Intervention de Charles de la Verpillière

Réunion du mercredi 12 décembre 2018 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCharles de la Verpillière, co-rapporteur :

Avant d'entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de rappeler quelques éléments de contexte diplomatique, militaire et industriel.

À l'origine du programme d'armement qui nous occupe aujourd'hui se trouve la coopération de défense entre la France et le Royaume-Uni. Le Royaume-Uni est sans conteste notre partenaire le plus ancien, avec lequel nous partageons aujourd'hui encore les liens les plus forts.

Crevons l'abcès dès à présent : le Brexit, s'il n'est pas sans soulever certaines difficultés, n'est néanmoins pas de nature à remettre en cause les liens qui unissent nos deux pays en matière de défense. Nous en sommes les témoins : de part et d'autre de la Manche, une forte volonté politique existe pour en maintenir la vigueur.

Notre coopération bilatérale en matière de défense a connu un regain d'importance à la faveur des accords de Lancaster House du 2 novembre 2010. Ces accords ont relancé notre coopération tous azimuts. De nombreux programmes capacitaires ont vu le jour, comme ceux concernant la guerre des mines, tandis que des rapprochements opérationnels ont été actés, dont la constitution d'une force expéditionnaire commune constitue une éclairante manifestation. La conduite en coopération de l'opération Hamilton, en avril dernier, témoigne également de notre proximité opérationnelle.

Cette nouvelle impulsion donnée à la coopération franco-britannique dispose d'un volet parlementaire. Un groupe de travail interparlementaire, réunissant des membres des commissions de la Défense des chambres de nos deux pays, a été créé en 2010 pour suivre la mise en oeuvre du renforcement de notre coopération bilatérale. Il y a tout juste un mois, ce groupe se réunissait à nouveau à Londres – certains d'entre vous étaient présents – pour l'audition de hauts responsables du ministère de la Défense britannique.

Mais venons-en au coeur du sujet : d'abord, quel est l'objet de ce programme d'armement ?

Il s'agit de produire, à l'horizon 2030, les successeurs de deux catégories de missiles. D'une part, les missiles anti-navires Exocet et Harpoon ; d'autre part, les missiles de croisière SCALPStorm Shadow, conçus pour détruire des objectifs surprotégés dans la profondeur du territoire adverse.

La coopération entre nos deux pays dans le domaine des missiles n'est pas nouvelle.

À la fin des années 1990, le programme SCALPStorm Shadow avait ainsi initié un premier rapprochement entre nos deux pays. Il fut suivi depuis lors par le programme METEOR ou, plus récemment, le programme de missiles anti-navires légers, dit ANL ou, en anglais, Sea Venom, tirés depuis un hélicoptère.

Riche et couronnée de succès, cette coopération est à l'origine de l'émergence d'un acteur industriel franco-britannique de premier plan – MBDA -, dont l'existence même montre la volonté pérenne de développer en commun les missiles dont nos deux pays ont besoin.

Depuis les accords de Lancaster House, une nouvelle étape a été franchie avec les initiatives « One complex Weapon » et « One MBDA », ayant conduit à rationaliser l'organisation de MBDA afin de conforter notre industrie missilière et la rendre encore plus pérenne, compétitive et indépendante.

Aujourd'hui, la France et le Royaume-Uni sont, en ce domaine, liés par une relation de dépendance mutuelle, qui s'est traduite, en pratique, par la constitution, au sein de MBDA, de centres d'excellence franco-britanniques partagés, implantés dans les deux pays.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.