Merci, madame la députée, pour votre question sur un sujet que vous connaissez bien pour avoir été vous-même élue locale et maire d'une commune. À ce propos, je ne suis pas certain que l'on puisse parler de petite commune. Il existe des communes de petite taille, mais toutes les communes doivent être mises sur un pied d'égalité. Je pense que vous partagez mon avis.
Vous évoquez la question de la commune comme cellule de base de notre démocratie. En aucun cas le Gouvernement ne remet en cause ce postulat. Le Président de la République l'a rappelé le 22 novembre devant les maires de France : « Nous avons en partage la République ». Il a ainsi évoqué le rôle primordial que jouent les maires et les conseillers municipaux sur le terrain.
Vous insistez sur la nécessité de prendre en compte le nombre de démissions des maires ou la volonté qu'ont certains de le faire : c'est évidemment un signal qui doit alerter le Gouvernement. Je voudrais toutefois relativiser les chiffres que vous indiquez, sans minimiser leur importance.
Il est vrai que le nombre de démissions entre le mandat précédent et celui-ci a augmenté. Mais nous pouvons l'expliquer de manière mécanique. D'abord, la création des communes nouvelles depuis 2014, environ 700 à ce stade, provoque par nature la disparition de nombreux maires. Elle s'ajoute à la fin du cumul des mandats parlementaires pour expliquer quelque 1 890 cessations de fonction. Ensuite, le nombre de décès a, hélas, augmenté ce qui, de facto, rehausse le chiffre des démissions, même si les causes n'ont rien à voir. Enfin, certaines démissions procèdent de raisons personnelles et de raisons politiques internes au conseil municipal. Nous devrons d'ailleurs étudier les effets du niveau du seuil à partir duquel il faut construire une liste municipale à scrutin proportionnel, et en tirer d'éventuelles conséquences : il faudra procéder à des évaluations.
Finalement, les démissions exprimant le « blues » des élus locaux restent très minoritaires, même s'il ne faut pas sous-estimer ce sentiment qui a été exprimé au congrès des maires. Le Gouvernement entend pleinement répondre aux préoccupations des élus locaux dont vous vous faites l'écho, en s'appuyant notamment sur les travaux de très haute qualité conduits par la délégation aux collectivités territoriales du Sénat.
Des pistes d'amélioration des conditions d'exercice du mandat devront ainsi être explorées en ce qui concerne le régime social des élus locaux, qui devra être clarifié, complété et adapté. Les conditions de la conciliation entre mandat et vie professionnelle ainsi que la question de la formation des élus peuvent également être améliorées pour s'adapter au nouveau profil des élus locaux. La question du régime indemnitaire devra être examinée dans ce cadre.
J'entends aussi la préoccupation des maires autour de l'évolution de l'intercommunalité. Le Président l'a aussi rappelé dans son discours, en ouvrant la voie à des mesures d'adaptation pour rendre le dispositif plus clair et lisible au sein des territoires. Le Gouvernement est convaincu que les élus ont besoin de stabilité : des ajustements en matière de gouvernance et d'ingénierie doivent pouvoir être trouvés.
Le Gouvernement lancera, dans le cadre de la conférence nationale des territoires, un groupe de travail sur le sujet de l'intercommunalité, qui est sans doute au coeur des difficultés que rencontrent les communes.