Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du mardi 27 novembre 2018 à 9h30
Questions orales sans débat — Pédopsychiatrie en région havraise

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Madame la secrétaire d'État auprès de la ministre des solidarités et de la santé, vous avez dit qu'il fallait encourager la prise en charge de proximité, et qu'on ne pouvait plus tout concentrer à l'hôpital, y compris l'obtention d'une simple ordonnance. Mais au Havre, on fait tout le contraire, comme le montre la réorganisation du centre médico-psychologique – CMP – Charcot.

Placé sur un bassin de vie de 250 000 habitants, ce CMP organisait ses consultations à travers un réseau de sept antennes de proximité, qui proposaient entre autres des consultations de psychiatrie, psychomotricité et orthophonie au coeur des communes et des quartiers. Cette organisation répondait directement aux besoins des enfants, dont les familles, pour certaines, ne peuvent se déplacer à l'hôpital du Havre.

Malheureusement, depuis 2015, la direction du groupement hospitalier du Havre, avec l'aval de l'Agence régionale de santé – ARS – , procède à la fermeture de ces antennes. Deux vont encore fermer leurs portes ce mois-ci. On rationalise nous dit-on. Alors, plutôt que d'aller vers les enfants, ce sont à eux d'aller à l'hôpital pour bénéficier de soins.

Ce renversement de la logique, dont les conséquences sont désastreuses, contribue largement au sentiment de recul de l'État dans des quartiers qui ont pourtant besoin de lui. Cinq ans après la fermeture de la première antenne à Gonfreville-l'Orcher, dont j'étais maire, parmi l'ensemble des enfants détectés comme devant bénéficier d'un suivi au CMP, seul un sur deux s'y rend. Et ceux qui y vont doivent attendre six mois à un an avant d'obtenir une consultation, autant dire une éternité pour des enfants dont les difficultés doivent être traitées au plus vite !

Je vous laisse imaginer la frustration, l'incompréhension, la colère même des parents. Alors que les équipes de réussite éducative sont parvenues à les convaincre d'engager un suivi, ils se retrouvent à patienter une année avant de devoir accompagner leur enfant dans un CMP qui se situe désormais à plus d'une demi-heure de bus de chez eux.

Lorsque les antennes de proximité existaient, un élève pouvait se rendre à l'antenne du CMP sur une heure de classe, ce qui facilitait grandement la prise en charge. Aujourd'hui, avec l'éloignement, la moindre consultation bloque une demi-journée voire une journée complète de classe pour l'enfant. Il n'est pas sûr que cela soit de nature à lutter contre ses difficultés.

On nous dit localement que les psychiatres ne veulent plus se déplacer, mais pourquoi ne pas laisser le reste de l'équipe à proximité et réserver les déplacements de l'enfant vers le praticien aux seuls cas où c'est nécessaire ?

Pourquoi ne pas vouloir entendre les propositions alternatives, faites dans l'intérêt des enfants ? Le Gouvernement est-il prêt à les mettre en oeuvre dès maintenant, au nom de la proximité ?

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