbitrairement laissé dans un labyrinthe administratif potentiellement liberticide.

Enfin, bras armé d'une justice caricaturée, la prison est devenue l'alpha et l'oméga des politiques pénales des gardes des sceaux, réduisant ainsi à peau de chagrin une probation devenue plus un outil de communication qu'une réalité concrète.

Nous devons rompre avec l'expansion immobilière du parc carcéral français. Depuis Chalandon jusqu'à Belloubet, nous avons construit sans cesse ces places qui condamnaient la France à rentabiliser leur occupation... Jamais, jamais on ne s'est interrogé sur le sens de la peine ou sur sa réalité objective ! Car la véritable question se pose en amont : la prison est-elle nécessaire pour ce comportement considéré comme ne respectant pas la norme sociale ? Nous proposons en toute rationalité, et parce que c'est la seule solution acceptable, une déflation carcérale et pénale pour notre société.

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