Mes chers collègues, je prendrai quelques instants pour une explication de vote, en empruntant, puisque nous sommes en période de prix Nobel, une citation à Albert Camus : « La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité. » Ce soir, nous faisons oeuvre utile en adoptant dans quelques minutes, je n'en doute pas un seul instant, ce projet de résolution qui modifiera l'article 10 de notre Règlement. Ce n'est pas en soi une révolution – qui sait, celle-ci viendra peut-être des travaux initiés par la présidence, cher président de Rugy !
Toujours est-il que notre oeuvre est aujourd'hui beaucoup plus modeste : il s'agit en réalité de faire ce qu'ont fait d'autres grandes démocraties occidentales avant nous, comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne, qui ont un statut protecteur pour l'opposition. L'opposition majoritaire dans un Parlement – je ne parle pas de la majorité, mais de l'opposition qui est majoritairement représentée – a, de par ses résultats électoraux, une place particulière dans le fonctionnement démocratique des instances parlementaires.
Ce soir, nous graverons dans le marbre ce qui se pratiquait depuis plus de soixante ans, et dont les sources remontent même, pour les questeurs, aux IIIe et IVe Républiques. Au moins, sur ce point, la démocratie sera respectée. Nous pourrons nous retrouver pour participer ensemble au développement harmonieux et le plus démocratique possible de cette instance.