prononcée par Emmanuel Macron, qui avait déclaré en 2016 au Financial Times que les migrants ne seraient plus à Calais en cas de Brexit – j'ai déjà cité cette phrase dans la discussion générale. En réalité, malgré le Brexit, les migrants seront toujours à Calais ! Or le gouvernement que vous soutenez, chers collègues de la majorité, ne fait rien pour améliorer la situation, qui concerne, outre Calais, Grande-Synthe, Ouistreham et même Dieppe. Dans ces trois dernières villes, c'est même pire : il n'y avait pas de migrants auparavant, et ils sont arrivés depuis l'époque de cette interview du ministre de l'économie de l'époque, devenu Président de la République depuis lors.
Vous allez nous répondre que le traité de Sandhurst a été signé. Le problème, mes chers collègues, est que le nombre de migrants à Calais a augmenté de 30 % depuis Sandhurst. Et la Grande-Bretagne, à coup de dizaines de millions d'euros, continue de financer les barbelés, les barrières, les caméras et les scanners à l'entrée du port et du tunnel, pour que nous demeurions ses gardes-barrières, ses gardes-frontières, bref, tout simplement, que nous continuions à gérer sa politique migratoire.
Madame la ministre, on se demande pourquoi le Gouvernement refuse d'utiliser le levier politique majeur que constitue cette négociation bilatérale avec les Britanniques pour leur transmettre ce message très simple : les migrants présents sur les côtes de la Manche et de la mer du Nord n'ont manifestement pas envie de rester en France, parce qu'ils sont anglophones et ont de la famille en Grande-Bretagne. Ils essaient même parfois de traverser le détroit le plus dangereux du monde sur des rafiots et des canots de fortune, au péril de leur vie. Pourquoi ces migrants, coincés en France à cause de la géographie et de la volonté du gouvernement auquel vous appartenez, ne pourraient-ils pas déposer leur demande d'asile en France et tout au long de leur parcours migratoire ? Actuellement, ils ne peuvent pas demander l'asile pour aller en Grande-Bretagne et sont bloqués en France, alors qu'ils ne veulent pas rester chez nous. Cette situation est parfaitement ubuesque.
Madame la ministre, vous manquez une véritable occasion de saisir l'ampleur du phénomène et vous condamnez Calais, le Calaisis et l'ensemble des régions côtières à jouer le rôle de garde-barrière.