Intervention de Christophe Castaner

Réunion du lundi 3 décembre 2018 à 20h05
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur :

Monsieur Diard, l'Arc de triomphe était protégé par deux forces. Cela constitue une protection puissante, assurée par des femmes et des hommes qui savent en plus ce que représente symboliquement le fait de devoir reculer. Comme je l'ai dit, je ne reprocherai jamais aux femmes et aux hommes qui ont reculé de l'avoir fait, parce qu'il y allait de leur vie. Mais il est évident que l'Arc de triomphe doit être protégé.

On peut se demander pourquoi on n'a pas intégré l'Étoile dans le périmètre de la « fan zone ». J'ai rencontré tout à l'heure des maires d'arrondissement qui m'ont proposé d'y rajouter le seizième et le dix-septième. Cela amènerait à un niveau de protection impliquant un nombre de forces supérieur à celles disponibles en France ! Il faut avoir en tête que l'Étoile est constituée de douze avenues qui débouchent sur le plateau. Ainsi, tenir le plateau, c'est mobiliser douze forces, et de façon statique.

Nous avons eu cet échange tout à l'heure. Même si rien n'est arrêté à l'heure qu'il est, cela fait partie des sujets sur lesquels nous évoluerons. Le statique a ses limites. Certains voulaient s'en prendre à un symbole. Mais il y a d'autres symboles à Paris, que je ne désignerai pas pour ne pas donner d'idées. Et les symboles de la République et de notre histoire sont tellement nombreux – comme l'Assemblée nationale, le Sénat et bien d'autres – que ces manifestants auraient déplacé leur attaque.

Certains pensent que le choix des Champs-Élysées est lié à la présence de l'Élysée. Mais celles et ceux qui appellent à nouveau à la mobilisation pour venir casser à Paris samedi prochain suggèrent des lieux qui en sont très éloignés – c'est ce qui circule aujourd'hui sur les réseaux sociaux. De toutes les façons, ils auraient cherché d'autres lieux symboliques qui auraient atteint notre République. Mais bien évidemment, monsieur Diard, je partage votre émotion s'agissant de l'Arc de Triomphe.

Enfin, s'agissant du groupement blindé de gendarmerie mobile de Versailles-Satory, le directeur général de la gendarmerie nationale pourra compléter mon propos.

De la même façon, madame Untermaier, je laisserai le secrétaire d'État, Laurent Nunez, évoquer le suivi judiciaire et le cadre légal, d'autant que c'est lui qui représentait le Gouvernement lors du premier examen de la proposition de loi présentée par le sénateur Retailleau.

Je vous ai donné l'effectif de nos forces mobiles. Je vous communiquerai celui de l'ensemble des forces de police et de gendarmerie qui ont été déployées dans toute la France, sachant que toutes n'ont pas la même fonction et que certaines n'ont pas l'habitude de l'ordre public ; malgré cela, elles ont permis de sauver la sous-préfecture de Narbonne et la préfecture du Puy-en-Velay. Ces femmes et ces hommes ont su faire face, bien qu'ils n'avaient pas été formés à ce niveau de gravité et de violence.

Je peux d'ores et déjà vous indiquer que nous avons mobilisé jusqu'à 67 000 femmes et hommes – 75 000 en comptant tous les personnels administratifs complémentaires. Et je le répète, la fragilité de notre système est liée à cet épuisement dont nous avons parlé.

Monsieur Meyer Habib, faut-il revoir les doctrines d'intervention ? Oui, dans la mesure où il faut les adapter en permanence. Mais aussi parce que, face à ces nouvelles formes de violence, et je ne parle pas forcément du process désorganisé que j'évoquais dans mon propos liminaire, il faut que nous puissions disposer de moyens différents. Je l'ai dit pour le renseignement comme je le dis pour le maintien de l'ordre public : cela fait partie des chantiers que nous souhaitons ouvrir dans la mesure où nos doctrines ne sont plus adaptées à la réalité des violences dont on fait l'objet.

Madame Jacquier-Laforge, vous avez évoqué l'équipement des agresseurs. C'est ce qui explique qu'ils ne soient pas venus sur les Champs-Élysées : ils étaient là pour en découdre avec leurs formes d'armes et de protection, et c'est précisément pour cela qu'ils n'ont pas voulu passer les contrôles de sacs et se soumettre à la fouille.

Je crois avoir répondu à toutes les questions et je laisserai le soin à Laurent Nunez et à M. le directeur général de la gendarmerie nationale d'apporter les précisions qui s'imposent.

Nous allons faire évoluer notre dispositif par une mobilisation exceptionnelle de nos forces sur Paris, mais aussi en province. N'oublions jamais que la province a aussi été attaquée en de nombreux endroits, là où ce n'était pas du tout l'habitude. Nous allons travailler sur la mobilité et nous donner les moyens d'être beaucoup plus mobiles pour intervenir partout dans Paris. On peut craindre demain que ne se multiplient les lieux d'affrontement, comme ce fut déjà le cas la semaine dernière.

Mme Obono a évoqué la manifestation pacifique qui s'est déroulée la semaine dernière. J'ai pour ma part en tête la manifestation très pacifique, bien organisée, qui a eu lieu la semaine précédente à Paris, et qui a réuni sans difficulté 12 000 personnes contre les violences faites aux femmes. Au même moment, à Lyon, pendant que 200 gilets jaunes manifestaient, 6 000 personnes défilaient là encore contre les violences faites aux femmes, et cela s'est très bien passé.

Malgré tout, samedi dernier, un cortège d'environ 5 000 personnes plutôt pacifiques a été rejoint par des casseurs qui se sont ensuite dispersés sur trois sites différents, ce qui a rendu difficile l'intervention de nos forces qui l'accompagnaient. Ce cortège s'est écarté, s'est réparti de façon organisée sur trois sites et des attaques se sont alors produites sur d'autres lieux que ceux dont on parle autour de l'Étoile ou sur les Champs-Élysées.

La dernière question de Mme Obono portait sur le maintien de la Marche mondiale pour le climat. Pour tout vous dire, dans mon schéma idéal, les organisateurs seraient bien inspirés de ne pas maintenir cette manifestation – je les y invite d'ailleurs. Mais s'ils la maintiennent, nous discuterons avec eux pour la sécuriser.

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