Être innovant et audacieux sur le plan européen, ce n'est pas faire abstraction de ce problème de fond ; c'est proposer que ces milliards soient orientés et contrôlés, qu'ils servent à la création d'emplois stables, qu'ils aident au soutien d'un secteur industriel relocalisé et, prenant le virage de la transition écologique, qu'ils servent aussi au développement de grands services publics du XXIe siècle.
Je voulais terminer cette brève exégèse de l'ambition européenne de l'Élysée par un retour sur l'agriculture, mais le temps me manque. Pour établir la « souveraineté alimentaire », remisée au placard depuis tant d'années au profit du mythe libéral de la « compétitivité », pour « favoriser la grande transition agricole européenne », il faut avoir le courage de mettre un coup d'arrêt aux accords de libre-échange, qui se soucient bien peu du principe de souveraineté alimentaire ! Je parle bien sûr du CETA, des négociations avec le MERCOSUR ou avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande, que le président Juncker, lui, mène déjà au pas de charge !
Mes chers collègues, parlons plus d'Europe, allons au fond des choses, ne cachons rien ! Surtout, changeons l'Europe néolibérale qui se détruit elle-même ! Rendons-la à la souveraineté populaire, exigeons des actes forts en rupture avec les politiques menées depuis trente ans. Faisons en sorte qu'elle ne soit plus une simple constellation d'or sur un drapeau qui se mêle désormais aux plis des drapeaux de chacun des peuples qui la constituent !