Nous éprouvons tous ce soir un sentiment de gâchis à devoir traiter ainsi les problèmes dans l'urgence alors qu'il était possible depuis des mois d'apporter sereinement des réponses. Cela fait des mois, en effet, que nous vous alertons de remontées du terrain particulièrement sensibles concernant le pouvoir d'achat, la fracture territoriale, la ruralité, cette partie de la France qui a le sentiment de survivre quand l'autre vit. Tel est le sentiment d'injustice dont nous nous faisions l'écho depuis un an au moins, pour rien – sinon du mépris, de l'arrogance.
Voilà qu'enfin vous semblez ouvrir les yeux et que vous nous proposez un certain nombre de mesures susceptibles de nous réunir, mais elles sont tardives, incomplètes, pour une part non financées, outre que leur coût va se répercuter sur les déficits à venir. Ces mesures constituent donc le premier étage de la fusée. Le deuxième étage – peut-être à venir mais on n'en sait rien – sera celui des réformes de l'État et le troisième étage – et il faudra bien atterrir – sera celui de la concertation. Comment seront traduits les échanges qui s'ouvrent dans quelques jours ? On ne le sait pas.
Nous sommes aujourd'hui dans une période où l'inégalité va se concrétiser. Elles sont très bien, ces mesures que nous nous apprêtons à examiner, mais pourquoi faire supporter aux entreprises au travers de cet article 1er une responsabilité qui n'est pas la leur ? Pourquoi créer des inégalités entre salariés, entre grandes et petites entreprises, au prix de la mauvaise conscience de celles et ceux des chefs d'entreprise qui ne pourront pas, faute d'une trésorerie suffisante, offrir une prime à leurs salariés qui pourtant la méritent car ce sont eux la richesse des entreprises, eux que vous ne reconnaissez pas !