Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du mardi 11 décembre 2018 à 9h30
Questions orales sans débat — Charles-de-gaulle express

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Ma question s'adresse à Mme la ministre auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports. Elle porte, comme celle de mon collègue Stéphane Peu, sur la réalisation du Charles-de-Gaulle Express. Il s'agit là d'un exemple concret de décision pouvant améliorer ou aggraver la situation sociale et écologique.

Les habitants des villes que je représente font partie des 870 000 usagers quotidiens du RER B, ces 870 000 personnes qui vivent les retards, les trains annulés et qui doivent justifier leurs absences auprès de leurs employeurs. J'ai vu des mères pleurer dans un wagon parce que le train étant à l'arrêt, elles n'arriveraient pas à l'heure à la crèche. Ces 870 000 personnes appréhendent matin et soir les longues heures passées dans les transports bondés.

Depuis des années, des collectifs d'habitants et d'élus se battent pour obtenir des moyens supplémentaires afin d'améliorer une situation qui, sincèrement, est devenue invivable. Or qu'apprennent-ils aujourd'hui ? Que l'État a fait le choix d'investir 1,7 milliard d'euros en argent public dans le Charles-de-Gaulle Express, un train qui réduira les temps de trajet pour 17 000 voyageurs aisés, puisqu'il doit relier Paris à l'aéroport Charles-de-Gaulle pour la somme de 24 euros. Votre obsession de la compétitivité et du confort pour les plus riches a pris le pas sur l'amélioration du quotidien pour le grand nombre. Pour reprendre une expression chère aux gilets jaunes, une fois encore, et de façon très concrète, vous avez fait du « d'abord ».

Pendant ce temps-là, les habitants de grande banlieue regardent une fois encore passer le train. La rénovation du RER B et la réalisation des lignes 16 et 17 du supermétro prennent du retard. On attendait l'ouverture de ces lignes pour 2024. Finalement, pas une station ne verra le jour avant les Jeux olympiques. La livraison des lignes a été reportée à 2030. Rien d'étonnant à ce que les habitants continuent de prendre leur voiture pour essayer de sortir de la galère et qu'aux heures de pointe, des bouchons continuent de polluer gravement l'atmosphère et la qualité de notre vie quotidienne.

Madame la secrétaire d'État, il y a urgence – surtout vu le contexte social et la colère qui s'exprime, précisément par rapport à ces enjeux concernant l'égalité sociale et territoriale. L'investissement dans les transports publics ne peut plus attendre. La transition énergétique – dont le Président de la République n'a pas du tout parlé hier – n'aura pas lieu si l'État ne choisit pas de mettre des moyens, à la hauteur des besoins, pour accompagner les personnes et les territoires les plus fragiles dans ce changement nécessaire de mobilité. Le désengorgement des villes du nord-est de la Seine-Saint-Denis est un enjeu d'égalité. Pourriez-vous nous dire qu'elles sont les priorités du Gouvernement pour lutter contre cette inégalité territoriale de mobilité et rendre les transports quotidiens des habitants de la Seine-Saint-Denis tout simplement vivables ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.