Je ne résiste pas à l'envie de vous livrer mon appréciation d'alors, tandis que le ministre déroulait le tapis vert de la contractualisation comme seule réponse politique à même de répondre à la crise de revenus des agriculteurs. Je lui disais : « Votre projet s'en tient [… ] à agiter le seul épouvantail de la contractualisation volontaire et de l'assurance privée, pour repousser les menaces liées à la libéralisation totale des échanges agricoles : contractualisation, assurance privée, la boucle est ainsi bouclée. Il n'y a pas de place pour les politiques publiques dans la sphère marchande, pas de place pour des mesures cohérentes d'intervention, de gestion de l'offre et d'orientation en matière de prix. » Je pourrais vous tenir les mêmes propos aujourd'hui, monsieur le ministre, comme je pourrais les formuler devant le Président de la République.
Nous verrons quelle place sera accordée aux politiques publiques dans la sphère marchande. Nous verrons quelle place sera faite à des mesures cohérentes d'intervention. Nous verrons comment on pourra gérer l'offre et l'orientation en matière de prix. Nous verrons si vous aurez le courage politique de remettre en cause la politique agricole commune qui, elle, tire toujours les prix vers le bas. Nous jugerons aux actes – nous aurons l'occasion d'en rediscuter. Mais déjà, à l'époque, parmi les organisations syndicales que nous avions auditionnées, il en était peu qui faisaient preuve d'enthousiasme à l'égard de la contractualisation, telle qu'elle était présentée. D'une façon générale, déjà, les organisations syndicales agricoles y voyaient un leurre plus qu'une solution. Elles soulignaient la nécessité d'une politique de régulation des marchés et d'outils d'intervention sur la définition des prix. On touche là directement à la politique agricole commune.
Je vais abréger mon propos, faute de temps, ce qui, je pense, ne vous laissera pas sans regrets.