Ma question s'adresse à Marlène Schiappa.
Les portraits ensanglantés et les corps couverts de bleus qui envahissent chaque semaine les réseaux sociaux en témoignent, l'homophobie et la transphobie continuent, en 2018, de gangrener notre société.
Ces quarante-neuf faces tuméfiées sont le visage d'une haine ordinaire qui ne supporte pas que nos concitoyens transsexuels ou homosexuels puissent avoir droit de cité dans l'espace public et y être visibles.
Se tenir la main, s'embrasser, vivre son identité de genre au grand jour, reste, hélas, hors de portée du quotidien de beaucoup, sauf à ce qu'ils s'exposent à un déferlement de violences.
Le placard ou la mort : tel est le dilemme que nos compatriotes vivant dans certains territoires de la République, où le prix du tabou étouffe la parole des victimes, doivent affronter.
C'est le cas en outre-mer, comme nous avons pu, avec Laurence Vanceunebrock-Mialon et Gabriel Serville, le mettre en évidence dans un rapport – le premier sur ce thème – publié par la Délégation aux outre-mer au mois de juin dernier.
C'est le cas, aussi, en banlieue, comme est venue si cruellement le rappeler l'agression de Lyes Alouane il y a quelques jours.
Mais la haine sévit partout en France. Les chiffres sont implacables : on recense une agression toutes les trente-trois heures, et le ministère de l'intérieur fait état d'une hausse de 15 % des actes LGBTphobes.
Que ces chiffres traduisent une augmentation sensible des agressions ou l'émergence de nouveaux phénomènes MeToo, il appartient à l'État d'accompagner cette libération de la parole. Aujourd'hui en effet, seules 4 % des victimes se déplacent pour déposer plainte.
Pendant longtemps, l'action de l'État a reposé sur la résilience des associations chargées de panser les plaies des victimes. Ces associations, vous les avez, madame la secrétaire d'État, rencontrées à deux reprises, et je m'en félicite.
Il y a trois semaines, dans les locaux de SOS Homophobie, vous avez rappelé le droit existant et la mise en place de référents LGBT dans les commissariats de police.
Jeudi dernier, vous réunissiez à nouveau ces mêmes associations aux côtés du Président de la République en vue de coconstruire un plan national de lutte contre l'homophobie et la transphobie.
Aussi, madame la secrétaire d'État, pourriez-vous nous présenter les mesures détaillées de ce plan qui témoigne d'une mobilisation inédite des pouvoirs publics et du Gouvernement face à la recrudescence des violences LGBTphobes ?