Je m'associerai en partie à ce que vient de dire mon collègue Stéphane Peu. La formule que nous avons employée – il n'y a pas d'ordre public sans justice sociale – se réalise sous nos yeux : le sentiment d'injustice sociale traduit un désordre public. Oui, les gens surgissent ainsi, sur la scène publique, dans l'espace public, sans organisation, parce qu'ils sont pris aux tripes et qu'ils ont envie de défendre une revendication qui leur semble juste et légitime. Et cela, on ne sait pas le gérer, en tout cas pas avec des moyens d'ordre public. En réalité, si les choses se poursuivent, et vous le savez, monsieur le ministre, aucun dispositif policier ne sera capable de les contenir et l'on ira de débordements en débordements.
Comme tout le monde ici, j'estime que les policiers doivent avoir notre soutien dans cette épreuve très compliquée. Mais nous devons aussi penser aux manifestants qui se retrouvent à respirer du gaz lacrymogène, à cette personne âgée décédée à Marseille après avoir reçu une grenade lacrymogène. Ces personnes sont parfois les oubliées de vos grands discours.
Il faut arrêter de mettre de l'huile sur le feu, ce qui concourt à radicaliser le processus. Lorsque des lycéens, qui manifestent plutôt pacifiquement, se font gazer comme ce matin, il n'est pas étonnant qu'ils reviennent encore plus mécontents. Vous avez commencé par dire qu'une manifestation sur les Champs-Élysées était hors de question ; mais on sait très bien que les gens se ficheront d'une interdiction… Puis quelques jours après, vous avez offert une porte de sortie en expliquant que l'on pourrait se réunir au Champ-de-Mars. Ce n'était pas le bon signal ; le signal de fermeté n'est pas entendu et, du coup, n'est pas respecté.
J'ai une question concrète à vous poser : va-t-on continuer d'utiliser ces grenades, qui ont déjà arraché trois mains, dont celle d'un policier à La Réunion ? Il va falloir, à un moment donné, en finir avec ce type de matériel !