L'article 20 de la proposition de loi, qui contient des dispositions particulières aux départements d'outre-mer, prévoit que « les collectivités territoriales et les établissements publics peuvent, par dérogation au code des marchés publics et en considération des particularités locales, imposer qu'une partie des menus proposés dans les services de restauration collective proviennent de la production agricole et artisanale locale. » Mais les départements et les collectivités d'outre-mer font déjà cet effort sans qu'il soit besoin d'un texte de loi. Et même dans les cas où la loi le permet, il n'est pas si facile de déroger au code des marchés publics.
Mais puisqu'il est question aujourd'hui de restaurer la compétitivité de l'agriculture française, j'appelle l'attention sur le drame qu'a provoqué en Guadeloupe l'utilisation du chlordécone, véritable scandale de santé publique. Ce produit phytosanitaire, perturbateur endocrinien avéré, est responsable de cancers de la prostate et du sein à grande échelle. Or, à Basse-Terre, la plus grande des îles qui forment la Guadeloupe, un tiers des terres agricoles sont contaminées pour plusieurs siècles par cette molécule interdite aux États-Unis depuis très longtemps et interdite aussi en métropole, mais dont l'usage avait été autorisé en Guadeloupe par le ministère de l'agriculture. Peut-on parler de restaurer la compétitivité de l'agriculture guadeloupéenne sans tenir compte de ce fléau ? Et peut-on traiter de l'agriculture aux Antilles sans tenir compte de la concurrence des pays ACP, qui ne sont pas assujettis aux mêmes règles d'utilisation de produits phytosanitaires que les agriculteurs des Antilles françaises et nous exportent massivement leurs produits, à commencer par l'igname ?