Nous avons bien compris que nous n'avions pas à nous prononcer sur la « faisabilité » de cette commission d'enquête.
Les membres du groupe Libertés et Territoires déplorent effectivement toutes les violences commises au cours de ces dernières semaines, mais ce n'est pas un phénomène inédit. Un certain Ravachol, je vous le rappelle, avait lancé une bombe dans l'hémicycle à la fin du XIXe siècle. Cette réalité est malheureusement assez récurrente dans nos sociétés.
J'aimerais attirer votre attention sur une dérive que je sens à l'oeuvre dans notre société. Chaque fois que des faits sont commis, ils deviennent des symboles, cela passe à la télévision et, finalement, on fait une commission d'enquête, on adopte une loi, sans forcément voir la direction que nous empruntons. Je vois cependant que nous suivons celle d'un affaiblissement des libertés au nom de la sécurité. Ce faisant, nous faisons le lit d'un pouvoir autoritaire qui se servira de tout cela pour mettre en place une dictature.
Ce que nous avons de plus précieux, effectivement, c'est aussi cet espace de liberté. Je ne voudrais pas que nous en arrivions à la criminalisation d'opinions. Ce serait aller bien au-delà de la sécurité que nous devons à nos concitoyens. Malheureusement, nous avons des exemples d'une telle criminalisation en Europe, près de chez nous. En Espagne, être indépendantiste catalan, parfaitement non violent, est réprimé. C'est l'État espagnol qui a utilisé la violence et ce sont un certain nombre de responsables associatifs qui sont incarcérés depuis dix-huit mois, parce qu'ils sont indépendantistes, et qui encourent jusqu'à dix-sept ans de prison.
Une instrumentalisation de ce que nous votons peut donc aboutir tout simplement à une limitation de la liberté. Le cas de la Catalogne est quand même assez emblématique. Un État voisin, que l'on pensait démocratique, se révèle ne pas l'être.