Monsieur le président, j'entends les remarques que vous avez faites.
Je veux rappeler, au nom de La République en Marche, comme l'a d'ailleurs fait nuitamment M. Alauzet, que nous faisons le choix que nous assumons en matière de justice sociale de concerner en réalité 55 % des personnes touchant le SMIC. Il nous semble important de prendre en compte l'ensemble du foyer. Si nous avions fait l'inverse, nos opposants n'auraient pas manqué de nous reprocher de favoriser les ménages dont le conjoint est largement mieux rémunéré, et de nous expliquer que la solidarité nationale n'avait pas nécessairement à financer des ménages dont les revenus conjoints excédaient largement la limite. Par expérience, je me permets de rappeler que le mieux est toujours l'ennemi du bien et qu'il y a toujours des options alternatives, mais je pense que celles-ci aussi nous auraient été reprochées.
J'assume, comme je pense l'ensemble des membres du groupe La République en Marche, la position retenue pour ces mesures d'urgence. Il est important aussi de rappeler leur forte cohérence et le fait que nous portons une attention toute particulière aux familles monoparentales, aux femmes. À cet égard, je signale qu'il y a énormément de femmes parmi les « gilets jaunes » ; et pourtant, dans le cadre de la loi de finances pour 2018, nous avions augmenté les frais de garde de 138 euros pour les familles monoparentales, afin que les femmes puissent faire garder leurs enfants et ainsi retrouver le chemin de l'emploi. Bien que préparées dans l'urgence, les mesures que nous proposons aujourd'hui sont cohérentes avec celles que nous avions déjà adoptées, quand bien même elles ne correspondent pas, à vous entendre, à ce qu'a déclaré le Président de la République. Moi, ce que j'ai entendu, c'est que les personnes touchant le SMIC doivent être augmentées de 100 euros par mois. Le groupe La République en Marche estime que l'ensemble des personnes qui touchent le SMIC vont être augmentées de 100 euros par mois. Ce faisant, nous répondons très clairement à ce qu'a demandé le Président de la République. Nous allons même plus loin pour les familles monoparentales, puisque la prime pourra être versée jusqu'à 2 000 euros de salaires, plus loin encore pour les couples avec enfant. J'ai le sentiment que nous apportons une réponse segmentée, qui n'est pas massive mais qualitative, et qui permet de considérer aussi tous ceux qui perçoivent 1,1 SMIC, 1,2 SMIC et 1,3 SMIC. Comme vous le savez, nous avons vocation à travailler avec la commission des affaires sociales sur le texte. Lorsque l'on augmente le SMIC, en réalité on touche le SMIC de base mais aussi ceux qui perçoivent 1,1 SMIC, 1,2 SMIC et 1,3 SMIC. Nous avons donc pris en compte toutes les tranches juste au-dessus du SMIC car nous savons à quel point les effets de seuil, via la CSG notamment, peuvent être brutaux et difficiles pour nos compatriotes.
Il est important de rappeler, comme l'a fait Mme Pénicaud, que pas moins de 11 millions de salariés touchent jusqu'à 1,3 à 1,4 SMIC et seront donc concernés par cette augmentation. Nous sommes donc bien a minima dans l'exécution des paroles du Président de la République et a maxima dans une compréhension un peu plus solidaire et un peu plus large que ses seuls mots.