Il a raison : il n'y a pas de réforme sans justice ; et, parce que la France a besoin de beaucoup de réformes, elle a besoin de beaucoup de justice.
Au fond, depuis trente ans, notre pays est ballotté dans la mondialisation parce qu'il n'a pas su, qu'il n'a pas voulu, qu'il n'a pas été dirigé pour s'adapter à ce phénomène. S'en sont suivis le déclin industriel, les chocs de compétitivité, le chômage de masse, les déficits commerciaux et ce sentiment, ou plutôt cette réalité, d'un déclassement, pour le pays comme pour la population.
Ce déclassement est économique ; il touche le pouvoir d'achat : oui, les taxes ont augmenté deux fois plus vite que les salaires depuis dix ans. Il est aussi social, la première de nos inquiétudes étant que nos enfants vivent encore moins bien que nous. Il est enfin politique, car le dépit de soi entraîne la haine des autres et conduit à des comportements violents et à des votes extrêmes. Nous répondons à ce déclassement, et devons y répondre davantage encore, par l'accélération des réformes ; dans le débat national qui s'ouvre, nous devrons défendre un projet plus sociétal encore.
Quand le Président de la République et le Gouvernement proposent d'augmenter le SMIC de 100 euros, c'est juste. Au-delà, cette mesure ouvre un débat sur les salaires. L'année dernière, dès notre arrivée aux responsabilités, nous nous sommes consacrés aux plus fragiles, et nous pouvons être fiers d'avoir augmenté les petites retraites et l'allocation aux adultes handicapés, comme d'avoir amélioré l'école dans les quartiers difficiles.
Cette année, nous pouvons consacrer plus de moyens encore aux salariés modestes ; nous parlons aujourd'hui des salariés au SMIC, mais c'est une invitation à travailler sur une réforme sociale et salariale de plus grande ampleur, car nous pensons évidemment aussi à ceux qui gagnent 10 ou 15 % de plus que le SMIC, et à tous ceux qui, en faisant des études ou en suivant des formations tout au long de la vie, fournissent beaucoup d'efforts et déploient beaucoup d'énergie pour gravir les barreaux de l'échelle sociale. En prenant la décision d'ouvrir le débat sur le SMIC à la suite de la mesure proposée par le Président de la République, nous promettons aussi que le premier pilier du débat national sera la justice sociale et salariale.