De très nombreux procureurs refusent d'engager des poursuites parce que les montants sont trop faibles, les affaires trop nombreuses et, finalement, lorsque l'on commence à gratter, trop complexes. C'est donc bien au sein des territoires, au plus près des citoyens, que nous avons besoin de spécialisation, et pas seulement pour la grande délinquance financière en col blanc. J'aurais d'ailleurs, là aussi, beaucoup à dire : si la vitrine est sympathique, l'arrière-boutique est étique, en tout cas en termes de moyens humains, que ce soit au PNF ou dans les offices centraux de la police judiciaire chargés de cette lutte – ce ne sont d'ailleurs pas les seuls puisqu'il y a également les douanes et quantité d'autres acteurs, ce qui constitue peut-être aussi un problème.
Nous proposons donc qu'en matière de délinquance financière, mais aussi d'infractions pénales au code du travail et d'infractions environnementales, il soit possible de bénéficier d'une justice de proximité spécialisée afin de donner un signal clair quant à la direction que nous voulons donner à notre politique pénale. Il s'agit aussi d'insister sur cette délinquance-là, trop peu souvent punie et parfois même jamais.
J'ajoute que cela joue un rôle dans le sentiment du « deux poids deux mesures » dans notre République. Il n'est pas possible que ce soit toujours les mêmes qui se retrouvent sur le banc des accusés : certains manquent cruellement à l'appel et ils mériteraient d'y être. C'est pourquoi nous proposons le renforcement de ces juridictions.
Enfin, nous faisons cette proposition à titre expérimental de manière à ce que vous puissiez faire des évaluations, à la différence, peut-être, de ce qui s'est passé pour l'ISF…