Intervention de Clémentine Autain

Réunion du mercredi 5 décembre 2018 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Voilà deux séances d'affilée que nous parlons de l'Union européenne en pointant la question de la défiance démocratique à l'égard de cette Union. J'ai l'impression que les rapports ou propositions qui nous sont soumis sont vraiment une goutte d'eau au regard du défi que rencontre aujourd'hui l'Europe, de la panne, de l'impasse assez tragique dans laquelle elle se trouve. Je dis tragique, parce que je sais bien que dans le cadre de la globalisation, nous avons besoin d'une échelle pertinente, large, pour affronter les défis qui nous attendent, et, pour autant, la façon dont l'Union européenne fonctionne, ou plutôt dysfonctionne, ses choix, son orientation, son incapacité à répondre aux aspirations des Européens, nous envoient littéralement dans le mur.

Cela pose une question majeure qui est celle de la souveraineté. Je vais prendre un exemple tout récent, qui permet de comprendre que nous parlons de démocratie européenne, alors que nous restons dans un cadre pur de diplomatie entre États. La France était un élément moteur pour parvenir à instaurer une taxation des GAFA en Europe. Nous devons pourtant de céder devant Angela Merkel, et au fond, les Français, non plus que les autres peuples européens, n'ont été associés à cette décision.

Par ailleurs, il faut mentionner un paradoxe, c'est que le Parlement européen est en réalité l'un des plus transparents dans ses décisions ; bien plus que le Parlement français. Et pourtant, le sentiment d'opacité est total, parce que les débats qui s'y jouent échappent aux populations : tout se joue dans le cadre opaque de la diplomatie entre États. Donc on peut changer le mode de scrutin, on peut l'améliorer, mais tant que l'on n'aura pas une démocratie vivante et surtout un projet qui crée de la dynamique, nous irons dans le mur. La panne de l'Union européenne est liée à trente ans de politiques qui ont réduit la capacité des populations à vivre librement et dignement. Les inégalités se sont creusées, c'est la réalité. C'est pourquoi vous avez raison, le 20 décembre, quand nous aurons le débat au sein du Parlement, sans doute sera-t-il question de ce dont nous allons débattre à l'occasion des élections européennes elles-mêmes.

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