Il faut être précis. Actuellement, les pêcheurs bretons, qui m'alertent, réalisent 65 % de leurs prises dans les eaux britanniques. Cette réalité de la pêche résulte de l'histoire et de la géographie. S'il n'y a pas d'accord, tout s'arrêtera à la fin mars. Quel sera alors le texte applicable ? La logique voudrait que l'on revienne au cadre juridique d'avant la construction européenne. Ces eaux ont, en quelque sorte, été communautarisées, mais les pêcheurs bretons allaient déjà dans les eaux britanniques avant même le traité de 1532 de l'union de la Bretagne et de la France. Ces droits de pêche relèvent donc d'une tradition très ancienne. Nous souhaitons qu'ils soient respectés et que cet épisode douloureux et pénible soit dépassé, en revenant aux dispositions antérieures à la construction européenne.
Par cet amendement, madame la ministre, nous voulons vous donner un mandat de négociation clair. Nous savons bien que ce dossier ne relève pas que de vous et concerne également l'Europe, mais vous devez partir à Bruxelles avec des idées précises pour y porter auprès de vos interlocuteurs les exigences formulées par votre Parlement.
Si nous n'obtenons pas de réponse sur ce point, les pêcheurs seront complètement désorganisés et plongés dans l'incertitude, vous le comprenez bien. Ce sujet n'est pas à résoudre dans dix ans, mais dans trois mois, dans cent jours. Que se passera-t-il ? Nous vous demandons très explicitement de revenir aux dispositions antérieures à la construction européenne pour les droits de pêche.
Et il ne s'agit pas d'une question uniquement française. Nous ne voudrions pas que ces droits de pêche soient, si j'ose dire, cannibalisés par les pêcheurs espagnols, beaucoup plus puissants que les pêcheurs français – la pêche espagnole, hélas, représente aujourd'hui dix fois la pêche française, l'Espagne ayant soutenu sa pêche quand nous laissions tomber la nôtre, mais cette situation n'est pas récente et ne vous est pas imputable. Quoi qu'il en soit, nous souhaitons que les droits de nos pêcheurs soient protégés, y compris face à leurs concurrents européens.