Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du lundi 10 décembre 2018 à 21h30
Préparation au retrait du royaume-uni de l'union européenne — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Les nouvelles relations entre le Royaume-Uni et la France seront établies brutalement en mars prochain, ou négociées durant les prochaines années, jusqu'à la fin de la période de transition, en 2020.

Je ne reviendrai pas sur la pêche, qui est au coeur du débat ; je m'associe pleinement aux questions posées par M. Fasquelle à ce sujet. Même si l'on a rassuré les pêcheurs il y a peu, la question peut revenir très vite sur le devant de la scène.

Je tiens à souligner qu'une partie non négligeable des députés conservateurs pro-Brexit sont des ultralibéraux qui préparent un après-Brexit aussi violent qu'ils le peuvent. L'offensive ultralibérale qui pourrait être menée à nos portes au lendemain du Brexit maintiendrait une pression et susciterait une véritable course au dumping. Le risque, c'est que nous ayons demain un accord de libre-échange très favorable aux grandes entreprises comme l'Europe sait nous en faire, mais avec le Royaume-Uni.

Dès lors, la Commission européenne n'aurait plus à s'embêter à conclure des accords commerciaux et à négocier avec les peuples européens : il lui suffirait de faire en sorte que le Royaume-Uni valide un accord avec un autre pays pour que l'Union européenne en bénéficie. Science-fiction ? Pas tout à fait : cette méthode est déjà employée dans le cadre du CETA, l'accord économique et commercial global entre l'Union européenne et le Canada ; les États-Unis utilisent cet accord pour pénétrer le marché européen. En effet, pour bénéficier de l'accord, il suffit à une entreprise de réaliser un pourcentage donné de son chiffre d'affaires au Canada. Ce pourcentage est évidemment très faible, et toutes les multinationales américaines s'engouffrent dans la brèche.

Pour éviter le pire, la France devra changer radicalement de position à propos des accords de libre-échange négociés par l'Union européenne : alors qu'elle fait preuve actuellement d'une faiblesse insigne en la matière, elle devra désormais commencer à s'y opposer vraiment et fermement.

Les accords avec le Vietnam, le Japon, le Brésil, l'Australie et la Nouvelle-Zélande – et j'en passe – sont tous plus mauvais les uns que les autres : ils sont conçus pour augmenter les bénéfices des plus grandes entreprises mondiales et sont dénués d'intérêt pour les peuples et les petites entreprises. Tout le monde ici devrait prendre l'engagement de lutter contre ces accords de libre-échange de deuxième génération.

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