Nous n'avons pas fini de sonder les profondeurs de la colère qui vient de s'exprimer. Cette colère est aussi celle des habitants, souvent de condition modeste, qui, de politique libérale en politique libérale, se sentent depuis de longues années abandonnés par la République, méprisés par la République, et même quelquefois insultés par elle – les « sans-dents », ceux qui ne sont rien parce qu'ils ne réussissent pas, les « illettrés », les deplorables, comme disait Hillary Clinton en pleine campagne présidentielle pour stigmatiser une population qui le lui a bien rendu.
Ces habitants constatent année après année que les réformes se suivent et se ressemblent, et qu'elles se traduisent à chaque fois par un recul de la présence des services publics. Les grandes régions ont abouti, je l'ai dit ici, à la régionalisation de l'ARS, du rectorat et de l'inspection académique, à la départementalisation des CAF, des URSSAF et des CPAM, des services qui sont habituellement au chevet des territoires abandonnés, humiliés et méprisés.
Vous avez tenu des propos rassurants, mais la grille de lecture des avocats en grève rassemblés à Dieppe, qui ne sont pour la plupart pas des révolutionnaires, mais qui vont le devenir, …