Cela fait plusieurs années que c'est la course à l'échalote en ce qui concerne la construction de places de prison. S'il y a bien une course à l'échalote au ministère de la justice, c'est dans l'administration pénitentiaire ! Les différentes analyses ont montré que plus on construit de places de prison, plus on les remplit : la contrôleure générale des lieux de privation de liberté comme ses prédécesseurs l'ont dit et répété à l'envi. Il est donc clair qu'il y a une course à l'échalote sur ce sujet.
Concernant la trajectoire de ce budget, que nous voulons porter à 9,5 milliards d'euros en 2022, ma collègue Danièle Obono vous en a donné la ventilation pour le seul budget 2019 : c'est vous dire si nous aurions des choses à vous raconter pour 2020, 2021 et 2022 ! Il faut quand même raison garder en la matière. Nous souhaitons aller jusqu'à 9,5 milliards plutôt que 8,3 : ce n'est pas l'effort démesuré, colossal, que l'on pourrait espérer ! J'ai eu l'impression de faire une intervention somme toute assez sobre, tout à l'heure, en expliquant que je n'étais pas très fier d'annoncer que nous voulions porter le budget à 0,33 % du PIB. Mais telle est la réalité de la situation ! Je veux bien que l'on s'invective les uns les autres, que l'on se reproche de n'avoir rien fait par le passé – je ne sais pas, je n'y étais pas, en l'occurrence ! Je peux vous laisser vous embrouiller entre vous, mais je n'y étais pas. La question est donc de savoir ce que l'on fera en regardant devant nous : or je ne crois pas que regarder devant nous signifie construire 15 000 places de prison supplémentaires.
Je vous livre une petite anecdote avant de rendre le micro : je me suis demandé pourquoi ce nombre de 15 000. J'ai remarqué que lors de la dernière élection présidentielle, un certain nombre de programmes politiques proposaient de construire 15 000 places de prison. De même, lors de l'élection présidentielle précédente, certains programmes envisageaient déjà de construire 15 000 places de prison. Je me suis demandé d'où venait ce nombre de 15 000 places, qui revient assez souvent. En fait, ce sont des gens de l'administration pénitentiaire de l'époque qui ont estimé à 15 000 le nombre de places de prison manquantes ; depuis, cette estimation se balade dans les programmes de présidentielle en présidentielle.