Madame la ministre, notre groupe souscrit pleinement à votre énoncé de politique générale européenne et plus globalement à celle du Gouvernement.
Réfléchir à notre avenir social et économique ne doit pas uniquement s'inscrire dans une dynamique nationale. Une vision européenne est indispensable. Face à la mondialisation et à la concurrence des autres pays, comment protéger nos concitoyens si nous nous fermons à l'Europe ? N'avons-nous pas une responsabilité pour construire sa protection et son avenir ?
Longtemps, on s'est laissé aller à présenter l'Europe comme la cause des difficultés de compétitivité que rencontrent notre économie et notre marché du travail. Or, à ne pas oser promouvoir les avancées de la construction européenne, nous avons laissé s'inscrire dans l'esprit collectif des peurs sur lesquelles jouent aujourd'hui les eurosceptiques de tous bords.
L'Union européenne a été bâtie sur la volonté commune de pays prêts à travailler de concert non seulement pour la paix, mais aussi pour une réussite sociale et économique commune. Là où le charbon et l'acier liaient les fondateurs de l'Europe, une multitude de secteurs d'activité traversent nos pays de part en part : du primaire au tertiaire, nous évoluons en Europe et l'Europe évolue avec nous.
Par nos valeurs communes, nous portons cet héritage dans nos pratiques économiques, sociales et financières. Aujourd'hui, il est essentiel de soutenir ces idées par une réglementation harmonisée.
Nos pratiques économiques ont évolué depuis le 18 avril 1951. Si nous voulons continuer de faire de l'Europe un acteur majeur d'une mondialisation globale, il est nécessaire de nous armer du droit pour renforcer la protection de tous les travailleurs de l'Union. Protéger et faciliter sont les fers de lance des négociations européennes sur le travail. Aussi, nous soutenons la régulation des durées de détachement et encourageons la création d'une agence européenne qui facilite le contrôle du travail détaché.
L'Europe des peuples n'est pas uniquement économique ou financière. L'Europe, c'est l'adhésion à une union protectrice, solidaire : celle qui parle du quotidien, des conditions de travail, des moyens de lutter contre la pauvreté. Les salariés détachés qui travaillent en France doivent bénéficier des mêmes conditions d'emplois que les travailleurs français, notamment de la même rémunération globale. Nous y tenons !
Ce n'est pas seulement la France que nous protégeons. Ce sont tous les citoyens européens qui traversent les frontières chaque jour pour accomplir leur travail et qui sont les premières victimes des dérives potentielles.
Aujourd'hui, avec ce nouveau projet voulu par le Président de la République et son gouvernement, nous pouvons modifier le regard et les comportements pour ancrer dans l'esprit des citoyens que l'Europe se fait non pas sans eux, mais avec eux.
Chaque jour, par exemple, plus de 90 000 Lorrains passent la frontière du Luxembourg, de la Belgique ou de l'Allemagne. C'est une dynamique européenne du travail et il nous faut l'accompagner.