La compétition accrue révélée par le New Space ne se joue pas sur un seul plan.
Tout d'abord, une compétition « politique ». L'Europe est aujourd'hui un continent d'États aux intérêts spatiaux d'importance inégale, qui font face à des États continents ayant une volonté affirmée et affichée de domination spatiale stratégique, au nom d'un impératif absolu de sécurité nationale. Non seulement le budget spatial civil et militaire américain écrase tous ses concurrents : celui prévu pour 2018 dépasse 55 % des investissements publics mondiaux et est de l'ordre de 45 milliards de dollars ; mais la nouvelle administration Trump, qui porte une attention toute particulière à l'espace - la nouvelle frontière – comme prolongation et renforcement du leadership des États-Unis tant sur le plan de la défense que sur le plan économique prône une déréglementation de l'espace au profit des entreprises et des intérêts américains.
Le National Space Council, restauré en juin 2017 et présidé par le Vice-Président Mike Pence, joue aujourd'hui un rôle clef dans cette nouvelle dynamique. Il y a un seul décideur, et il est quasi au sommet de la hiérarchie politique américaine. Trois directives de politique spatiale ont depuis été promulguées, respectivement en décembre 2017 (avec l'annonce du retour habité des États-Unis vers la lune, comme étape devant conduire à l'objectif de plus long terme que constitue l'exploration habitée de la planète Mars), mai 2018 (elle allège des réglementations et renforce le soutien du développement du secteur privé) et juin 2018 (la gestion du trafic spatial est partiellement transférée au secteur civil). Elles ont été complétées par l'annonce de la création d'une « Space Force » pour garantir dans l'espace la suprématie américaine.