Monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, les samedis 24 novembre et 1er décembre derniers, les policiers et les gendarmes, mobilisés pour assurer le maintien de l'ordre, ont dû faire face à une violence inédite depuis des décennies. Le groupe Les Républicains condamne avec force ces violences et rend hommage au professionnalisme et au courage des hommes et des femmes qui y ont été confrontés dans le cadre de leur mission. Néanmoins, monsieur le ministre, nous voulons aussi dire solennellement ce soir que cette situation traduit un échec de la stratégie du maintien de l'ordre que vous avez mise en oeuvre. Vous avez parlé de stratégie et c'en est une en effet, puisqu'il y a des moyens et des pratiques pour maintenir l'ordre et pour contenir, si ce n'est éviter les violences.
Ce qui s'est passé samedi dernier à l'Arc de Triomphe, symbole éminent de notre République, traduit votre échec, ce qui me conduit à vous interroger sur l'affectation des moyens que vous avez choisis. Pour la première fois, vous avez en effet décidé de mettre en place des périmètres de protection ou d'exclusion beaucoup plus larges qu'à l'ordinaire, ce qui vous a conduit à déployer des forces considérables afin de protéger ces périmètres et d'effectuer des filtrages – mission qui, vous en convenez, est très différente de celle du maintien de l'ordre proprement dit. À croire certains syndicats, alors que le préfet de police avait à sa disposition 3 000 hommes et femmes des forces mobiles – CRS et gendarmes mobiles –, il semble que 2 500 de ces forces mobiles aient été utilisées de façon statique pour faire du filtrage, plutôt que d'être employés à suivre les évolutions des manifestants : ainsi, 500 hommes ont dû contenir à eux seuls les violences qui se sont exercées autour de ces périmètres interdits d'accès, inhabituellement larges.
Monsieur le ministre, avez-vous ce soir le sentiment d'un échec de la stratégie de maintien de l'ordre que vous avez déployée ?