Monsieur le Premier ministre, depuis plus d'un an, mon collègue Jean-Hugues Ratenon, que j'associe à cette question, vous alerte sur la situation explosive que connaît l'île de La Réunion. Dans ce département, le taux de chômage atteint 28 %, et même 50 % chez les jeunes, et 42 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
En 2012, un rapport indiquait que neuf des dix communes les plus inégalitaires en termes d'écart de richesses, au sein de notre République, étaient des communes réunionnaises. Tous les éléments étaient donc sous vos yeux pour comprendre que la situation allait devenir insurrectionnelle.
Pourtant, vous avez persisté à appliquer votre entreprise de casse sociale, avec la diminution de l'abattement fiscal, la réduction du nombre de contrats aidés, l'augmentation de la CSG – contribution sociale généralisée – et, maintenant, l'augmentation du prix des carburants.
La mobilisation des « gilets jaunes », débutée le 17 novembre, a débouché à La Réunion sur un mouvement de contestation sociale fort et ample. L'ensemble de l'île est paralysée par une trentaine de barrages érigés quotidiennement sur les routes, et des blessés sont à déplorer dans les rangs des manifestants ainsi que des forces de l'ordre. Et quelle est votre réponse ? L'envoi de 200 gardes mobiles, l'instauration d'un couvre-feu de 21 heures à 6 heures du matin dans douze des vingt-quatre villes de l'île. Désormais, on annonce même l'arrivée d'un nouvel escadron de CRS, venu de Strasbourg.
Si la sécurité nécessite de mettre fin aux pillages, il faut aussi répondre aux besoins économiques et sociaux, qui sont réels à La Réunion.