Intervention de François de Rugy

Réunion du jeudi 6 décembre 2018 à 9h00
Commission des affaires économiques

François de Rugy, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire :

Monsieur Colas-Roy, je partage l'idée selon laquelle il ne faut jamais séparer écologie et économie : on peut faire avancer concrètement les deux de manière simultanée, et c'est particulièrement vrai pour l'énergie. Mais il ne suffit pas de le décréter : après, il faut le faire, en étudiant systématiquement les conditions de développement économique de telle ou telle technologie et le prix pour les consommateurs, lequel doit toujours être lié au prix de production – à moins de subventionner massivement, on ne peut pas les découpler durablement.

Il faut évidemment prévoir des mesures d'accompagnement supplémentaires. C'est notre chantier prioritaire concernant les économies d'énergie. Il s'agit d'une activité économique, d'argent investi sur notre territoire et dans notre économie, notamment dans le bâtiment : les entreprises du secteur en sont les premières convaincues et militent dans ce sens. Nous devrons trouver les leviers.

Antoine Herth a évoqué les espaces info énergie et le tiers financement. L'une des clés consiste évidemment à fournir l'information de façon simple à nos concitoyens. Il faut le faire, et pas seulement à l'occasion de campagnes d'information – que nous avons d'ailleurs menées –, avec des personnes qui sont prêtes à accompagner la population. Surtout, il faut offrir des solutions globales : si, pour chaque solution proposée, il y a un interlocuteur et un dispositif d'aide différents, on ne s'en sortira pas, ou alors on continuera comme aujourd'hui, c'est-à-dire que des travaux seront certes réalisés – car on ne peut pas dire que rien n'est fait – mais on ne progressera pas au rythme qu'il faudrait.

Nous avons déjà eu l'occasion de parler de la chaleur renouvelable : 315 millions seront consacrés en 2019 au Fonds Chaleur – la mesure doit être votée aujourd'hui au conseil d'administration de l'ADEME. Je ne vous cache pas que c'est une bataille permanente, car chaque dépense supplémentaire est sujette à débat, ce qui est d'ailleurs normal. Quoi qu'il en soit, tout le monde semble d'accord pour développer le Fonds Chaleur. Nous avons prévu 350 millions d'euros pour les années suivantes. L'augmentation sera donc importante. Le Fonds Chaleur constitue un levier, même s'il est peu connu. Le développement des réseaux de chaleur concerne surtout le milieu urbain, mais il est également possible dans de plus petites communes.

Par ailleurs, la chaleur renouvelable, en particulier par l'intermédiaire de la filière bois énergie, est une source d'activité pour nos producteurs forestiers, même si cela suscite des interrogations, car la structuration de la filière bois énergie doit s'accompagner d'une meilleure exploitation des forêts. Au passage, j'aimerais bien qu'on arrête de raconter n'importe quoi sur ce sujet, y compris dans l'hémicycle : non, nous ne sommes pas en train de saccager nos forêts. Il faut être clair : on ne peut pas à la fois dire qu'il faut développer les énergies renouvelables et, dès lors que l'on entre dans le détail, pour chaque filière et chaque déclinaison dans les territoires, dire qu'il faut arrêter à la moindre opposition.

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