Votre préoccupation rejoint la priorité donnée à des programmes nationaux que j'ai mentionnés. Nous sommes confrontés à des expositions multifactorielles ; j'ai travaillé plusieurs années au CEA sur l'exposition aux faibles doses de radiations et autres risques stochastiques. Il y a quinze ou vingt ans, nous étions quelque peu désarmés devant ces impacts multiples dus aux polluants chimiques et ayant pour conséquence des stress physiques et parfois psychiques. Aujourd'hui, un programme européen portant sur ce domaine est financé ; nous construisons des outils d'observation de cohortes de volontaires afin de caractériser l'exposition multifactorielle des populations. Les données doivent être colligées à grande échelle afin de pouvoir les exploiter de façon suffisamment puissante.
Par ailleurs, l'évolution de l'intelligence artificielle met à notre disposition des outils comme le deep learning ainsi que d'autres méthodes en cours de développement au sein des laboratoires informatiques et de mathématiques appliquées. Nous commençons à disposer d'outils susceptibles d'isoler, au sein de ces données extrêmement riches et parfois parcellaires, des relations de causalité et des hypothèses mécanistiques qu'un cerveau humain n'est pas capable de discerner.
De par la constitution de bases de données ciblées sur l'exposition individuelle, grâce au développement d'outils spécifiques, nous sommes à l'aube d'avancées majeures dans le domaine complexe de la toxicologie.