Intervention de Gilles Bloch

Réunion du mercredi 21 novembre 2018 à 9h40
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Gilles Bloch :

Mon attachement à la recherche fondamentale n'est pas une posture. Certes, la distinction entre recherche fondamentale et recherche appliquée existe. Mais, quand on travaille sur la fonction des acides ribonucléiques (ARN) non codants, qui représentent 97 % du génome humain, on sait que, dans dix ans, de nouvelles thérapeutiques seront sans doute issues de ces travaux et qu'ils auront, à coup sûr, des retombées médicales. Je crois essentiel de pouvoir, dans un laboratoire, se poser des questions de fond, indépendamment des applications à court terme. À l'INSERM, il faut aussi des sujets relevant plus de la recherche appliquée, mais ce sont, pour moi, les deux jambes qui permettent à la recherche de marcher, de faire de la « bonne science ».

Cela étant, je n'opposerai pas forcément la recherche fondamentale au fonctionnement par appels à projets. Vous savez, compte tenu de mon passé, que j'ai quelque affection pour l'ANR, que j'ai mise en place. Bien gérés, les appels à projets peuvent aussi être un stimulant pour la recherche fondamentale, car ils obligent les chercheurs à se poser des questions en amont, peut-être aussi à mieux s'organiser.

Bien sûr, l'INSERM a un rôle en matière de collecte des données médicales, qu'il assume dans le cadre du système national des données de santé (SNDS). Je ne suis pas encore bien au fait de la question des athlètes de haut niveau et de l'IRMES, mais l'INSERM aura la responsabilité de l'agrégation des données médicales dans tous les domaines de la recherche pour les mettre à la disposition des communautés.

Dès le milieu des années 2000 nous faisions déjà, à la direction générale de la recherche et de l'innovation (DGRI), des rapports sur le mandataire unique et la délégation globale de gestion. C'est frappé au coin du bon sens, mais la mise en oeuvre se heurte à des réticences, du fait de querelles locales de territoires et de freins psychologiques chez un certain nombre de directeurs d'unité. Sur le terrain, nous constatons cependant des progrès au niveau de l'INSERM, avec les partenaires universitaires et les autres organismes. Il faut travailler sur le long terme. Dans cinq ou dix ans, selon moi, ce sera devenu une évidence : il faut simplifier cette gestion qui nous ralentit en matière de valorisation et qui rend le paysage illisible en ce qui concerne la gestion à plusieurs partenaires. Une certaine pression du Gouvernement s'exerce pour que l'on aille vers ce système d'information de laboratoire – les détails de la mise en oeuvre ne sont pas encore totalement définis mais il y a déjà, je crois, les fondamentaux.

J'ai évoqué l'AVIESAN dans ma présentation puisque j'ai parlé de la réflexion sur la bioproduction. Il faut absolument continuer à utiliser cet outil, qui a été très utile pour porter un certain nombre de sujets au niveau européen, par exemple dans le domaine des maladies infectieuses. Il doit par exemple être utilisé pour le lobbying en direction de l'Union européenne. La raison d'être de l'ancêtre de l'AVIESAN, qu'on appelait la réunion inter-organismes, il y a quinze ans, était de gérer en commun les personnels sur un certain nombre de plateformes. Je crois qu'il faut absolument le faire vivre. Quant à la présidence de l'AVIESAN, à titre personnel, j'aurais tendance à rappeler que certaines choses sont écrites dans le décret de l'INSERM et que des raisons historiques et de leadership justifient que l'INSERM en assume la présidence, mais nous pourrons en reparler au cours des prochains mois.

Pardonnez-moi, monsieur Berta, si je n'ai pas cité tous les plans, mais le plan « maladies rares » est important et sera poursuivi. J'ai vu que des moyens en gestion seraient alloués pour le renforcer. Il y a aussi cet énorme plan « Médecine France génomique 2025 », dont le déploiement commence tout juste. Bien évidemment, il faut que l'INSERM y mette toute son énergie. Je n'ai pas beaucoup parlé de ce sujet, mais, bien évidemment, pour un certain nombre de pathologies, l'accès au génome de chaque patient permettra des ruptures considérables ; il faut mener ce plan à terme.

J'ai déjà un peu parlé de l'articulation entre recherche fondamentale et recherche appliquée. Pour moi, ce sont vraiment les deux faces d'une même pièce : il n'y a pas, d'un côté, des chercheurs fondamentaux et, de l'autre, des chercheurs appliqués, il y a de très bons chercheurs qui, de temps en temps, appliquent leurs découvertes fondamentales. L'INSERM a su, au fil des décennies, garder un positionnement équilibré entre ces deux versants.

Je pourrais longuement évoquer l'université Paris-Saclay, mais je serai bref. Les enjeux de transport nous ont beaucoup mobilisés depuis un an, et c'est un sujet que je continuerai à défendre, même sous ma casquette INSERM, dans la construction de cette université. J'ai l'impression que l'idée de stopper le projet de ligne 18 est totalement abandonnée. Le Gouvernement a réaffirmé le calendrier et nous avons encore eu, la semaine dernière, une réunion très détaillée avec le préfet de région et avec les élus du territoire. Cela montre vraiment que les choses se mettent en place avec un calendrier technique pour le premier tronçon qui permettrait une arrivée dès 2026. Les personnes qui, à la Société du Grand Paris (SGP), travaillent sur la question sont vraiment dans le concret. Nous attendons donc – nous l'avons redit au préfet – un geste politique sur le terrain, montrant qu'un tunnelier ou une gare sont mis en chantier, mais, pour ma part, je réaffirme quasi quotidiennement qu'il est essentiel que les transports capacitaires arrivent sur le plateau. Cela étant, en ce qui concerne l'engagement de l'État, et par rapport à la situation d'il y a un an, je suis relativement rassuré.

Je ne commenterai pas les rebondissements autour du processus de nomination du président de l'INSERM, car je suis trop concerné personnellement. Peut-être avez-vous constaté que je n'avais pas été candidat au premier tour. Quand quelqu'un est en place, il y a toujours des choses que l'on considère comme acquises. Je m'arrêterai là sur ce point.

J'ai relativement peu parlé de la coopération internationale car il va de soi, pour moi, que l'INSERM s'inscrit dans un paysage international. J'ai simplement mentionné le fait que beaucoup de grandes avancées scientifiques se font maintenant dans le cadre de consortiums internationaux, auxquels participent bien sûr nos amis allemands – par exemple, en matière de recherche sur le cancer, nous travaillons énormément avec eux. Il faudra poursuivre et consolider cela au cours des prochaines années.

On m'a interrogé sur la culture scientifique et technique, et il est vrai que je n'en ai pas parlé. L'INSERM est déjà bien engagé, par des publications destinées au grand public et son investissement dans différents événements. Je n'en ai pas fait un chapitre de ma lettre de candidature mais je suis vraiment prêt à y travailler au cours des prochains mois. Je suis persuadé que c'est le plus tôt possible qu'il faut s'attaquer au sujet et jouer un rôle de médiateur, non pas au niveau du baccalauréat ou des études supérieures, mais auparavant au niveau primaire et secondaire. Dans les musées et les expositions, l'INSERM doit être un partenaire qui apporte des contenus et des bases scientifiques. Sans alourdir outre mesure la charge de travail de nos collègues, déjà sollicités sur de nombreux fronts – j'ai évoqué le sujet de la formation, qui me tient à coeur –, il faut s'interroger sur les modalités de notre contribution au contact des plus jeunes. C'est vraiment à ce niveau, lorsque les esprits se forment, que l'on peut préparer l'avenir et faire disparaître un certain nombre de représentations erronées, qu'il s'agisse des vaccins ou d'autres sujets.

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