Je ne répondrai pas à tous les orateurs, mais je tiens à souligner un point : aucune loi n'est identitairement nue. Je le répète, ce qui importe aujourd'hui est non la mécanique de la loi ni le fait de trouver des solutions durables. Nous n'avons pas ressenti l'émotion nécessaire pour construire un tel texte. Ce qui importe est la construction sémantique de la loi, sa portée et sa sensibilité par rapport au territoire et au patrimoine.
Quand je parle de patrimoine, je parle de notre pensée collective, différente en Martinique, en Corse, en Polynésie, en Guadeloupe et plus encore en Guyane. Les liens que la Martinique a établis avec sa nature, son histoire, ses déchirures, ses blessures, ne se rencontrent pas sous la même forme à la Réunion.
C'est pourquoi j'exhorte l'État à inventer une nouvelle manière de construire le droit. À mon sens, en votant le texte, vous allez ouvrir un espace, un lieu de respiration, d'initiative locale, qui ne brise en rien l'indivisibilité de la République. Il est essentiel, au contraire, que celle-ci soit unie, puissante et forte.
Sur tous les bancs, chers collègues, vous l'avez compris et je vous en remercie. Vous avez envoyé un message au Gouvernement, qui a adhéré à notre démarche. Si le Président Macron a parlé de « différenciation », c'est au nom d'une philosophie que je partage. Malgré nos désaccords, car nous ne soutenons pas la même politique, je souscris à ce terme.
Le texte redonnera de la dignité à une démarche véritablement progressiste, car un progrès qui ne serait que technologique ou financier, qui ne s'occuperait que du matériel ou d'un certain état de la richesse, ne serait pas un véritable progrès.
Le progrès auquel nous aspirons replace l'homme, avec ses difficultés, sa misère, ses souffrances et ses bonheurs, au coeur d'une nouvelle humanité. Le premier succès de la proposition de loi, c'est qu'elle nous a permis de mener à bien une action de reconnaissance de notre capacité à agir nous-mêmes pour nous-mêmes au sein de la République.