Monsieur Gauvain, j'ai dit qu'en matière de moyens juridiques, je n'avais aucun tabou. Je le confirme : tout ce qui, dans le cadre du droit dont vous êtes les acteurs, permet de lutter contre le risque que courraient nos concitoyens doit être utilisé. Mais le fait de ne pas avoir de tabou ne veut pas dire que j'aie une préférence ; à l'heure qu'il est, je ne considère pas que l'état d'urgence serait un outil propre à renforcer suffisamment nos moyens d'intervention. Nous sommes en train d'analyser la question, à la fois sur le plan juridique et sur le plan de l'efficacité. Je n'exclus rien au moment où je vous parle, mais cela ne préjuge pas de ce que je compte mettre en oeuvre.
Faut-il interdire les manifestations ? Il faut évidemment s'interroger sur l'efficacité d'une telle mesure. Mais je tiens à vous dire que de toutes les façons, les manifestations, telles qu'elles se sont déroulées samedi dernier à Paris comme dans de nombreux endroits en France, étaient de fait interdites. Juridiquement, il s'agissait de ce que l'on appelle un « attroupement » ; quand un attroupement a pour vocation de casser, de blesser, de piller, cela devient un acte par nature interdit. Dans ces cas-là, il faut avoir les moyens de procéder à des interpellations, et on tente de se donner ces moyens-là avec les forces à notre disposition.
Cela me permet de rebondir sur les propos de Mme Obono. Madame la députée, vous avez évoqué un usage clairement disproportionné de la force. Je partage votre avis. Mais sûrement pas du même côté !