Monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, Paris a été livré à des hordes de sauvages. Si les gilets jaunes qui portent évidemment une colère légitime ont le droit de manifester, la République a été défigurée à l'instar de cette statue de Marianne au musée de l'Arc de Triomphe, éborgnée exactement là où deux semaines plus tôt, le monde s'était rassemblé pour célébrer le centenaire de l'Armistice. Quand les commandos s'en prennent à des lieux aussi symboliques de notre histoire, à ces lieux de mémoire, quand la propriété est violée, des magasins pillés, il n'est pas excessif de parler d'attentats et de menaces contre l'État de droit et la démocratie.
Les Français sont très inquiets. Ils ont vu parfois leur police reculer face à des fauteurs de troubles qui n'ont de respect pour rien ni personne, des individus issus de l'extrême gauche, des identitaires, des mouvements Dieudonné-Soral, etc. Ces images ont fait le tour du monde, et l'effet a été désastreux à l'étranger, où le trouble est considérable : des journalistes nous ont demandé si on était en mai 1968, si l'Assemblée allait être dissoute et si le Président allait démissionner !
Monsieur le ministre, il ne s'agit pas simplement d'une erreur de communication. Il y a eu aussi un certain dysfonctionnement dans les doctrines d'intervention et d'anticipation. Paris, ce n'est pas simplement les Champs-Élysées : il y a onze avenues autour. L'heure est évidemment à l'unité nationale, mais il nous faut dresser un bilan lucide de notre politique de sécurité.
À mon tour, je rends hommage aux forces de l'ordre. Mais comment expliquer de tels débordements, avec un dispositif de 5 000 policiers, CRS et gendarmes ? Insultées, défiées, tabassées, épuisées, nos forces de l'ordre sont aujourd'hui à bout. Le constat est sévère : des forces de l'ordre ont été déplacées mais manifestement, elles n'ont pas pu être partout ; le travail de renseignement en amont, on l'a dit tout à l'heure, s'est avéré insuffisant, en particulier sur les réseaux sociaux.
Les consignes d'intervention étaient-elles les bonnes ? Ne faudrait-il pas revoir certaines doctrines et repenser le dispositif, comme on l'avait fait à la suite des attentats terroristes ? Face au déchaînement d'une violence aussi extrême, il faut en finir avec l'impuissance !