Cet amendement a pour objectif de limiter le champ des ordonnances relatives à la primauté donnée aux accords d'entreprise. La nouvelle articulation proposée, qui s'inscrit dans le sillage de la loi El Khomri, vise à généraliser la primauté donnée aux accords d'entreprise au mépris des normes d'ordre public et des accords de branche. De telles dispositions, qui tournent le dos au principe de faveur sur lequel s'est construit le droit du travail, ouvrent la voie à une négociation de régression au service de la flexibilité, préjudiciable pour les salariés comme pour les petites entreprises.
Je note d'ailleurs que les organisations patronales représentant les petites entreprises sont largement défavorables à l'idée de faire de l'accord d'entreprise le pivot du droit du travail. Dans une interview publiée par Les Échos du 14 juin 2017, Alain Griset, président de l'Union des entreprises de proximité et représentant des artisans, déclarait : « Pour les entreprises de moins de vingt salariés, l'accord d'entreprise ne peut pas être la règle. »
Toutes les réformes engagées depuis vingt ans en matière de droit du travail n'ont eu de cesse de promouvoir une négociation dérogatoire au niveau de l'entreprise. Nous en connaissons les conséquences pour les travailleurs : augmentation de la charge de travail sans augmentation de salaire, développement des horaires à la carte, accroissement de la flexibilité, affaiblissement des protections jusqu'à présent garanties par la loi. Ce dont nous avons besoin, c'est au contraire d'un rétablissement de la hiérarchie des normes et d'un renforcement de la négociation de branche pour éviter des pratiques d'optimisation sociale ou « dumping social ».
Malgré ces constats, vous nous proposez maintenant d'aller encore plus loin dans la remise en cause du code du travail. Nous ne pouvons pas y souscrire.