Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Réunion du mercredi 19 décembre 2018 à 16h25

Résumé de la réunion

Les mots clés de cette réunion

  • CSG
  • SMIC
  • couple
  • défiscalisation
  • exonération
  • prime
  • retraite
  • salaire

La réunion

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Présidence

La commission examine, pour avis, le projet de loi portant mesures d'urgence économique et sociale (n° 1516) (M. Éric Alauzet, rapporteur pour avis).

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La commission des affaires sociales, saisies au fond, examinera le projet de loi portant mesures d'urgence économique et sociale aujourd'hui à 21 heures 30. Il doit être examiné en séance demain à 15 heures. On m'a demandé s'il serait possible de l'examiner en séance plus tôt dans la journée de demain, à la suite de la lecture définitive du projet de loi de finances pour l'année 2019 mais c'est un choix qui revient au Gouvernement.

Vingt-huit amendements ont été déposés dans le cadre de cet examen pour avis. Nous n'avons pas l'habitude qu'ils soient si peu nombreux. Cependant, le délai de dépôt des amendements en commission des affaires sociales n'expirera qu'à 17 heures 30 aujourd'hui, et n'oublions pas non plus les amendements en séance.

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Je vous livre quelques éléments essentiels de mon rapport. Dans les conditions que nous connaissons, qui ne nous facilitent pas les choses, celui-ci n'a pu vous être distribué, mais je pense qu'il sera disponible ce soir ou, au plus tard, demain matin.

Ce projet de loi s'inscrit dans des circonstances exceptionnelles et le Gouvernement n'a disposé que d'un délai extrêmement serré pour le préparer. Bien entendu, cela a un impact sur les conditions de son examen par le Parlement et, en ce qui nous concerne ici et maintenant, par la commission des finances.

Ces conditions imparfaites reflètent l'urgence de l'adoption des mesures en faveur du pouvoir d'achat, très attendues par les Français, que le Président de la République a proposées.

Les manifestations, ces dernières semaines, des « gilets jaunes », ont exprimé une colère en partie liée à la question du pouvoir d'achat et des fins de mois. Les causes profondes de cette détresse sont anciennes et multiples, mais la politique menée depuis un an et demi par le Gouvernement et la majorité parlementaire, selon les mots même du Président de la République, n'a sans doute pas apporté « une réponse suffisamment rapide et forte » à des aspirations légitimes et identifiées de longue date.

Plusieurs dispositions pour améliorer le pouvoir d'achat des Français avaient pourtant été prises depuis l'été 2017 : la baisse massive des cotisations sociales, qui représente près de 20 milliards d'euros ; la suppression de la taxe d'habitation pour 80 % des redevables, qui représentera 6,5 milliards d'euros en 2019 ; la revalorisation exceptionnelle du montant forfaitaire de la prime d'activité ; la revalorisation du minimum vieillesse ; la revalorisation de l'allocation aux adultes handicapés (AAH).

La difficulté rencontrée tient notamment à la mise en oeuvre progressive, trop progressive peut-être, de ces mesures, sur deux, trois ou quatre ans – notamment la revalorisation de la prime d'activité –, et donc insuffisamment percutante. À l'inverse, l'augmentation de la fiscalité énergétique et celle de la CSG pour 60 % des retraités ont pu paraître trop brutales.

Quel est le contenu de ce projet de loi ? Les circonstances le nécessitant, le Président de la République a décrété l'état d'urgence économique et sociale et présenté plusieurs mesures à l'impact massif et quasiment immédiat sur le pouvoir d'achat de millions de Français. Il s'agit, d'une part, de mesures d'anticipation, de correction ou encore d'amplification des dispositifs déjà prévus et, d'autre part, de dispositifs nouveaux et efficaces pour améliorer les conditions de vie des Français à court terme, avant, bien entendu, qu'un grand débat national ne permette d'aller plus au fond sur les sujets économiques, sociaux, écologiques et institutionnels.

L'article 1er a pour objet de permettre aux employeurs de verser une prime exceptionnelle de pouvoir d'achat exonérée d'impôts et de cotisations jusqu'à 1 000 euros pour les salaires inférieurs à trois SMIC. Elle doit être versée entre le 11 décembre 2018 et le 31 mars 2019, en excluant bien entendu les effets d'aubaine. Si ce dispositif n'entraîne pas de pertes pour les finances publiques, il peut a priori les priver de recettes au titre de l'impôt sur les sociétés. Nous attendons des informations du Gouvernement à ce sujet.

L'article 2, relatif au régime fiscal et social des heures supplémentaires, ajoute la défiscalisation à l'exonération sociale prévue en loi de financement de la sécurité sociale pour 2019. En outre, il avance au 1er janvier 2019 l'application de cette exonération sociale qui devait entrer en vigueur le 1er septembre. Le gain moyen pour un salarié du secteur privé au niveau du SMIC sera de 155 euros en 2019, hors effet éventuel de la défiscalisation. Un salarié célibataire sans enfant à charge, à 1,5 SMIC gagnera en moyenne 232 euros au titre de l'exonération sociale ; après prise en compte de la défiscalisation, le gain sera de 748 euros. Pour plusieurs raisons, dont nous aurons l'occasion de discuter, j'avais envisagé de proposer de transformer ce plafond en euros par un plafond en nombre d'heures, mais j'y ai renoncé pour des raisons que j'exposerai plus tard.

Ces mesures bénéficieront surtout aux salariés à revenus modestes et intermédiaires, qui recourent le plus aux heures supplémentaires, dans le secteur public comme dans le secteur privé. Elles coûteront 3 milliards d'euros en 2019 : 2 milliards d'euros au titre de l'exonération sociale et environ 1 milliard d'euros au titre de la défiscalisation. Par rapport à la loi de financement de la sécurité sociale pour 2019, le coût supplémentaire sera de 2,4 milliards d'euros, puisque 650 millions d'euros étaient déjà budgétés au titre de la mesure entrant en vigueur au 1er septembre.

L'article 3 rétablit un taux de CSG de 6,6 % sur les pensions de retraite pour la moitié des retraités qui ont subi la hausse de 1,7 point intervenue en 2018. Il s'agit de ceux dont le revenu net se situe autour de 2 000 euros, pour les célibataires, ou de 3 000 euros, pour les couples, à supposer qu'ils ne touchent pas d'autres revenus et conformément à la logique de la familialisation qui s'applique d'ailleurs pour d'autres dispositifs. Compte tenu des propos entendus ici ou là, il est toujours bon de le rappeler. Chacun ici connaît bien ce système de la familialisation et la conjugalisation : on ne peut pas faire semblant de le découvrir.

Le taux applicable dépend, comme vous le savez, du revenu fiscal de référence (RFR), qui prend en compte l'ensemble des revenus du foyer. La mesure bénéficiera aux personnes dont le RFR est inférieur à 22 580 euros pour la première part, et 6 028 euros pour chaque demi-part supplémentaire. Cela correspond à un revenu de 2 000 euros nets mensuels pour un retraité célibataire. La mesure bénéficiera à 3,8 millions de foyers fiscaux et environ 5 millions de retraités, soit la moitié des retraités qui étaient concernés par l'augmentation de la CSG ; son coût net s'élèvera à 1,6 milliard d'euros en 2019.

Pour des raisons techniques, la mise en oeuvre effective de la mesure interviendra dans le courant du premier semestre. Une régularisation interviendra avant le 1er juillet 2019 pour prendre en compte les trois ou quatre premiers mois de l'année durant lesquels la baisse de CSG n'a pas été appliquée. Lorsque l'augmentation a été appliquée, c'était à la suite d'une décision prise au cours de l'été : la mise en oeuvre avait donc pu être préparée pendant six mois. Il n'est évidemment pas possible de préparer la mise en oeuvre de cette nouvelle mesure dans les quelques jours qui nous séparent de l'année 2019. Des remboursements interviendront donc, au plus tard au mois de juillet.

L'article 4 prévoit que le Gouvernement remette un rapport au Parlement sur la revalorisation exceptionnelle de la prime d'activité, les paramètres de la prime d'activité étant essentiellement définis par voie réglementaire.

La prime d'activité est un dispositif existant, connu et maîtrisé qui a fait ses preuves et qui permet de viser l'ensemble des travailleurs, quel que soit leur statut – salarié du privé, salarié du public, indépendant, agriculteur. Comme l'a annoncé le Président de la République, dès le début de l'année 2019, tous ces travailleurs aux revenus modestes bénéficieront d'un gain de pouvoir d'achat de 100 euros : ce gain comprend d'une part l'augmentation du SMIC prévue pour le 1er janvier 2019, soit 16 euros nets par mois, et la revalorisation exceptionnelle de la prime d'activité à hauteur de 90 euros.

La revalorisation de la prime initialement prévue – quatre fois 20 euros, sur quatre exercices successifs – a non seulement été accélérée, puisque concentrée sur le début de l'année 2019, mais également amplifiée, puisqu'elle atteint 110 euros et non plus 80. Le projet de loi de finances prévoyait initialement un bonus de 20 euros pour la fin de l'année 2019, 40 euros pour la fin de l'année 2020, pour parvenir ensuite à 60, puis 80 euros.

Le dispositif évolue pour s'adresser à des personnes qui en étaient jusque-là exclues. J'insiste sur ce point. En gros, le plafond sera supérieur de 200 à 300 euros par rapport à ce qui existe avec la prime actuelle, sur chaque catégorie, qu'il s'agisse d'une personne seule, d'une famille monoparentale avec enfant, d'un couple ou d'un couple avec enfant : le Gouvernement va donc bien au-delà de la proposition faite par le Président de la République. Pour une personne seule, la bonification s'appliquera désormais jusqu'à 1,5 SMIC, contre 1,3 SMIC précédemment.

Je me permets d'entrer davantage dans le détail, même si les modalités de calcul de la prime d'activité sont particulièrement complexes et que nous ne disposons pas encore du projet de décret. Oui, je le dis et je le redis, la prime d'activité est une prestation familiarisée. Par exemple, dans un couple, on prend en compte les revenus du conjoint. De ce fait, tous les salariés au SMIC ne bénéficieront pas de la hausse exceptionnelle de 90 euros s'ils ne sont pas éligibles à la prime d'activité : il s'agit de cibler ceux qui sont vraiment dans le besoin. Si, dans un couple, l'un des membres perçoit le SMIC, il est éligible à la prime d'activité dès lors que son conjoint gagne jusqu'à 1,4 SMIC, soit environ 1 700 euros nets, contre 1,1 SMIC aujourd'hui. On améliore donc la situation actuelle pour les couples – en réalité, on améliore toutes les situations. La bonification en revanche est prévue à titre individuel : si les deux membres du couple reçoivent chacun un SMIC, ils percevront 90 euros chacun, soit 180 euros pour le ménage. L'effort réalisé par le Gouvernement pour soutenir les travailleurs aux revenus modestes est d'une ampleur inédite, parce qu'il faut que le travail paie.

L'impact budgétaire est évalué à 2,8 milliards d'euros, après quelques ajustements successifs opérés au projet de loi de finances, au Sénat et hier soir à l'Assemblée nationale, le Gouvernement ayant présenté un amendement pour assurer le financement du dispositif. Il s'agit d'une mesure forte en faveur du pouvoir d'achat qui s'ajoute aux dispositions déjà mises en oeuvre – je pense notamment à l'augmentation de 20 euros du montant forfaitaire de la prime d'activité intervenu en 2018, d'où les 90 euros plus 20 euros, soit 110 euros, ou la suppression des cotisations salariales maladie et chômage pour près de 20 milliards d'euros.

Les conséquences financières et l'impact macro-économique de ces mesures sont importantes. Si l'on ajoute les mesures sur la fiscalité énergétique et le chèque énergie, l'effort est d'environ 11 milliards d'euros par rapport au projet de loi de finances pour 2019. Il faut remonter loin pour trouver une proposition d'une telle ampleur. L'essentiel de la dépense sera financé par le déficit. Restent 4 milliards d'euros qui seront financés à hauteur de 1 à 1,5 milliard d'euros d'efforts supplémentaires sur la dépense de l'État et 2,5 milliards d'euros de mesures en recettes. Ce financement ne fait pas partie du périmètre de ce projet de loi ; nous aurons l'occasion d'en discuter plus longuement à d'autres occasions.

S'agissant des mesures en recettes, le Gouvernement entend solliciter les plus grandes entreprises et les géants du numérique. Il souhaite reporter le passage du taux d'impôt sur les sociétés à 31 % en 2019 pour les entreprises réalisant plus de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires, pour un impact de 1,8 milliard d'euros. Il proposera d'instaurer une taxe sur les services numériques, dont le rendement s'élèverait à 500 millions d'euros. Par ailleurs, le projet de loi de finances pour 2019 a modifié le régime d'imposition des plus-values de cession intra-groupe – la fameuse niche Copé – pour un rendement de 200 millions d'euros. Ces mesures fiscales sont justes et nécessaires.

Enfin, j'appelle votre attention sur l'impact macro-économique de ces mesures. Elles ciblent des ménages aux revenus modestes et intermédiaires qui ont tendance à consommer une part importante de leurs revenus. Dans sa note de conjoncture parue hier, l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) prévoit une forte hausse du pouvoir d'achat des ménages, grâce notamment à ces dispositions. Il prévoit que la consommation des ménages en 2019 augmenterait de 3 %, ce qui soutiendrait sensiblement la croissance.

Ces mesures montrent que la majorité est à l'écoute des Français, qu'elle réagit vite et qu'elle en attend un gain massif de pouvoir d'achat pour les ménages. Je pense que nous avons tous à coeur qu'elles soient rapidement adoptées, et surtout qu'elles entrent rapidement en application dès le début de l'année 2019. C'est la raison pour laquelle le groupe La République en Marche a limité au minimum – en fait à zéro – le nombre d'amendements soumis au débat.

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Au fond, ce projet de loi est un choc important de dépenses publiques non financées, ou en tout cas partiellement financées : pour le moment aucun texte n'a été présenté pour assurer le financement de ces mesures, en dehors de la niche Copé qui figure dans le projet de loi de finances. Il est envisagé de faire appel à de la dette et un effort minime en dépenses puisqu'on nous parle de 1 à 2 milliards d'euros ; encore ne s'agira-t-il visiblement que de régulation budgétaire et non d'une baisse claire et nette des dépenses. C'est un choc de dépenses publiques dans un pays qui, c'est le moins qu'on puisse dire, ne souffre pas d'un manque de dépenses publiques…

Pourquoi le Gouvernement n'a-t-il pas fait le choix de couvrir tous les salariés qui sont aujourd'hui au SMIC ? Je comprends bien que vous nous dites que c'est le mécanisme de la prime d'activité et que c'est juste, mais c'est tout de même vous qui choisissez le mécanisme qui conduit à une forme de conjugalisation des revenus. Le Président de la République avait clairement indiqué que tous les salariés au SMIC – et non un salarié sur deux – bénéficieraient de la mesure. Ce sujet n'est pas anodin. Je comprends bien que vous considérez que dans le cas où le conjoint gagne davantage, il ne faut pas octroyer d'aide. Mais faut-il vraiment faire la différence ? Visiblement, le Président de la République ne la faisait pas. En la matière, la clarté est extrêmement importante pour l'efficacité des mesures.

L'augmentation légale du SMIC de 1,5 % sera-t-elle incluse dans le versement des 100 euros ?

En général, la prime d'activité est versée le 5 du mois suivant. Les salariés concernés par la prime toucheront-ils une prime bonifiée le 5 février prochain ?

Enfin, pourquoi n'avez-vous pas neutralisé l'impact de la CSG et de la CRDS sur les heures supplémentaires ?

La ministre, que j'ai écoutée dans les questions d'actualité, que j'ai vue hier et que j'ai encore entendue aujourd'hui, a fait valoir qu'à l'époque des mesures dites « Sarkozy » sur les heures supplémentaires, les salariés payaient la CSG et la CRDS pour ces heures et que la défiscalisation et la désocialisation des heures supplémentaires ne concernaient pas les impositions. Mais la vérité impose de rappeler que, dans les mesures dites « Sarkozy », la CSG et la CRDS payées sur les heures supplémentaires étaient neutralisées par une baisse des cotisations salariales qui allait plus loin que les heures supplémentaires car elle concernait également les heures « normales », celles faites avant les heures supplémentaires. La raison en était assez simple : il était difficile d'appliquer un taux de zéro de CSG et de CRDS sur une partie des heures et impossible d'imputer l'exonération de CSG et de CRDS sur les heures supplémentaires puisqu'elles étaient exonérées de cotisations sociales salariales. Le choix avait donc été fait de baisser les cotisations sociales versées par les travailleurs sur les heures normales avant les heures supplémentaires. Il y avait donc compensation intégrale du versement de la CSG et de la CRDS. Or, ce matin, la ministre n'a pas dit cela : elle a parlé de crédit d'impôt sur le revenu. Je suis étonné que vous n'ayez pas repris ce dispositif, ce qui aboutirait à une défiscalisation et une désocialisation complète des heures supplémentaires. Ce serait évidemment plus cher, mais plus clair.

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Monsieur le président, j'entends les remarques que vous avez faites.

Je veux rappeler, au nom de La République en Marche, comme l'a d'ailleurs fait nuitamment M. Alauzet, que nous faisons le choix que nous assumons en matière de justice sociale de concerner en réalité 55 % des personnes touchant le SMIC. Il nous semble important de prendre en compte l'ensemble du foyer. Si nous avions fait l'inverse, nos opposants n'auraient pas manqué de nous reprocher de favoriser les ménages dont le conjoint est largement mieux rémunéré, et de nous expliquer que la solidarité nationale n'avait pas nécessairement à financer des ménages dont les revenus conjoints excédaient largement la limite. Par expérience, je me permets de rappeler que le mieux est toujours l'ennemi du bien et qu'il y a toujours des options alternatives, mais je pense que celles-ci aussi nous auraient été reprochées.

J'assume, comme je pense l'ensemble des membres du groupe La République en Marche, la position retenue pour ces mesures d'urgence. Il est important aussi de rappeler leur forte cohérence et le fait que nous portons une attention toute particulière aux familles monoparentales, aux femmes. À cet égard, je signale qu'il y a énormément de femmes parmi les « gilets jaunes » ; et pourtant, dans le cadre de la loi de finances pour 2018, nous avions augmenté les frais de garde de 138 euros pour les familles monoparentales, afin que les femmes puissent faire garder leurs enfants et ainsi retrouver le chemin de l'emploi. Bien que préparées dans l'urgence, les mesures que nous proposons aujourd'hui sont cohérentes avec celles que nous avions déjà adoptées, quand bien même elles ne correspondent pas, à vous entendre, à ce qu'a déclaré le Président de la République. Moi, ce que j'ai entendu, c'est que les personnes touchant le SMIC doivent être augmentées de 100 euros par mois. Le groupe La République en Marche estime que l'ensemble des personnes qui touchent le SMIC vont être augmentées de 100 euros par mois. Ce faisant, nous répondons très clairement à ce qu'a demandé le Président de la République. Nous allons même plus loin pour les familles monoparentales, puisque la prime pourra être versée jusqu'à 2 000 euros de salaires, plus loin encore pour les couples avec enfant. J'ai le sentiment que nous apportons une réponse segmentée, qui n'est pas massive mais qualitative, et qui permet de considérer aussi tous ceux qui perçoivent 1,1 SMIC, 1,2 SMIC et 1,3 SMIC. Comme vous le savez, nous avons vocation à travailler avec la commission des affaires sociales sur le texte. Lorsque l'on augmente le SMIC, en réalité on touche le SMIC de base mais aussi ceux qui perçoivent 1,1 SMIC, 1,2 SMIC et 1,3 SMIC. Nous avons donc pris en compte toutes les tranches juste au-dessus du SMIC car nous savons à quel point les effets de seuil, via la CSG notamment, peuvent être brutaux et difficiles pour nos compatriotes.

Il est important de rappeler, comme l'a fait Mme Pénicaud, que pas moins de 11 millions de salariés touchent jusqu'à 1,3 à 1,4 SMIC et seront donc concernés par cette augmentation. Nous sommes donc bien a minima dans l'exécution des paroles du Président de la République et a maxima dans une compréhension un peu plus solidaire et un peu plus large que ses seuls mots.

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Une remarque générale sur les conditions d'examen durant cette semaine de tous ces projets de loi qui se télescopent et sont liés les uns avec les autres. Je rappelle que nous avons achevé l'examen du projet de loi de finances la nuit précédente et il se trouve qu'il est bien différent de celui qui nous avait été présenté ici même en commission il y a à peine huit jours : le nouveau tableau d'équilibre, que nous avons découvert à l'aube, et qui n'est certainement pas encore le tableau d'équilibre définitif, a notablement modifié le déficit, qui passe de 98 milliards à 107 milliards d'euros, et sans aucune vision globale : certaines mesures seulement ont été prises en compte, mais pas toutes. En effet, si la prime d'activité est prise en compte, ce n'est pas le cas de tous les autres dispositifs, notamment l'exonération des heures supplémentaires, la CSG et peut-être la prime exceptionnelle, quand bien même on nous assure qu'elle n'aura pas d'impact financier.

Alors que nous votons le budget de l'État pour 2019, il est difficile d'accepter qu'une partie seulement des éléments y soient intégrés et de ne pas très bien savoir quand les autres nous seront proposés. Et on nous parle d'un projet de loi de finances rectificative dont nous ne connaissons pas encore le calendrier…

En ce qui concerne l'exonération des heures supplémentaires et la CSG, les députés du groupe Les Républicains avaient déjà alerté et fait des propositions en ce sens, sans attendre qu'il soit besoin d'invoquer l'urgence sociale et économique.

Pour ce qui est de la prime d'activité, je regrette que la solution qui nous est proposée ne corresponde pas du tout à ce qui a été annoncé par le Président de la République. Au moment où le lien entre les élus et le monde politique doit être rétabli, je trouve dommage qu'il n'y ait pas de respect de la parole : le Président de la République a parlé de 100 euros alors que l'amendement qui nous a été proposé hier dans le cadre du projet de loi de finances prévoit 90 euros.

Mme Gregoire a noté qu'un grand nombre de femmes manifestaient sur les ronds-points. Pour ma part, je regrette que les inégalités entre les hommes et les femmes se creusent davantage. Un grand nombre de femmes sont au SMIC ; or elles ne pourront pas bénéficier de la prime d'activité parce qu'elles vivent dans un foyer où les revenus sont trop élevés. Pour celles-là, ce sera finalement la double peine… Je regrette qu'aucune mesure n'ait été prise pour accompagner et corriger cet effet. Les femmes sont les grandes perdantes de votre dispositif.

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Bien que nous n'ayons pas eu encore vraiment le temps de dégager une position de groupe, je vais essayer de fixer les lignes au vu de l'urgence.

Le groupe du Mouvement Démocrate et apparentés n'a pas déposé d'amendements sur ce texte que nous allons accompagner et qui va dans le bon sens.

Lorsque je relis les déclarations du Président de la République, j'ai le sentiment que la promesse est remplie s'agissant de l'augmentation du SMIC de 100 euros, même si on peut s'autoriser à réfléchir dans le futur à une revalorisation des bas salaires. Il y a l'urgence et le vecteur : dont acte. Nous soutenons la méthode.

Les heures supplémentaires constituent également un élément important du pouvoir d'achat.

En ce qui concerne la notion de foyer fiscal ou de foyer familial, il conviendrait de réfléchir assez rapidement – mais cela n'engage que moi – à la notion de rémunération du travail. Je reste persuadé que c'est un symbole important. Il fallait une mesure d'urgence : on l'applique et elle sera lisible immédiatement. Mais peut-être faut-il engager une vraie réflexion sur une augmentation des bas salaires sans fragiliser les entreprises.

Enfin, une partie de ces mesures d'urgence sera financée par le déficit, ce qu'on peut tout à fait comprendre. Mais il ne faut pas s'interdire de réduire certains déficits, d'aller chercher d'autres ressources fiscales. Il faudra un projet de loi de finances rectificative ou un projet de loi de financement de la sécurité sociale rectificative afin de trouver d'autres moyens de ressources, car je reste persuadé que l'augmentation du déficit nous fragilise au niveau européen.

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Après plusieurs semaines pendant lesquelles l'exécutif a refusé d'écouter les Français, parce qu'en réalité il ne comprenait pas ce qui se passait sur le terrain, le Premier ministre et le Président de la République ont annoncé des mesures. Je salue ces avancées, même si elles sont pour le moins brouillonnes, entre annonces et contre-annonces – par exemple, les 500 millions du mois de novembre qui ont disparu hier à midi pour réapparaître à 14 heures… Certaines de ces mesures sont bienvenues, notamment l'annulation de la hausse de la CSG. Dès l'année dernière, nous avions d'ailleurs proposé de faire passer le seuil de déclenchement à 3 000 euros – ce montant ne sort pas d'un chapeau : il correspond au loyer mensuel moyen d'un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) en région parisienne. Le seuil de 2 000 euros, s'il reste insuffisant, représente tout de même une avancée.

Nous constatons aussi qu'après avoir refusé de nous entendre pendant dix-huit mois, certaines de nos mesures sont reprises : la revalorisation du chèque énergie, qui figurait l'année dernière dans notre contre-budget, ou le maintien de la « niche Copé » dans son périmètre actuel. Mais ces annonces laissent de côté une partie de la population : les chômeurs, par exemple, n'auront rien.

Faisons bien attention à utiliser les bons mots pour ne pas susciter de déceptions – je pense à l'annonce concernant les 100 euros de SMIC. Que la revalorisation se fasse en fonction des revenus des ménages ne me semble pas totalement imbécile, au contraire. Mais la prime exceptionnelle défiscalisée ne touchera pas tout le monde. Dans la mesure où elle est facultative, elle ne sera offerte que par certains grands groupes. Les très petites entreprises (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME) auront du mal à la verser ; et plus le salaire est élevé, plus l'avantage est élevé. C'est un peu la même logique qui prévaut pour la défiscalisation des heures supplémentaires, qui n'avantage pas, ou très peu, les bas salaires, sans oublier, un rapport parlementaire récent l'a montré, que cette mesure risque de détruire un grand nombre d'emplois.

Au lieu de vous attaquer au partage de la valeur ajoutée à l'intérieur des entreprises et de favoriser de véritables augmentations de salaire, vous mettez en place un régime d'exonération fiscale et sociale, qui ne sera pas compensé – c'est une première ! – par l'État. Quant au financement de ce plan de 10 milliards d'euros, ce n'est pas la voie que nous aurions retenue, puisqu'elle ne met à contribution ni les multinationales ni les bénéficiaires de la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

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Ce projet de loi essaie de répondre à la revendication principale des « gilets jaunes » sur la question de la vie chère, en lâchant un peu de lest, mais sans revenir sur ce que vous appelez le cap de votre politique : rien sur la question du partage des richesses et de la valeur ajoutée ; rien sur une fiscalité plus juste ; au final, des mesures qui seront payées par la collectivité nationale, et non pas par tous ceux qui, grâce à votre politique, se font beaucoup d'argent sur le dos de tous ceux qui produisent des richesses. C'est le déficit qui va payer ; c'est la baisse des dépenses publiques ; c'est la sécurité sociale.

En outre, certaines mesures seront contre-productives. La défiscalisation des heures supplémentaires, sur laquelle nous reviendrons, sera une trappe à créer du chômage. Certains d'entre vous, dans leurs réponses aux Républicains, l'avaient d'ailleurs noté… La prime d'activité dont vous nous parlez est tellement nébuleuse que, pour l'instant, les Français croient ce qu'a dit le Président de la République et s'imaginent que 5 millions de foyers bénéficieront d'une prime d'activité de 100 euros ; or, nous le savons, ce que nous avons voté la nuit dernière ne permettra même pas à la moitié de ces gens d'en bénéficier. Nous n'avons toujours pas réussi à faire dire au ministre la vérité sur ce sujet. Il n'y aura pas 5 millions de foyers qui auront 100 euros supplémentaires : c'est une vraie entourloupe.

Globalement, vous épargnez les riches et le patronat. Globalement, vous avez fait le choix de mesures partielles qui laissent de côté les chômeurs, les jeunes, l'outre-mer et les fonctionnaires. On ne doit pas augmenter le salaire en défiscalisant les heures supplémentaires, ce qui crée du chômage, mais augmenter le salaire tout court. On estime que ce projet de loi ne correspond pas aux attentes du pays. Il s'inscrit également dans un mauvais contexte économique, comme le rappelle la une du Monde : une croissance inférieure de moitié aux prévisions pour le quatrième trimestre, trois fois moins d'emplois créés en 2018 par rapport à 2017, et le tout dans un contexte international qui n'est pas fameux…

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Autant vous dire que, si nous ne parvenons pas à lui faire changer de cap, votre politique nous réserve malheureusement, comme à la population française, de fort mauvaises surprises pour l'année à venir.

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Ce projet de loi est, pour les députés communistes, très décevant. Il se borne à des mesures en trompe-l'oeil qui vont coûter, au bas mot, 10 milliards d'euros, payés par les contribuables français. Il n'y a pas de hausse des salaires, comme cela a été annoncé. Il faut que le travail paie, dites-vous. Mais avec votre mesure, les salariés resteront des assistés : ils devront percevoir en fait une allocation de hausse des salaires, sauf pour ceux qui accepteraient de travailler plus pour gagner plus. Il n'y a pas non plus de prime pour les fonctionnaires : les salariés du public sont les grands oubliés de votre plan de mesures. Enfin, il n'y a pas d'indexation des retraites sur le coût de la vie, alors que c'était une demande forte de la part des retraités. Vos mesures contribueront enfin à creuser les inégalités entre les salariés selon qu'ils vivent seuls ou en couple ; et ce sont les femmes qui le paieront le plus cher.

Nous allons vous proposer, dans nos amendements, une vraie hausse du SMIC, une indexation des retraites sur l'inflation, des mesures pour financer un véritable plan de redressement économique et du pouvoir d'achat. Les salariés doivent pouvoir vivre dignement de leur travail.

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Sur les cinq mesures proposées, il y en a deux de bonnes : le gel de fiscalité de l'énergie voté pour quatre ans – au moins est-il acquis pour 2019 – et l'exonération pour les heures supplémentaires : nous revenons en 2007 ! Peu de députés de cette époque sont encore là, mais notre président doit s'en souvenir…

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En revanche, la prime exceptionnelle est inadaptée. Quant aux petites retraites et à la revalorisation des travailleurs modestes, ces questions ne sont pas traitées par les mesures proposées.

La prime exceptionnelle est facultative et seuls les salariés du privé peuvent en bénéficier. Pourquoi les fonctionnaires et les indépendants en sont-ils exclus ? On espère qu'un quart des salariés en bénéficieront. Mais nous avions vu, après 2007, qu'elle profite d'abord aux salariés qui ont déjà les meilleures rémunérations : banques, assurances, pétrole… En revanche, allez voir dans le commerce ou dans le textile ! Cette mesure contribuera à augmenter les inégalités au sein des salariés du privé.

L'article 2 est très bien. C'est ce que nous avions fait en 2007. Vous refusiez l'exonération hier, vous l'acceptez aujourd'hui… Mais c'est très bien ! Reste toutefois un problème, soulevé par le président Woerth, à propos de la CSG et de la CRDS. De mémoire, à l'époque, l'exonération avait été totale.

S'agissant de la troisième mesure, d'après ce que je lis dans la presse, vous en auriez tous ras-le-bol des « technos », à La République en Marche et au MoDem, ce en quoi vous avez raison. Mais en supprimant la hausse de la CSG pour la moitié de ceux qui l'ont subie, soit quatre des huit millions de personnes, vous allez vous prendre les pieds dans le tapis, parce que vous ne résolvez pas le problème des petites retraites, à l'exception du minimum vieillesse, qui concerne un million de personnes. Pour les quatre millions de petites retraites, rien n'est prévu. Vous améliorez paradoxalement le pouvoir d'achat du tiers des retraités qui ont subi la hausse de 1,7 point de la CSG, mais vous en restez à 0,3 % de revalorisation pour toutes les petites retraites, à l'exception du minimum vieillesse réévalué de 4,2 %. C'est intenable !

Pour ce qui est de l'article 4, qui concerne la revalorisation des bas salaires, le Gouvernement a eu raison de ne pas donner de coup de pouce au SMIC, ce qui reviendrait à détruire l'emploi des gens peu qualifiés. En revanche, pourquoi avoir utilisé la prime d'activité qui n'est pas une prime d'activité, mais une prime de revenus destinée à venir en aide aux foyers qui ont des revenus modestes ? Ce faisant, vous ne ciblez que 55 % de nos concitoyens gagnant le SMIC. La bonne solution, dont nous rêvons depuis vingt ans à la commission des finances, c'est de jouer sur la part salariale des cotisations sociales. Notre famille politique l'avait bien proposé, mais nous nous heurtons à la jurisprudence constitutionnelle. Mais il existe un moyen de la contourner : ce serait que l'État rembourse à chaque entreprise l'équivalent de ces cotisations sociales. Je rappelle qu'il reste 170 euros sur un SMIC. Ce mécanisme aurait permis de revaloriser les bas salaires jusqu'à 1,3 SMIC.

En conclusion, notre groupe ne votera pas le texte. Sur les deux problèmes centraux, les petites retraites et les petits salaires, dans un cas, vous aggravez le mal et, dans l'autre, vous ne le résolvez même pas à moitié.

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Monsieur le président, vous avez commencé par dire que nous ne manquions pas de dépenses dans notre pays, ce en quoi vous avez sans doute en partie raison, et qu'elles ne trouvaient pas toutes de financement. Mais immédiatement après, vous nous recommandiez de faire bénéficier toutes les personnes au SMIC de la mesure concernant la prime d'activité, y compris celles dont le RFR familial est très élevé. Pour être habituelles, ces contradictions ne nous surprennent pas totalement, mais quand même…

Nous utilisons la prime d'activité, parce que c'est un mécanisme qui permet d'agir vite et qui prend en compte la conjugalisation, Madame Louwagie. Notre choix est celui de l'extension. M. de Courson affirme que tous les tous les salariés au SMIC ne bénéficieraient pas de l'augmentation. Mais il ne faut pas raisonner qu'au niveau du SMIC : il y a des salariés qui gagnent 1,2, 1,3, 1,4 ou 1,7 SMIC. Telle que nous l'adoptons, la disposition permet d'intervenir au niveau des familles monoparentales jusqu'à 2 240 euros. Votre choix est le contraire du nôtre, à moins de dépenser des milliards, ce qui n'est pas votre culture, me semble-t-il. Nous, nous faisons le choix de la justice sociale en faisant passer le plafond du dispositif existant de 200 à 300 euros, pour les personnes seules, les couples, les familles monoparentales avec un enfant, les couples avec plusieurs enfants. Nous sommes très clairs : je suis radicalement opposé à la proposition qui confinerait la prime d'activité dans un spectre de revenus très étroit : cela reviendrait à défavoriser beaucoup de personnes, beaucoup de femmes notamment. Nous faisons le choix des femmes, qu'elles aient un conjoint ou pas, qu'elles aient un enfant ou pas. Beaucoup de personnes sur les ronds-points étaient des femmes seules, qui gagnent 1 000, 1 100, 1 200 euros, parfois 1 300 ou 1 400 euros avec un enfant : nous les accompagnons pour des revenus allant jusqu'à 1 700 euros.

Nous n'allons pas épiloguer sans arrêt sur 90 ou 100 euros : l'augmentation est bel et bien de 100 euros. Vous l'avez tous parfaitement compris, et c'est précisément pour cela que vous y revenez sans cesse : vous voulez faire passer l'idée que la parole publique, celle du Président de la République en l'occurrence, se déconsidère. Libre à vous, mais à vos risques et périls ! Avec mes collègues, je considère que la parole est respectée. Dans ces 100 euros, 16 euros correspondent à l'augmentation du SMIC – du fait des cotisations sociales, cela ne fera pas tout à fait 16, mais un peu plus de 10. Soit dit en passant, si le SMIC avait été augmenté de 100 euros, ce ne sont pas 100 euros qui seraient allés à nos concitoyens, mais plutôt 60 ou 70. Or là, pour le coup, ce sont bien 100 euros « béton » pour nos concitoyens !

S'agissant des heures supplémentaires, nous défiscalisons. Nous ne supprimons pas les cotisations CSG et CRDS. Nous aurions pu faire l'un à la place de l'autre : pourquoi la défiscalisation plutôt que la baisse de cotisations sociales ? Il y a un argument politique : nous considérons que la CSG, mais aussi la CRDS qui est sans doute amenée à disparaître, est le moyen moderne de financer notre protection sociale, dans la mesure où c'est une contribution qui porte sur l'ensemble des revenus, y compris les revenus de remplacement et ceux du capital. Il faut prendre garde à ne pas miter l'assiette de recettes liées à la CSG. Ce choix va donc bien au-delà du seul aspect budgétaire : cela renvoie à notre conception d'une protection sociale universelle, où l'ensemble des revenus contribuent et où l'ensemble des concitoyens bénéficient.

Merci à Olivia Gregoire d'avoir réexpliqué plusieurs points.

Madame Louwagie, je crois vous avoir répondu sur le sujet des femmes. Et pour ce qui est des délais de présentation du texte, nous faisons comme nous pouvons, dans l'urgence.

Monsieur Mattei, je vous ai répondu sur les 100 euros et les heures supplémentaires. J'entends qu'il faut mener une vraie réflexion sur les bas salaires et je vois dans votre remarque une invitation à travailler ensemble et à creuser le sujet.

Madame Pires Beaune, j'aimerais discuter avec vous de l'ISF et de la flat tax, sur lesquels j'aurais beaucoup à vous dire. On a l'impression que la flat tax est une espèce d'OVNI qui a surgi en 2017. Or elle existe depuis la nuit des temps, à ceci qu'elle s'appelait « prélèvement libératoire ». À l'époque, les personnes qui avaient des revenus du capital pouvaient faire le choix de ne pas être imposées à l'impôt progressif sur le revenu, mais à un impôt forfaitaire. À l'époque de François Mitterrand, ce prélèvement libératoire était de 18 % – aujourd'hui, il est de 30 %.

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Mais on ne peut pas défendre nos amendements !

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Vous l'avez déjà dit, hier, monsieur Coquerel, dans l'hémicycle ! Cela ne nous a pourtant pas empêchés d'en discuter pendant trois quarts d'heure.

À l'époque de Lionel Jospin, la flat tax était de 25 %, cotisations sociales comprises. En clair, les gouvernements de gauche – mettons entre parenthèses le mandat précédent, durant lequel j'avais voté avec Mme Pires Beaune en faveur de l'alignement de la fiscalité des revenus du capital sur ceux du travail, un choix sur la pertinence duquel je m'interroge aujourd'hui – appliquaient une flat tax, ou prélèvement libératoire, dont le taux était inférieur à la flat tax d'aujourd'hui.

Mais revenons au sujet qui nous occupe. Permettez-moi, monsieur Roussel, de nuancer vos propos « carrés de chez carré », pour ne pas dire caricaturaux. Vous savez tous qu'il est impossible de généraliser de manière autoritaire la hausse du SMIC à toutes les entreprises, car bon nombre d'entre elles se trouveraient en grande difficulté au point de décider de se séparer de certains employés. Vous ne pouvez pas le nier ! On pourra toujours citer l'exemple d'une entreprise florissante qui pourra s'en accommoder…

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… mais la réalité est plus nuancée que votre présentation trop systématique !

Quant aux fonctionnaires, à défaut de profiter de toutes les mesures, ils bénéficient tout de même de deux d'entre elles, et non des moindres : la prime d'activité avec l'extension que j'ai évoquée, qui concernera plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires, et la défiscalisation des heures supplémentaires. Comme vous, je m'interroge depuis longtemps sur la pertinence de ce dernier point ; et, là encore, nous ne pouvons pas raisonner de manière systématique. Dans certains cas, il est vrai que le recours aux heures supplémentaires peut empêcher la création d'emplois ; mais dans de nombreux autres cas, en revanche, ces heures supplémentaires sont en quelque sorte structurelles, par exemple dans le secteur des bâtiments et travaux publics, de l'hôtellerie-restauration, de l'enseignement. La suppression des deux ou trois heures supplémentaires qu'effectue un enseignant ne permet pas de créer un poste supplémentaire !

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Cela fait six mois que nous vous le répétons !

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En somme, le raisonnement vaut dans quelques cas mais ne vaut pas dans de nombreux cas. Je vous remercie donc que nos échanges puissent être constructifs et nuancés.

À mon sens, monsieur de Courson, il ne faut pas – je l'ai dit – miter l'assiette de la CSG et de la CRDS ; c'est mon avis et je comprends que l'on puisse ne pas le partager. Vous souhaitez baisser les cotisations salariales…

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Soit : restituer ces cotisations, en quelque sorte, tout en veillant à ce que les revenus des salariés augmentent grâce à la diminution des cotisations. Étant donné le niveau de la prime d'activité, les cotisations salariales ne suffisent plus ! La prime d'activité peut atteindre 400 voire 500 euros pour certaines personnes : l'équivalent en cotisations salariales n'existe plus ! Autrement dit, nous juxtaposerions plusieurs dispositifs, ce qui compliquerait les choses. La piste choisie me semble donc être la meilleure.

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Permettez-moi une remarque : lorsque l'opposition soulève certains points, elle ne fait pas état de ses propres choix. Elle a simplement écouté les propos du Président de la République, et elle s'abstiendra ou votera en faveur de certaines des mesures proposées. Le Président de la République a parlé, vous avez décidé des moyens que vous consacreriez à mettre en oeuvre sa parole, et nous pouvons quant à nous constater que des décalages existent.

Quant à la CSG, elle n'est pas incluse dans la mesure relative aux heures supplémentaires et les salariés n'en sont pas exonérés au motif, selon vous, que cela miterait le financement de la protection sociale ; mais vous acceptez de la baisser pour certains retraités sans la compenser du côté de la sécurité sociale… Autrement dit, il y a deux poids deux mesures.

Article 1er : Exonération sociale et fiscale de la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat

La commission examine l'amendement CF25 de M. Éric Coquerel.

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Si j'ai réagi ainsi, monsieur le rapporteur, ce n'était pas par énervement mais simplement parce que nous ne pouvons pas défendre des amendements relatifs à la flat tax, à l'ISF ou aux GAFA. Y répondre sans que nous puissions les défendre me semblait paradoxal.

L'amendement CF25 vise à corriger un des défauts majeurs de la prime défiscalisée, qui tient au fait que c'est à l'employeur et à lui seul de décider s'il l'accorde – étant précisé que cela peut susciter un effet d'aubaine concernant les primes qu'il avait été prévu de verser et qui se trouveront défiscalisées – sans que les salariés aient leur mot à dire, alors même que l'on nous parle de dialogue social dans les ordonnances sur le travail ou encore de participation des salariés dans le projet de loi relatif à la croissance et à la transformation des entreprises (« PACTE »).

Nous proposons donc que les représentants des salariés puissent être eux-mêmes à l'initiative du déclenchement de cette prime. L'employeur pourra naturellement le refuser, mais à condition de produire des preuves attestant de son impossibilité de verser cette prime nette des cotisations sociales. Une telle mesure favoriserait la démocratie sociale et, surtout, serait plus efficace au regard de l'effet recherché, c'est-à-dire la redistribution de pouvoir d'achat.

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Il s'agit a priori d'une opération unique, même si nous pouvons présager de ce qu'il en adviendra les années suivantes. Le projet de loi prévoit que cette prime est versée sur la base d'un accord d'entreprise. Ne créons pas une usine à gaz pour un événement exceptionnel. Vous souhaitez le formaliser mais les salariés savent que le dispositif existe et rien ne les empêche, en fonction des relations qui existent au sein de l'entreprise, de solliciter le chef d'entreprise en ce sens. Restons-en donc à l'accord d'entreprise pour cette opération unique. Avis défavorable.

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Avez-vous analysé toutes les conséquences induites par le versement de cette prime défiscalisée pour ce qui touche à la taxe d'habitation, aux minima sociaux, à l'aide personnalisée au logement ? Sommes-nous sûrs que cette mesure n'induira aucune conséquence ? Il ne faudrait pas annoncer une hausse du SMIC de 100 euros assortie d'une prime éventuelle si les gens se retrouvent au final à devoir payer un surcroît de taxe d'habitation… Il faut leur dire la vérité, et les mettre en garde contre d'éventuels effets de seuil. Tout cela a-t-il été analysé ou a-t-on décidé de figer ces sommes pour éviter toute conséquence ? Ce n'est qu'une question.

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Je défendrai, ce qui répondra à la préoccupation de M. Pupponi, un amendement visant à ce que cette prime ne soit pas comptabilisée dans le RFR. Faute de quoi, il pourrait en résulter de multiples effets de seuil susceptibles de mettre en difficulté une partie des bénéficiaires.

Je remarque par ailleurs que, dans une circonscription comme la mienne, très peu d'entreprises seront en mesure d'accorder cette prime en tout ou partie. Je crains donc qu'elle ne donne lieu à des attentes insatisfaites, mais aussi à des difficultés dans certaines entreprises où les salariés – cela se comprend – la réclameront et auront une réponse négative. Tout n'est pas si simple dans les entreprises ! J'alerte donc l'ensemble de nos collègues : le risque existe de décevoir ceux qui ne bénéficieront pas de la prime et, par ailleurs, de crisper un certain nombre d'entreprises.

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Alors que les événements récents devraient inciter la France à se rassembler, cette mesure divise ; elle divise les ouvriers des grandes et des petites entreprises entre eux, et je ne trouve pas cela très digne.

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Seriez-vous favorable, monsieur le rapporteur, à un alinéa qui permettrait de balayer toutes les hypothèses afin de garantir que cette prime n'entre pas dans le calcul d'une quelconque prestation ou autre seuil d'exonération ? En l'état, le texte n'en dit rien. Il serait prudent d'y remédier.

D'autre part, vous n'avez pas répondu à ma question : pourquoi les fonctionnaires et les indépendants ne bénéficient-ils pas de cette prime ? Les indépendants, notamment, pourraient se verser à eux-mêmes une prime défiscalisée de 1 000 euros, par exemple. Pourquoi n'est-ce pas possible ? Ces deux catégories représentent tout de même 35 % de la population !

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Une lecture rapide du texte semble indiquer qu'elle n'y entre pas, sauf erreur de ma part – M. le rapporteur pourra nous le confirmer. Quoi qu'il en soit, accorder la prime est un choix et il faut l'envisager comme une possibilité extrêmement intéressante, puisqu'il s'agit d'une prime nette défiscalisée qui tombe dans la poche du salarié. C'est un choc déterminant. J'entends certes que certaines entreprises auront du mal à l'utiliser : la prime s'élèvera ici à 200 euros, là à 300 euros et chacun fera selon ses moyens. Il peut certes exister une certaine concurrence entre salariés, mais cela relève de la vie des entreprises.

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Cette prime sera-t-elle prise en compte dans le calcul des ressources ouvrant des droits à la prime d'activité ?

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J'ai naturellement soulevé la question, monsieur Pupponi, des incidences de la prime sur les autres prestations, et je ne suis pas certain d'avoir obtenu une réponse définitive ; le débat pourra se poursuivre en séance. À ce stade, je crois que cette prime n'est pas prise en compte dans le revenu fiscal de référence, mais cela mérite d'être confirmé.

Sur le fond, il faut envisager ce projet de loi de manière globale et ne pas examiner l'article 1er avec des oeillères. Il contient la seule mesure quelque peu aléatoire du texte ; les autres sont beaucoup plus cadrées et systématisées. Il s'agit d'une option supplémentaire pour ceux qui peuvent ou veulent s'en saisir ; ne la considérons pas pour plus que ce qu'elle est. Les choses se passent plus ou moins bien selon les entreprises en termes de dialogue social et de confiance. Selon moi, les salariés tenteront de se saisir de cette mesure en interpellant la direction de leurs entreprises. Convenons quoi qu'il en soit qu'il s'agit d'une mesure quelque peu aléatoire, au coup par coup ; tant mieux pour ceux qui pourront en profiter. Ce n'est pas une mesure de portée générale.

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L'étude d'impact ne dit rien de l'impact, précisément, de cette mesure. Des déclarations gouvernementales ont fait état d'une prime exceptionnelle de l'ordre de 1,8 milliard d'euros, et d'un montant moyen de 400 euros. Un tel montant correspond grosso modo à 25 % des salariés, autrement dit quelque 4,5 millions de personnes. Pouvez-vous nous expliquer d'où sortent ces chiffres ?

En outre, j'appelle l'attention de la commission sur le fait que cette mesure entraînera une baisse des recettes d'impôt sur les sociétés et, dans une certaine mesure, d'impôt sur le revenu, puisqu'il s'agit d'une charge déductible. La perte au titre de l'impôt sur les sociétés s'élèverait sans doute à 300 millions d'euros ! Pouvez-vous nous éclairer ?

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Je ne peux que conserver la tonalité de ma réponse à votre précédente question : il s'agit d'une mesure soumise à des aléas, y compris en ce qui concerne le nombre de bénéficiaires, le coût pour les entreprises et pour l'État. On peut en effet penser que la recette de l'impôt sur les sociétés diminuera mais, à l'inverse, la prime allouée aux salariés permettra d'injecter un surcroît d'argent dans l'économie, d'où une hausse du produit de la TVA. Je ne peux vous donner aucun chiffre à ce stade : l'évaluation se fera en temps utile.

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Elle aurait pu figurer dans l'étude d'impact…

La commission rejette l'amendement.

Elle passe à l'amendement CF26 de M. Éric Coquerel.

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Dans la même veine que le précédent, cet amendement vise à limiter le fait du prince lors de l'octroi de cette prime en soumettant cette décision à l'accord des représentants des salariés. Vous avez parlé d'usine à gaz, monsieur le rapporteur : il me semble assez simple que des représentants de salariés sollicitent leur employeur et que l'octroi de la prime soit décidé de manière collective. Cela n'a rien d'une usine à gaz ; au contraire, c'est une mesure favorable au dialogue social.

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L'amendement balance entre tout et rien mais, au regard du propos que vous venez de tenir, rien n'empêchera les salariés de consulter leur employeur et d'activer le dispositif prévu, dans le cadre du dialogue social. Je répète que cette disposition est aléatoire et constitue une possibilité qui ne pourra pas être généralisée. Avis défavorable.

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Je précise qu'il s'agit d'un amendement très léger qui ne consiste qu'à supprimer le caractère unilatéral de la décision et, ce faisant, à ouvrir la possibilité d'un dialogue social. J'insiste : il ne s'agit que de supprimer une phrase pour laisser aux uns et aux autres la possibilité de dialoguer s'ils le souhaitent.

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Comme beaucoup, je m'interroge sur l'impact macroéconomique de cette mesure et sur son incidence sur la compétitivité d'un certain nombre d'entreprises. Cela étant, les choses vont dans le bon sens – celui du dialogue social et de la discussion entre patrons, syndicats, ouvriers et salariés, ce qui est très bien. On agit dans l'urgence en réponse à une grogne sociale ; soit. Ne serait-ce pas l'occasion d'élargir la démarche en mettant à jour les procédures de participation dans les entreprises ? Si ces procédures avaient fonctionné comme elles l'auraient dû, nous n'en serions pas à discuter de l'opportunité d'une prime exceptionnelle, car ces décisions se prendraient au quotidien, au fil de la gestion des entreprises.

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Dans les entreprises, madame Rubin, les gens se parlent. Je m'étonne de la proposition que vous faites : au quotidien, le dialogue existe, et il est légitime que le chef d'entreprise soit le décisionnaire final. J'ignore si vous avez déjà travaillé en entreprise mais les gens se fréquentent et se parlent. Il faut sortir de cette vision binaire de l'entreprise.

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M. Coquerel a posé à juste titre la question du contrôle de ces primes. J'ai entendu dire que certaines entreprises, par exemple, transformaient des primes de fin d'année en heures supplémentaires pour bénéficier de mesures de défiscalisation ou de réduction de charges. Je crains que des primes existantes soient également transformées pour bénéficier du même effet d'aubaine. Y aura-t-il une évaluation ? Quels contrôles envisagez-vous de mettre en place ?

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Ce risque a été identifié et une clause permet de l'empêcher.

La commission rejette l'amendement.

La commission est saisie de l'amendement CF6 de M. Jean-Paul Dufrègne.

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Le présent amendement vise à rendre obligatoire le versement d'une prime exceptionnelle de 1 000 euros pour les entreprises d'au moins 250 salariés qui ont distribué des dividendes au cours du dernier exercice clos, afin que les entreprises très profitables qui n'auraient pas l'intention de verser une prime soient obligées de le faire.

Nous sommes conscients du fait que cet amendement rédigé « à l'arrache » ne répond pas à toutes les situations, notamment à celle des fonctionnaires, dont l'indice est bloqué depuis longtemps, ce qui justifierait qu'ils bénéficient eux aussi du versement d'une prime, et nous serions donc favorables à la tenue d'une grande négociation nationale entre les partenaires sociaux.

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Comme vous le savez, monsieur Dufrègne, l'État ne verse pas beaucoup de dividendes…

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Je ne parlais pas des dividendes qui seraient versés par l'État – cela dit, cela n'aurait rien d'étonnant, avec les services publics de plus en plus payants…

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Ce débat de trois heures que vous nous proposez, monsieur Dufrègne, je vous suggère de l'inscrire plutôt dans le débat de trois mois qui va se tenir début 2019.

La commission rejette l'amendement.

Puis elle émet un avis favorable à l'adoption de l'article 1er sans modification.

Après l'article 1er

La commission examine l'amendement CF22 de Mme Valérie Rabault.

La commission rejette l'amendement.

Elle est saisie de l'amendement CF19 de M. Éric Ciotti.

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L'amendement CF19 vise à demander au Gouvernement de remettre au Parlement un rapport faisant état des mesures mises en oeuvre pour procéder au paiement des heures supplémentaires dues aux forces de l'ordre.

Hier, le ministre de l'intérieur a indiqué que ces heures supplémentaires non payées représentaient un total de l'ordre de 275 millions d'euros – une somme qu'Éric Ciotti évalue plutôt à 300 millions d'euros, ce qui fait environ 2 000 euros par agent. C'est colossal, et nous traînons ce problème depuis des années !

Le ministre de l'intérieur ayant indiqué son intention de se pencher sur la question très prochainement, Éric Ciotti souhaite que le Gouvernement produise un rapport avant la fin mars 2019, afin de savoir quelles solutions sont proposées.

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Hier, le ministre de l'intérieur a annoncé dans l'hémicycle le versement aux forces de l'ordre d'une prime exceptionnelle représentant environ 34 millions d'euros, soit 10 % du montant des sommes que vous évoquez – mais n'ayant pas le même objet, j'en conviens. Cela dit, si le problème que vous soulevez est bien réel, je ne pense pas que votre amendement soit de nature à le régler ; c'est pourquoi j'y suis défavorable.

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Je m'associe à l'amendement de M. Ciotti car j'estime que le rapport demandé sera utile, même si le non-paiement des heures supplémentaires des policiers et des gendarmes est un problème qui n'a rien de nouveau.

Par ailleurs, je veux revenir un instant sur l'amendement CF22, appelé durant le court moment où je me suis absentée, et rejeté sans débat. Je vous invite à réfléchir à cet amendement, que je redéposerai en séance, et ayant pour objet de mettre fin à la situation dans laquelle peut se trouver une salariée qui, du seul fait de son congé maternité, n'a pas perçu une prime dès lors que celle-ci est expressément subordonnée à la participation effective à une activité de l'entreprise.

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Notre collègue Ciotti a raison de soulever le problème des heures supplémentaires non payées aux membres des forces de l'ordre. Je n'ai pas compris pourquoi, la nuit dernière, le Gouvernement n'a pas ouvert les 300 millions d'euros qui auraient permis de payer ces heures. Il serait pourtant grand temps de le faire, car tant les gendarmes que les policiers se demandent quand ils seront enfin payés et si les sommes qu'ils percevront le moment venu bénéficieront du dispositif d'exonération. M. le rapporteur général pourrait-il nous éclairer sur ce point ?

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Je rappelle que le problème est le même au sein des établissements hospitaliers.

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Mme Dalloz a parfaitement exposé les motivations de mon amendement CF19, qui soulève la question extrêmement importante – et d'actualité – de la reconnaissance de la Nation à l'égard de nos policiers, qui se sont montrés exemplaires au cours des graves événements auxquels notre pays s'est trouvé confronté en cette fin d'année, qu'il s'agisse de l'attentat de Strasbourg ou des manifestations ayant lieu depuis le mois de novembre. Au moment où des mesures sociales sont prévues pour répondre aux revendications exprimées par une partie de la population, nous devons également prendre en compte les revendications légitimes des personnels de nos forces de l'ordre, parce que cela correspond à une dette qu'a l'État envers eux, et qu'il serait illégitime de laisser s'accumuler indéfiniment.

En outre, ne rien faire met en péril les capacités opérationnelles de nos forces de l'ordre, car en vertu d'un système pervers, le stock constitué par les heures supplémentaires non payées ne peut être récupéré par chaque agent qu'en fin de carrière, ce qui contraint des milliers de policiers à partir en retraite un, deux ou trois ans avant le terme prévu : de ce fait, les augmentations d'effectifs annoncées se trouvent totalement effacées, ce qui est totalement stupide d'un point de vue opérationnel.

En tout état de cause, le simple souci de témoigner de notre reconnaissance unanime à l'égard des professionnels des forces de l'ordre – à plusieurs reprises, nous nous sommes levés sur tous les bancs de l'hémicycle pour leur rendre hommage – doit nous conduire à faire en sorte de trouver une solution pour que les heures supplémentaires qui leur sont dues – pour un montant que le ministre de l'intérieur, répondant hier à ma question, a évalué à 270 millions d'euros, soit bien plus que le montant de la prime annoncée par le Gouvernement, qui ne représente que 10 % du total – leur soient enfin payées.

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Je soutiendrai moi aussi cet amendement, qui présente également l'intérêt de nous permettre de comprendre comment nous en sommes arrivés à la situation actuelle : la suppression notamment de 10 000 postes de policiers et de gendarmes durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, s'est inévitablement traduite par l'obligation pour les personnels restés en poste de faire des heures supplémentaires – mais le raisonnement vaut pour tous les secteurs de la fonction publique où le travail des personnels revêt la forme d'une servitude qui les empêche de refuser d'effectuer des heures supplémentaires.

Le rapport demandé peut nous éclairer sur l'ampleur de la perte de pouvoir d'achat des policiers, mais aussi sur le nombre de fonctionnaires qui serait nécessaire pour accomplir la tâche que l'on attend d'eux. Il serait d'autant plus intéressant de connaître cet élément que l'état de fatigue – pour ne pas dire d'épuisement – des policiers, au-delà de l'hommage qu'ils méritent, est très certainement à l'origine de certains actes qu'on peut considérer comme anormaux, commis par eux au cours des opérations de maintien de l'ordre face aux manifestations des « gilets jaunes ».

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Si nous reconnaissons tous le mérite des forces de l'ordre, je veux rappeler que des négociations sont en cours avec le ministre de l'intérieur et qu'il est donc sans doute un peu prématuré de demander ce type de rapport, a fortiori dans un délai aussi court.

Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que l'accumulation des heures supplémentaires ne date pas d'hier, et que celles-ci ayant été effectuées avant la loi que nous nous apprêtons à voter, elles seraient fiscalisées et socialisées si elles étaient payées en 2019, ce qui pourrait poser problème aux personnels concernés. Laissons se dérouler les négociations en cours avant de songer à la rédaction d'un rapport. Le groupe La République en Marche votera contre cet amendement.

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Ce sujet éminemment important mérite que vous redéposiez votre amendement afin que nous ayons en séance publique un débat sur la question à laquelle il se rapporte, qu'il est au demeurant très légitime de poser – même si, comme vient de le dire Perrine Goulet, le présent projet de loi n'a pas vocation à régler le problème des heures supplémentaires déjà effectuées.

La commission rejette l'amendement.

Article 2 : Exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires

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Avec l'article 2, nous abordons la question des heures supplémentaires et des avantages qui peuvent leur être appliqués sous la forme de défiscalisation et de désocialisation. En vertu d'accords de modulation conclus au sein de certaines entreprises, les salariés effectuent des heures supplémentaires à certains moments de l'année, et voient leur activité réduite à d'autres. À juste titre, ces salariés vont être conduits à faire valoir que, s'ils ont été favorables à ce qu'un accord de modulation leur soit appliqué dans un certain contexte fiscal et social, ce n'est plus forcément le cas dans un autre contexte, où il est plus intéressant de se faire payer ses heures supplémentaires. Peut-on savoir ce qu'il est prévu pour les salariés concernés par des accords de modulation ? Comment pourront-ils être éventuellement amendés ?

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Les accords de modulation ou d'annualisation prévoient le temps de travail de chaque salarié de manière que, sur la totalité de l'année, il effectue 1 607 heures réparties en fonction de la saisonnalité de l'activité sur des semaines de 32 à 37 heures : en principe, tant que l'on reste dans le cadre de l'accord de modulation, il n'y a donc pas d'heures supplémentaires.

Cela dit, au-delà du plafond de 37 heures hebdomadaires, toute heure effectuée devient une heure supplémentaire qui, à ce titre, sera défiscalisée. En fin d'année, un bilan annuel du temps de travail de chaque salarié est réalisé, afin de vérifier s'il a effectué plus de 1 607 heures – auquel cas des heures supplémentaires lui sont payées, avec le bénéfice des mesures de défiscalisation et de désocialisation.

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Dans ce système, il y a cependant beaucoup moins d'heures supplémentaires que lorsqu'elles sont payées à la semaine ou au mois.

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Je ne le pense pas, et c'est une question qui concerne un grand nombre d'entreprises.

La commission est saisie des amendements de suppression CF12 de M. Fabien Roussel et CF28 de Mme Sabine Rubin.

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La mesure consistant, au prétexte de redonner du pouvoir d'achat aux salariés, à défiscaliser et à désocialiser les heures supplémentaires, est dangereuse à plusieurs titres.

En premier lieu, cette mesure ne vise que les salariés en poste et auxquels l'employeur a demandé d'effectuer des heures supplémentaires, laissant le plus souvent de côté les franges les plus précaires du salariat, c'est-à-dire les chômeurs. Cette mesure revient donc à redonner du pouvoir d'achat à certains salariés seulement, au détriment du versement de prestations sociales pour tous, puisque le financement de cette mesure est assuré par des exonérations de cotisations sociales salariales non compensées.

Ensuite, de nombreuses études mettent en évidence le risque que fait peser une telle mesure sur la création d'emplois. En incitant les employeurs à recourir aux heures supplémentaires des salariés en poste, elle décourage les embauches en cas de progression du carnet de commandes des entreprises.

Enfin, cette mesure va à l'encontre du partage du travail.

Pour toutes ces raisons, nous proposons de supprimer l'article 2.

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Mon amendement a le même objet. Les heures supplémentaires ont un impact négatif sur l'emploi : une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a ainsi montré que, depuis les mesures prises sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le recours massif aux heures supplémentaires a détruit 30 000 emplois.

L'allongement du temps de travail a également des répercussions sur la santé des salariés.

Enfin, la désocialisation proposée représente une mesure très coûteuse : l'exonération de cotisations sociales est en effet chiffrée à près de 3 milliards d'euros, soit 0,11 point du PIB selon l'OFCE. De plus, pour la première fois, cette mesure d'exonération ne sera pas compensée par l'État et se trouvera donc entièrement à la charge de la sécurité sociale.

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Le projet de loi comprend plusieurs mesures qui se complètent, et je ne comprends pas ce qui vous conduit à estimer que celles prévues à l'article 2 défavoriseraient les franges les plus précarisées des salariés, ou s'opposeraient à d'autres dispositifs de prestations sociales. La baisse générale de cotisations sociales pour 20 milliards d'euros, appliquée en début de législature, concerne tous les salariés. Évitons d'avoir une vision exclusive des choses : il faut considérer la totalité des dispositifs, qui constituent un ensemble cohérent.

N'oublions pas non plus qu'il y a des heures supplémentaires de nature structurelle, qui ne pourraient de toute façon pas être effectuées grâce à des créations d'emplois.

Par ailleurs, je ne suis pas sûr qu'on ait créé beaucoup d'emplois en 2012, quand on a supprimé les aides aux heures supplémentaires – à ma connaissance, aucune analyse ne le prouve. De tels arguments sont donc très friables, tout comme l'affirmation selon laquelle les heures supplémentaires auraient un impact sur la santé – si l'on peut trouver des études qui le disent, on peut sans doute en trouver qui diront le contraire !

À mon sens, les mesures prévues à l'article 2 vont représenter, pour un grand nombre de Français, une aide au pouvoir d'achat qui va favoriser la consommation des salariés ayant le plus besoin d'effectuer des heures supplémentaires pour préserver leur pouvoir d'achat, donc contribuer à relancer l'économie. Ces mesures n'auront peut-être pas que des avantages, mais il me paraît exagéré de prétendre qu'elles n'auront que des inconvénients, comme le soutiennent les auteurs de ces amendements – auxquels je suis donc défavorable.

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Ceux d'entre nous qui étaient présents en 2007, au début de la législature ayant suivi l'élection de Nicolas Sarkozy, se souviennent de la mise en oeuvre de la mesure ayant consisté à favoriser les heures supplémentaires. Certains affirmaient alors qu'une telle mesure ne servait à rien sur le plan économique, ce qui s'est confirmé un an plus tard, lorsque la crise économique a éclaté. Mais la situation actuelle est bien différente, puisque nous constatons au contraire des tensions sectorielles sur le marché de l'emploi : il est donc permis d'espérer que la mesure proposée aura un effet du point de vue économique. Et l'aspect social de cette mesure, quant à lui, a porté ses fruits.

Monsieur le rapporteur, le coût de ces exonérations a été estimé hier à 2,5 milliards d'euros. Pouvez-vous nous dire si les cotisations sociales seront bien compensées ? Certains collègues ont dit qu'elles ne le seraient pas.

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Je ne crois pas qu'elles le soient : cela a été adopté dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale.

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Cela nous entraîne dans un grand débat, que nous n'allons pas purger à l'instant, sur l'étanchéité ou la compensation entre le budget de l'État et celui des organismes sociaux. Tout dépend de la période, selon que l'on est en déficit de 250 milliards comme c'était le cas il y a quelques années, ou que l'on est à l'équilibre comme aujourd'hui, on ne raisonne pas tout à fait de la même façon. Quand l'État consent beaucoup de dépenses pour relancer l'économie, et que l'activité ainsi créée améliore les contributions des salariés aux différentes caisses d'assurance maladie ou d'allocations familiales, il n'est pas totalement illégitime que l'État considère qu'une partie de ce surcroît de cotisations puisse lui revenir, surtout lorsque les régimes de protection sociale reviennent à l'équilibre alors que l'État reste en grand déficit.

Il n'y a pas de doctrine à avoir ; force est de constater que, à la marge, un certain nombre de dispositions ne feront pas l'objet d'une compensation totale ou partielle à la sécurité sociale.

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La doctrine pourrait être fixée par les principes, plutôt que de se fonder uniquement sur l'état économique des deux entités publiques.

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En janvier 2012, la droite et la gauche de l'Assemblée nationale avaient approuvé un rapport d'évaluation du dispositif, qui avait conclu à l'inefficacité de la défiscalisation. Il y était relevé un coût très important pour le budget de l'État et la destruction de 100 000 emplois.

Effectivement, Monsieur de Courson, la non-compensation à la sécurité sociale a été votée hier dans l'article 36 du projet de loi de finances, et l'exonération de cotisations sociales des heures supplémentaires est prévue à l'article 7 du projet de loi de financement de la sécurité sociale. C'est la première fois qu'il est prévu de ne pas compenser ces exonérations au budget de la sécurité sociale.

J'entends les propos du rapporteur, mais vu l'état de nos hôpitaux, de nos EHPAD et des services à domicile, nous devrions faire cette compensation car les dépenses à venir sont énormes. L'évolution démographique plaide en faveur d'une hausse des versements au budget de la sécurité sociale.

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Je ne comprends pas comment nos collègues peuvent être contre cette mesure qui va plutôt dans leur sens, puisqu'il va en résulter une augmentation du pouvoir d'achat.

De plus, on ne peut pas avoir une vision malthusienne du nombre d'emplois : il n'y a pas un stock d'emplois à se répartir, mais des dynamiques internes. Un surcroît de pouvoir d'achat entraîne nécessairement de la consommation, et nous savons que la propension à consommer des foyers les plus modestes est forte.

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S'agissant tout d'abord des maladies professionnelles, nous savons que ceux qui font des heures supplémentaires payées – les cadres en font beaucoup, mais elles ne sont pas payées – sont généralement ceux dont les métiers sont les plus fatigants. Elles en ont donc d'autant plus d'impact sur leur santé.

Ensuite, il y a d'autres manières de relancer le pouvoir d'achat que de donner 100 euros. La hausse du pouvoir d'achat ne se fait pas forcément par des primes, mais aussi par une augmentation des salaires. C'est une autre option, que je vous invite à envisager.

Enfin, je préciserai plus loin le coût des heures supplémentaires pour la sécurité sociale, qui a pu être chiffré. C'est l'objet d'un prochain amendement, et ainsi M. de Courson aura plus de précisions.

Les amendements identiques sont rejetés.

La commission est saisie de l'amendement CF30 de M. Éric Coquerel.

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Je comprends, monsieur le rapporteur, qu'il ne vous soit pas facile de défendre ce à quoi votre majorité s'opposait il y a quelques semaines, notamment le fait que cette défiscalisation avantage plutôt les revenus les plus élevés… Votre collègue de la majorité Corinne Vignon expliquait dans la motion de renvoi en commission qu'elle défendait en avril dernier : « Du côté des ménages l'exonération d'impôt a procuré des gains très inégaux car l'avantage était croissant en fonction du niveau de revenus en raison de la proportionnalité des cotisations sociales et, plus encore, de la progressivité de l'impôt sur le revenu. En d'autres termes, l'avantage tiré de l'exonération fiscale favorisait les ménages aux revenus de tranche supérieure – car plus un employé est qualifié, plus il est soumis aux heures supplémentaires – et ne bénéficiait pas aux ménages non imposables. »

Vous vous êtes donc opposés à cette défiscalisation, avec des arguments que je partage, à l'instar de Christophe Castaner qui déclarait en 2013 : « La défiscalisation des heures supplémentaires, c'est 4 milliards de coût et 100 000 emplois perdus. » Ces chiffres sont plus élevés aujourd'hui car ils ont augmenté avec l'inflation.

Il est donc évident qu'il y a un problème. M. Chassaing ne comprend pas que nous soyons en désaccord, mais tout cela contourne un problème de fond dans ce pays : le travail ne rapporte pas assez au regard des heures effectuées. Depuis des années, la part des salaires a baissé dans la richesse nationale. Tout le problème est là : le travail n'est pas suffisamment payé par rapport à l'argent qui va au capital. Le contourner en faisant plus travailler les gens et en défiscalisant et désocialisant, ce qui coûte à la sécurité sociale et à l'État, n'est pas un bon système, et cela crée en outre une trappe à chômage.

Je ne suis pas d'accord avec vous, monsieur le rapporteur ; nous ne sommes pas contre les heures supplémentaires de manière générale, mais contre l'avantage qui leur est donné. Si vous avantagez les heures supplémentaires, un chef d'entreprise préférera un emploi qui lui coûtera moins cher grâce aux heures supplémentaires plutôt que d'en créer un qui lui coûtera plus cher.

Suivant l'avis défavorable du rapporteur, la commission rejette l'amendement.

Elle est saisie de l'amendement CF5 de M. Julien Dive.

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Nous proposons un chemin intermédiaire entre les différentes préoccupations qui viennent d'être exprimées et la position du rapporteur. Pour conforter le dialogue social et ne pas faire de la défiscalisation des heures supplémentaires un frein à l'embauche, l'amendement propose tout simplement de plafonner le volume d'heures supplémentaires éligibles au dispositif d'exonération, soit par des dispositions conventionnelles, soit par des dispositions réglementaires.

Ce pourrait être une mesure intermédiaire, moins libérale que celle défendue par le rapporteur, et moins extrêmement sociale que celles de mes camarades de certains groupes politiques.

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Nous nous sommes également interrogés sur l'opportunité de remplacer le plafonnement en montant par un plafonnement en heures. Il y a une objection à cette solution : le plafonnement de la défiscalisation par un contingent d'heures pourrait conduire à plafonner le montant des salariés. J'évoquais notamment le secteur du bâtiment et des travaux publics ou l'hôtellerie-restauration dans lesquels on compte structurellement beaucoup d'heures supplémentaires récurrentes et régulières. Il est possible qu'en plafonnant le nombre d'heures, ces salariés pourraient être pénalisés. Ce point est à creuser pour vérifier qu'il ne fait pas obstacle à la solution que vous proposez.

En l'état, avis défavorable.

La commission rejette l'amendement.

Elle est ensuite saisie de l'amendement CF29 de Mme Sabine Rubin.

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Cet amendement porte sur la désocialisation des heures supplémentaires. Les exonérations de cotisations mettent en péril l'équilibre des finances sociales. Le coût pour la sécurité sociale, en année pleine, de l'exonération des cotisations sociales dues par les salariés sur les heures supplémentaires et complémentaires est estimé à 1,94 milliard d'euros, dont 1,75 pour les seuls affiliés au régime général.

Puisqu'elle ne sera pas compensée par l'État, cette perte de recettes représentera une perte sèche pour la sécurité sociale, mais aussi pour les salariés : c'est ce que l'on appelle du salaire socialisé. Si à court terme, les salariés vont voir les effets bénéfiques de cette exonération à la fin du mois, à long terme, elle entraîne une fragilisation de leur protection sociale, il faut bien le signifier, d'autant que ces heures supplémentaires nuisent à leur santé. Tout cela n'est pas cohérent.

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Madame Rubin, sur la forme, votre amendement ne vise pas le bon alinéa, il faudra que vous vérifiiez d'ici à la séance publique.

Sur le fond, vous proposez de remettre en cause le dispositif, ce qui va à l'encontre de l'objectif de la majorité et du Gouvernement. Je rappelle qu'un des intérêts des heures supplémentaires est de permettre aux entreprises de faire face à des fluctuations, voire à des accélérations des commandes. Il n'est pas toujours facile de mobiliser les salariés, et cette mesure offre un petit encouragement supplémentaire aux salariés pour qu'ils se sentent plus acteurs de leur entreprise et plus concernés par les variations d'activité, et qu'ils jouent un rôle plus moteur. Je pense que cela contribue au dialogue social. Et quand on vit mieux son travail, on est en meilleure santé.

Avis défavorable.

La commission rejette l'amendement.

Elle est saisie des amendements identiques CF16 du président Éric Woerth et CF30 de Mme Marie-Christine Dalloz.

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L'amendement CF16 a déjà été proposé par les députés du groupe Les Républicains lors des débats sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Il prévoyait d'instaurer la désocialisation des heures supplémentaires à partir à compter du 1er septembre 2019.

Le Gouvernement propose d'exonérer d'impôt sur le revenu les heures supplémentaires dès le 1er janvier 2019, et nous avions signalé qu'il n'était pas prévu de les exonérer de la CSG et de la CRDS.

Nous proposons une défiscalisation intégrale, incluant la CSG et la CRDS. Ces deux cotisations représentent 9,7 % du salaire brut : ce n'est pas rien. Dans l'exposé des motifs du projet de loi, à l'article 2, il est prévu de permettre à tous les salariés et les fonctionnaires de ne plus payer ni impôts ni taxes. Je pense que la CSG et la CRDS sont des taxes.

Adopter cet amendement permettrait de faire en sorte qu'il n'y ait vraiment aucun prélèvement pour le salarié sur ces heures supplémentaires.

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Dans son propos liminaire, le rapporteur nous disait que différents articles de presse avaient annoncé une forte augmentation du pouvoir d'achat en 2019. En 2018, le recul du pouvoir d'achat a été de 4,5 milliards d'euros. Par conséquent il faudrait que le pouvoir d'achat progresse de 4,5 milliards pour en revenir au niveau de 2017. Je ne suis pas sûr que les mesures annoncées auront pour effet d'augmenter le pouvoir d'achat de 4,5 milliards d'euros au niveau des ménages.

C'est la raison pour laquelle mon amendement propose une défiscalisation des heures supplémentaires et une exonération des charges sociales sur ces heures supplémentaires. Revenons à l'excellent dispositif adopté sous la présidence de Nicolas Sarkozy, qui avait constitué une mesure de pouvoir d'achat forte pour les Français.

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L'érosion du pouvoir d'achat en début d'année 2018, pour les raisons que j'ai données dans mon propos liminaire, est largement compensée par ce qui a été décidé fin 2018 et en 2019. Je vous rappelle qu'à la fin 2018, nous avons connu la deuxième phase de baisse des cotisations sociales pour un montant de 9 milliards d'euros, et la première tranche de baisse de la taxe d'habitation pour 3,5 milliards. Et nous ajoutons ici 10 milliards.

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Oui, mais je vous parle de 2019, et j'ai expliqué pourquoi ces mesures n'ont pas eu l'impact que nous aurions souhaité en 2018. Ce sont des montants importants qui expliquent les éléments que l'INSEE a rapportés.

Sur la première interrogation de Mme Louwagie, j'ai répondu tout à l'heure que la CSG participe d'un financement universel de la protection sociale, et que nous voulons absolument éviter d'altérer l'assiette de la CSG. C'est le choix qui a été fait.

La commission rejette les amendements identiques.

Puis elle émet un avis favorable à l'adoption de l'article 2, sans modification.

Après l'article 2

La commission est saisie, en discussion commune, des amendements CF9 de M. Fabien Roussel et CF33 de M. Éric Coquerel.

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L'amendement CF9 vise à donner corps à ce que vous affirmez en permanence : il faut que le travail paie. Nous vous prenons au mot et proposons d'augmenter le SMIC de 100 euros nets au 1er janvier 2019, et de 100 euros nets au 1er janvier 2020.

2 millions de salariés sont rémunérés sur la base du SMIC. Les principaux concernés sont les jeunes, les femmes et les personnes occupant des emplois souvent moins qualifiés. Avec le choix de subventionner massivement les bas salaires à travers les allégements généraux de cotisations patronales et le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), sans compter la prime d'activité, l'État se retrouve à financer un salarié payé au SMIC à hauteur de 28 %, en lieu et place de l'employeur. Loin de répondre à la crise de l'emploi, ces politiques ont contribué à créer des trappes à bas salaires. Nous proposons donc de revaloriser ce SMIC plutôt que d'augmenter une prime d'activité qui est supportée par les contribuables.

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J'ai affirmé précédemment que la part des salaires dans la valeur ajoutée avait baissé dans le pays. Elle a pratiquement perdu 10 points entre 1981 et aujourd'hui. C'est bien là que se situe le problème : dans une économie qui n'a jamais produit autant de richesses, le travail est insuffisamment rétribué par rapport au capital.

Ce n'est pas la prime d'activité qui peut y remédier, car nous la payons nous tous, et non la seule valeur ajoutée. Je vous rappelle ensuite que contrairement à des salaires, la prime d'activité n'offre pas de droits supplémentaires à la retraite ou au chômage. Enfin, elle ne joue pas sur le partage des richesses.

Pour toutes ces raisons, nous proposons par l'amendement CF33 d'agir sur la seule arme de l'État en matière de salaires, le SMIC, en le portant à 1 400 euros par mois de façon à produire ce choc de partage des richesses et de pouvoir d'achat.

À ceux qui nous opposeraient que ce serait un choc trop important pour l'économie, je réponds qu'au lieu de distribuer 40 milliards d'euros à toutes les entreprises, sans aucune contrainte, pour des gains extrêmement faibles en matière d'emploi – il y en a eu tout au plus 100 000, et sur plusieurs années –, nous pourrions flécher ces aides vers des secteurs soumis à une forte concurrence, ou qu'il faudrait aider à passer cette étape en attendant que l'effet macroéconomique se fasse sentir.

Vous constatez que nous proposons une autre politique : pour nous, dans ce pays, les gens travaillent assez, mais ne sont pas payés assez.

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Ce sujet revient régulièrement. Outre le fait que les mesures que vous proposez mettraient en danger beaucoup d'entreprises, pas toutes, mais un grand nombre d'entre elles, la prime pour l'activité est beaucoup plus efficace.

Pour nos concitoyens, quels sont les effets de la prime d'activité ? Pour une personne seule au SMIC, en plus de son salaire de 1 200 euros, elle touchera 241 euros de prime d'activité. Pour une famille monoparentale, un adulte et un enfant, ce sont 292 euros en plus du SMIC : une personne au SMIC touchera donc en réalité 1 500 euros, non imposables. Un couple sans enfant touchant le SMIC percevra 208 euros, et un couple avec enfant 407 euros. C'est bien plus efficace que ce que vous proposez, avec beaucoup moins de danger.

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Je relèverai une contradiction. Il y a 5 minutes, on nous disait qu'à travers la défiscalisation et la désocialisation des heures supplémentaires on détruisait de l'emploi. Voici qu'on nous propose d'augmenter le SMIC, alors qu'il est prouvé que cela entraînerait mécaniquement une destruction d'emplois. Alors que faisons-nous ? Nous donnons plus de pouvoir d'achat aux Français et, au travers de la loi « PACTE », au travers des ordonnances travail, nous menons une politique de compétitivité des entreprises. C'est la logique qui est poursuivie avec les mesures annoncées par le Président de la République.

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Arrêtons de dire cela ! En fait de compétitivité des entreprises, votre politique, chers collègues, se limite à mettre de l'argent dans les dividendes ! C'est ce vous dites tout le temps… Le résultat en est l'explosion du montant des dividendes en 2018.

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C'est ce que dit M. Le Maire. Lui l'assume, au moins, en répétant que les profits sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain. Il l'a dit devant nous ! Le résultat, c'est que les dividendes ont certes explosé dans le pays, à ceci près qu'il y a trois fois moins d'emplois créés en 2018 qu'en 2017. Alors, en termes de compétitivité, on fait mieux. En termes de créations d'emploi aussi !

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La productivité tend aussi à ne plus augmenter, et c'est assez inquiétant. C'est plus un problème de sous-capitalisation qu'un problème de surcapitalisation, mais peut-être pouvons-nous nous en rester là pour l'instant…

La commission rejette successivement les amendements.

Elle examine ensuite en discussion commune les amendements identiques CF17 du président Éric Woerth et CF41 de Mme Marie-Christine Dalloz ainsi que l'amendement CF21 de Mme Valérie Rabault.

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Par l'amendement CF17, les membres du groupe Les Républicains proposent de ne pas soumettre aux cotisations patronales les salaires versés au titre des heures supplémentaires, le dispositif proposé ne prévoyant qu'une exonération des cotisations patronales. Ce serait un message important que cette complète exonération de charges des heures supplémentaires, déjà pratiquée au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Et, à défaut de mécanisme particulier pour les cotisations patronales, le montant de la réduction dite « Fillon » pourrait s'en trouver affecté.

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Je veux relever un paradoxe. À la suite de l'adoption de ce projet de loi, l'employeur pourra choisir entre le versement d'une prime exceptionnelle et le recours aux heures supplémentaires. Or vous créez un déséquilibre entre les deux termes de cette éventuelle alternative. Alors que la prime exceptionnelle bénéficie d'une complète exonération, les heures supplémentaires ne sont pas exonérées des charges sociales patronales. Il n'est pas normal que ces mesures de pouvoir d'achat d'effet immédiat soient l'objet d'un traitement différencié. D'où mon amendement CF41.

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L'amendement CF21 vise à garantir la compensation par l'État à la sécurité sociale de l'exonération de cotisations sur les heures supplémentaires proposée par le Gouvernement. Cela représente environ 1,3 milliard d'euros. Alors que les besoins de protection n'ont jamais été aussi prégnants, il nous semble essentiel, conformément à la « loi Veil » de 1994, de préserver le budget de la sécurité sociale et même de nous donner plus de marges de manoeuvre pour une vision à long terme de la santé, du travail, de la jeunesse, de la perte d'autonomie, de la petite enfance ou des retraites.

Par cet amendement, les députés du groupe Socialistes et apparentés vous demandent donc de ne pas déroger au principe de compensation et réaffirment leur attachement au travail socialisé et à une protection sociale fondée sur un principe de solidarité.

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Effectivement, chers collègues membres du groupe Les Républicains, ce que vous proposez avait été instauré dans le cadre de la loi en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat, dite « TEPA », et a depuis été supprimé en raison des effets d'aubaine constatés dans les grandes entreprises. Les exonérations de charges patronales n'ont été maintenues que pour les TPE, pour lesquelles le dispositif reste pertinent ; d'ailleurs, 600 000 entreprises de moins de vingt salariés en bénéficient toujours. Il présente l'intérêt d'éviter le travail au noir et de leur donner de la souplesse face aux aléas et aux fluctuations du carnet de commandes. Un volant d'heures supplémentaires leur permet de s'adapter ; cela justifie ces exonérations.

Cependant, il ne me paraît pas pertinent de présenter comme concurrents les dispositifs respectifs de la prime exceptionnelle et des exonérations. La prime exceptionnelle ne peut être versée que jusqu'au mois de mars, et les entrepreneurs feront leur choix en fonction des fonds disponibles, éventuellement de ce que leur rapportera le CICE ; mais pour faire face à des commandes au mois d'avril ou du mois de mai ils pourront recourir aux heures supplémentaires. Je suis donc défavorable aux amendements CF17 et CF41.

Je suis également défavorable à l'amendement CF21 défendu par M. Bricout ; j'ai déjà répondu tout à l'heure sur le principe.

La commission rejette les amendements identiques CF17 et CF41.

Puis elle rejette l'amendement CF21.

Elle examine ensuite, en discussion commune, les amendements identiques CF46 du président Éric Woerth et CF44 de Mme Marie-Christine Dalloz ainsi que l'amendement CF13 de M. Jean-Paul Dufrègne et l'amendement CF32 de M. Éric Coquerel.

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En l'état des propositions gouvernementales, les allocations familiales et les pensions de retraite ne seront revalorisées que de 0,3 % en 2019. Nous considérons pour notre part qu'il faut qu'elles soient indexées à l'inflation, actuellement de 1,7 %. L'objet de l'amendement CF46 est précisément de rétablir cette indexation. Si le Gouvernement admet qu'il y a un problème de pouvoir d'achat, saisissons cette occasion.

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Les auteurs de l'amendement CF13 proposent de modifier, à la fin du premier alinéa de l'article 68 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2019, le taux de 0,3 % en le faisant passer à 1,3 %.

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L'amendement CF32 vise tout simplement à revenir sur la désindexation des pensions de retraite décidée en loi de financement de la sécurité sociale. C'est une mesure qui prive les retraités d'à peu près 1,8 milliard d'euros. Même si la hausse de la CSG était annulée, le gain ne représenterait en vérité que 25 % du manque à gagner causé par la désindexation sur l'inflation. La désindexation entraîne une sévère perte de pouvoir d'achat pour les retraités. Nous saisissons l'occasion de l'annuler.

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C'est un sujet difficile, sensible. Cela ne fait plaisir à personne de prendre une décision comme cette désindexation et cela ne fait plaisir à personne de voir son pouvoir d'achat rogné.

Les retraites augmentent cependant. Cette augmentation de 0,3 % est modeste, sensiblement plus faible que l'inflation, mais, en ce moment, celle-ci retomberait plutôt à 1 %. Soyons donc objectifs, sans verser dans l'exagération ni dans le déni.

Et comment équilibrer les régimes de retraite ? Aucun mécanisme de vases communicants ne le permet. C'est d'ailleurs pour cela qu'il ne faut pas toucher aux cotisations sociales salariales retraite. On ne peut payer les pensions qu'avec les cotisations des uns et des autres, le régime étant structurellement déficitaire sous le double effet du vieillissement des générations du baby boom et de l'allongement de la durée de la vie.

Nous ne disposons que de trois leviers pour équilibrer les régimes de retraite. Le premier est l'allongement de la durée de cotisation.

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C'est le levier actionné lors des principales réformes des régimes de retraite.

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Et il faut en rendre grâce à la majorité à laquelle vous apparteniez, monsieur le président. Nous avons donc mis les actifs à contribution, en leur demandant de cotiser plus longtemps, de partir à la retraite plus tardivement que leurs aînés.

Le deuxième levier, c'est l'augmentation des cotisations. Ce fut fait lors de la réforme de 2014, et il faut l'attribuer à la majorité précédente.

Le troisième levier, c'est la maîtrise du versement des prestations de retraite.

En dix ans, nous aurons donc actionné les trois leviers. Que celui qui a une recette miracle s'avance ! Effectivement, on peut toujours annoncer aux jeunes de vingt ou trente ans qu'ils prendront leur retraite à soixante-cinq ans – c'est lointain. Une réforme des retraites sera examinée ; il est question d'un âge pivot de soixante-trois ans, nous verrons ce qu'il en sera. En tout cas, il n'y a pas de miracle, et il serait bon de dire les choses clairement : effectivement, un effort est demandé aux retraités, mais les actifs ont eux aussi beaucoup contribué.

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J'ai été étonné que ces amendements soient jugés recevables. On m'a toujours expliqué qu'un amendement augmentant des dépenses publiques ne l'était pas. Les régimes de retraite, cela fait quand même partie de ce bloc.

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La vigilance de Charles de Courson est toujours à l'oeuvre… La question a effectivement été l'objet d'un débat.

C'est dans le cadre de la loi de financement de sécurité sociale que la désindexation a été décidée. Or celle-ci n'est pas encore promulguée. C'est donc à l'aune de l'état du droit antérieur à celui créé par la loi de financement de la sécurité sociale qu'a été appréciée la recevabilité financière de ces amendements. Par rapport à cet état du droit, et jusqu'à la promulgation de la loi de financement de la sécurité sociale, des amendements comme ceux que nous examinons présentement n'accroissent pas les dépenses publiques.

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Mais comment se fait-il donc que la loi de financement de la sécurité sociale ne soit pas encore promulguée ? L'article 10 de la Constitution donne au Président de la République un délai de quinze jours maximum pour ce faire. Normalement, la date limite tombe aujourd'hui…

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À l'heure où nous examinons ce projet de loi, l'état du droit prévoit l'indexation des pensions sur l'inflation. Lorsque la loi de financement de la sécurité sociale y sera intégrée, les amendements que nous examinons seront considérés comme entraînant une dépense supplémentaire et l'article 40 de la Constitution leur sera opposé.

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De manière générale, à chaque fois que je suis amené à juger de la recevabilité financière des amendements, je m'efforce de considérer que le doute doit profiter aux parlementaires et à l'exercice de leur droit d'amendement.

J'ajoute que le délai de promulgation est suspendu à la saisine du Conseil constitutionnel, qui devrait très prochainement sa décision.

La commission rejette les amendements identiques.

Puis elle rejette successivement les amendements CF13 et CF32.

Article 3 : Rétablissement de la CSG à 6,6 % pour certains titulaires de revenus de remplacement

La commission examine, en discussion commune, les amendements identiques CF18 du président Éric Woerth et CF43 de Mme Marie-Christine Dalloz ainsi que l'amendement CF31 de Mme Sabine Rubin.

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L'article 3 rétablit un taux de CSG sur les pensions de retraite à 6,6 % pour les pensions inférieures à 2 000 euros.

Monsieur le rapporteur, tout à l'heure, vous avez précisé, dans votre propos liminaire, que le taux de CSG à 6,6 % serait rétabli pour un couple qui perçoit un revenu de 3 000 euros. C'est un arrondi. J'ai eu le sentiment que les documents dont nous disposons faisaient état d'un montant inférieur.

Pour notre part, s'il est une injustice qui a été à l'origine de la crispation et de la colère que l'on a retrouvées dans nos territoires, c'est bien l'augmentation de la CSG. Souvenez-vous : en février et mars 2018, toutes les personnes qui se succédaient dans nos permanences étaient des retraités qui ne comprenaient pas pourquoi on leur avait enlevé une part de retraite. Nous vous proposons donc d'aller plus loin que ce qui est prévu à l'article 3 et de revenir sur ces dispositions.

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L'amendement CF31 vise à revenir totalement sur la hausse de la CSG pour tous les retraités votée l'année dernière.

L'article 3 propose de ne revenir sur cette hausse que pour les retraités dont le RFR est inférieur à 2 000 euros par mois. Or cette mesure ne répond pas à l'injustice imposée à ces retraités.

De plus, cette mesure ne concernera qu'une partie des retraités. Par exemple, les membres d'un couple de retraités ayant chacun une pension de 1 400 euros, qui ne sont donc pas spécialement favorisés, continueront de payer la CSG au taux plein. En outre, même les retraités concernés par cette baisse de CSG seront toujours perdants du fait de la fameuse désindexation que j'évoquais tout à l'heure.

De façon plus globale, cette hausse de la CSG remet en cause le modèle social de la sécurité sociale qui ne devrait surtout pas vivre de la fiscalisation, mais de la solidarité, comme cela a toujours été le cas.

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Madame Dalloz, j'ai parlé de 3 000 euros, mais c'est peut-être plutôt 3 060 euros. J'avais pris quelques précautions…

Madame Rubin, pour un couple de retraités ayant chacun une pension de 1 400 euros, on obtient un revenu de 2 800 euros, ce qui fait qu'ils bénéficieront du taux de CSG de 6,6 %. Mais si chacun perçoit une pension de 1 700 euros, le taux sera plus élevé.

On passe d'un RFR de 1 300 à 2 000 euros pour un retraité célibataire et de 2 000 à 3 000 euros pour un couple, ce qui fait que 70 % de retraités, soit 4 millions de personnes, demeureront finalement dans la situation antérieure. La conjugalisation peut aussi être avantageuse pour certains couples, par exemple lorsqu'un des conjoints perçoit une retraite de 2 600 euros tandis l'autre ne touche rien : ils repasseront au taux de 6,6 %.

Avis défavorable aux amendements.

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La conjugalisation, cela veut dire le doublement par rapport à un individu.

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Or on est en train d'abandonner ce principe.

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Monsieur le rapporteur, pendant qu'on y est, vous pourriez aller jusqu'au bout, c'est-à-dire revenir non sur la moitié de votre erreur de l'année dernière, mais sur la totalité, et on n'en parle plus ! C'est l'objet des deux amendements identiques.

La mesure prévue à l'article 3 coûte 1,5 milliard. Le Gouvernement la compensera-t-il dans la prochaine loi de finances ? J'ai cru comprendre, dans la réponse que m'a faite M. Darmanin la nuit dernière, qu'il y aurait compensation. Pouvez-vous infirmer ou confirmer cette information ?

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Ce n'est pas ce que j'ai compris. Tout à l'heure, on a vu dans le débat qu'un certain nombre de dépenses ne seraient pas compensées par l'État. D'ailleurs, cela plaide pour ne pas aller au-delà des 70 %, sinon la mesure serait totalement à la charge de la sécurité sociale.

Monsieur de Courson, je sais bien que vous allez au bout de tout : au bout de la taxe d'habitation en l'exonérant pour tout le monde, au bout de la CSG, etc. Avec vous, les milliards volent. Pourtant, ce n'est pas votre culture !

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Ce n'est pas mon genre !

Pourquoi vous arrêtez-vous à mi-distance ? Pourquoi ne supprimez-vous que pour la moitié, et pas pour tout ?

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Ai-je besoin de vous rappeler une fois encore la mécanique générale, pourquoi on a transféré 20 milliards de la CSG vers les baisses de cotisations salariales ?

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Ce n'est pas du tout une erreur ! C'est ce qui permet de stimuler le travail, de mieux rémunérer le travail.

Si vous supprimez la mesure CSG, il en est fini des allégements de cotisations sociales salariales, de l'amélioration des revenus du travail et de la stimulation du travail.

La commission rejette les amendements identiques.

Puis elle rejette l'amendement CF31.

Elle en vient à l'amendement CF15 de Mme Valérie Rabault.

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On aurait pu espérer que vous ayez entendu une des raisons essentielles qui précipitent le peuple dans la rue : l'attente d'un impôt juste. Oui, nos concitoyens ont la subtilité de comprendre que l'on a besoin d'impôts pour nos services publics, mais ils exigent que cet impôt soit bien utilisé et, bien sûr, une contribution socialement juste.

Le principe fondamental d'un impôt juste, c'est une assiette large et une contribution progressive au regard du niveau de revenus. Or la CSG sur les retraites ne répond pas à cette logique : puisque cet impôt se déclenche sur le statut de la personne, on paie en quelque sorte un impôt supplémentaire parce qu'on est retraité. Certes, vous tenez compte ensuite du niveau de revenu et vous proposez dans ce texte d'augmenter le seuil à 2 000 euros. Il est d'ailleurs dommage que vous n'ayez pas retenu notre proposition à 3 000 euros, niveau qui nous semblait pertinent puisqu'il correspond au coût d'un hébergement dans une maison de retraite en Île-de-France.

Vous nous dites que la hausse du taux de CSG se déclenchait à 1 200 euros. On s'aperçoit qu'il y a un lien avec le revenu fiscal de référence du foyer et que malgré tout sont touchées des retraites inférieures à 1 200 euros. Or vous ne corrigez pas cet écueil : nous nous retrouvons donc exactement avec le même problème, celui de la remise en cause de la parole donnée. C'est un peu dommage.

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La question d'un hébergement dans un EHPAD est un vrai sujet – c'est la question du cinquième risque. Contrairement à ce que vous dites, le coût moyen d'un hébergement dans un EHPAD est de 1 800 euros et non de 3 000 euros.

Si l'on veut être conséquent, il faut prendre l'ensemble des mesures, c'est-à-dire parler de la CSG mais en même temps de la baisse des cotisations salariales. Si vous portez le plafond à 3 000 euros, il faut dire aux millions de salariés du privé que vous leur supprimez quasiment en totalité la baisse des cotisations salariales, ce qui entraîne automatiquement la diminution de leur salaire.

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C'est votre mécanique, ce n'est pas la nôtre !

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Assumez votre proposition de baisser la rémunération des salariés du privé. Dont acte.

La commission rejette l'amendement.

Puis elle émet un avis favorable à l'adoption de l'article 3, sans modification.

Après l'article 3

La commission étudie l'amendement CF23 de Mme Christine Pires Beaune.

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Cet amendement vise tout à la fois à défendre le pouvoir d'achat et l'écologie, en proposant de donner davantage d'autonomie aux conseils régionaux puisqu'ils fixent le taux unitaire de la taxe sur les certificats d'immatriculation.

Actuellement, pour les véhicules particuliers, c'est un taux unique qui s'applique. Nous proposons que les conseils départementaux puissent faire la même chose que pour les véhicules professionnels, c'est-à-dire fixer un tarif différencié en fonction du nombre de chevaux fiscaux, sachant que les deux tiers du parc automobile sont constitués de véhicules de 6 chevaux ou moins, et que seulement 7 % dépassent les 10 chevaux. L'intérêt de cette mesure est de taxer davantage les grosses cylindrées. C'est donc une mesure en faveur du pouvoir d'achat et une mesure écologique.

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La modulation est permise pour les véhicules professionnels, mais pas pour les véhicules particuliers.

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Je vous propose de reposer la question en séance publique. Cela permettra à chacun d'étudier plus précisément le sujet.

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Cela n'empêche pas de mettre aux voix l'amendement maintenant. Je le déposerai de nouveau en séance publique.

Au moment où l'on va avoir une réforme constitutionnelle et où l'on veut donner davantage d'autonomies, faire de la différenciation dans les territoires, on peut le faire avec une mesure qui ne coûte rien à l'État et qui ne créera pas davantage d'inflation. Au contraire, c'est une mesure de pouvoir d'achat pour différencier les tarifs. Je me permets d'insister, parce que le principe existe déjà. Techniquement, c'est possible.

La commission rejette l'amendement.

Article 4 : Remise au Parlement d'un rapport sur la revalorisation de la prime d'activité

La commission examine l'amendement CF37 de Mme Sabine Rubin.

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C'est mon cheval de bataille depuis hier soir. J'aurai peut-être plus de chance avec M. Alauzet qu'avec M. le ministre, qui ne m'a toujours pas donné de réponse.

Je rappelle que, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2019, nous avons voté 2,675 milliards d'euros de crédits pour la prime d'activité : si on les répartit sur 5 millions de foyers, chaque foyer percevra une moyenne de 44,60 euros et non 100 euros comme annoncé par Édouard Philippe et le Chef de l'État.

Est-ce à dire que la moitié de ces 5 millions percevra 100 euros et pas les autres ? Ou qu'il y aura une dégressivité ? En tout cas, j'aimerais avoir une réponse claire. Jusqu'à présent, les Français ont entendu que 5 millions de foyers bénéficieront de 100 euros. Or, au vu de ce que nous avons voté la nuit dernière, ce ne sera pas le cas.

Monsieur Alauzet, si vous avez une réponse claire à nous donner, je pense qu'elle intéressera beaucoup de monde.

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Monsieur Coquerel, le Président de la République a parlé des salariés « autour » du SMIC. Il n'y a pas 5 millions de Français autour du SMIC ! Nous allons élargir l'assiette de façon assez importante. Il suffit de prendre deux termes et de diviser. Ce n'est évidemment pas rectangulaire ! Il y a une montée en puissance sur les temps très partiels et une redescente du niveau de la prime sur les tranches marginales. Selon qu'on est une famille monoparentale ou un couple, les seuils sont différents. Tout le monde n'aura donc pas 90 euros, parce que tout le monde n'est pas au niveau du SMIC ! Quand on est à 1,4 SMIC, monsieur Coquerel, on n'est pas au SMIC ! Qui plus est, quand, dans un couple, l'un des revenus est relativement plus important, il n'y a pas de prime pour l'activité.

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Monsieur le rapporteur, le groupe Libertés et Territoires auquel j'appartiens était hier, dans sa majorité, plutôt favorable aux mesures proposées. Mais, plus la discussion avance, de plus en plus de nos membres se dirigent vers l'abstention voire le rejet du texte. En ce moment grave, alors que couvait un risque insurrectionnel, la majorité et le Gouvernement devraient faire preuve d'ouverture dans le débat et accepter des amendements. Or, depuis tout à l'heure, vu la manière dont les échanges sont menés, je désespère de parvenir à faire voter le texte par certains de mes collègues.

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Je continue le dialogue avec M. Alauzet, puisque j'ai enfin quelqu'un qui commence à me répondre…

Je cite Édouard Philippe : « Nous allons élargir le nombre de foyers éligibles, qui passera de 3,8 millions à 5 millions. Car cette réforme va bien au-delà des personnes qui sont juste au SMIC : tous les salariés célibataires sans enfant auront 100 euros de plus jusqu'à 1 560 euros nets de revenus. Avec un enfant, une mère célibataire – et elles sont nombreuses sur les ronds-points – pourra percevoir la prime jusqu'à 2 000 euros de salaire. Un couple avec deux enfants, dont l'un gagne le SMIC et l'autre 1 750 euros, verra ses revenus augmenter de 200 euros. » Je repose la question : vous avez dit que, suite au vote de cette nuit, les 5 millions de foyers fiscaux n'auront pas les 90 euros promis. Combien de ménages seront donc concernés par la hausse de 100 euros ?

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Le problème est de l'ordre de la communication. Mettons-nous à la place du citoyen lambda : il a compris, par exemple, qu'en dessous de 2 000 euros de retraite, il ne subirait pas de hausse de la CSG. Mais, in fine, des retraités qui gagnent moins de 2 000 euros se verront infliger une hausse de la CSG, parce que la base est celle du RFR ; or la moitié des gens ne savent même pas ce que c'est. Du coup, le discours est brouillé, et votre parole est discréditée.

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Le débat, me semble-t-il, tourne autour de cette question : toucher la prime ou toucher la prime plus les 90 euros ?

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Notre réforme permettra à un célibataire sans enfant gagnant 1,3 SMIC de toucher 90 euros de prime d'activité ; avant, c'était 0 euro. Un célibataire avec un enfant gagnant 1,7 SMIC touchera 90 euros ; pour lui aussi, avant, c'était 0 euro. Ce qui est vrai, c'est que 1,2 million de personnes pourront toucher la prime d'activité, ou une prime d'activité plus ou moins modulée. Le pic sera de 90 euros ; aux points de sortie, les montants seront plutôt de 25 ou de 50 euros.

Ce qui est important, c'est que 1,2 million de personnes de plus pourront, lorsqu'elles rempliront un dossier à la caisse d'allocation familiales (CAF), bénéficier d'une prime d'activité. Le montant s'échelonnera selon une courbe. Aujourd'hui, il y a en France 3,8 millions de ménages éligibles et 2,8 millions de bénéficiaires. Par exemple, pour un salarié seul au SMIC, la hausse de pouvoir d'achat par mois est de 240 euros. C'est aussi cela qu'il faut avoir en tête ! Un million de personnes, qui étaient déjà éligibles, deviendront réellement bénéficiaires et toucheront la prime d'activité, telle qu'elle existait hier, plus des 90 euros. La hausse de pouvoir d'achat est très significative. Notre combat doit être celui du recours.

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C'est un peu un dialogue de sourds. Nous sommes à peu près d'accord avec ce que vous nous proposez. Nous essayons juste de vous expliquer depuis 48 heures que, entre ce qu'a annoncé le Président de la République et ce qui va se passer en vrai, ce n'est pas la même chose. On ne dit pas que ce que vous faites est mal ; mais seulement que ce qu'il a dit aux Français droit dans les yeux, ce n'est pas ce qui va se passer. Les Français ne peuvent pas le comprendre ! Le Président de la République a dit que le salaire d'un travailleur au SMIC augmenterait de 100 euros par mois dès 2019.

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Sans que cela ne coûte à l'entreprise !

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Celui qui entend cela à la télévision et gagne le SMIC se dit qu'il va toucher 100 euros, avant d'apprendre que ce n'est pas tout à fait cela et que ce sera le cas pour seulement la moitié…

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On nous a expliqué que, selon le foyer fiscal ou les revenus du conjoint, certains – tantôt la moitié, tantôt 55 % – auraient davantage. Il faut le dire ! Entre une parole simple du Président de la République, compréhensible par les Français, et ce qui va se passer, il y a toujours une différence : c'est cela que les gens vous reprochent, de ne pas faire ce que vous dites.

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Monsieur le rapporteur, vous nous dites depuis tout à l'heure que vous allez élargir l'assiette de la prime d'activité. Or les jeunes, les étudiants, les stagiaires et les apprentis ne peuvent en bénéficier qu'à la condition de gagner plus de 918 euros par mois. C'est tout à fait injuste : un étudiant qui a un job de vingt heures hebdomadaires n'a pas le droit à cette prime d'activité. Je pense que vous utilisez le bon véhicule et que vous avez fait le bon choix ; mais je m'interroge sur l'opportunité de revoir la prime d'activité et de l'élargir. Sur nos ronds-points, parmi ceux qui portaient des gilets jaunes, il y avait énormément de jeunes travailleurs pauvres et d'étudiants qui n'arrivent pas à boucler leurs fins de mois, parce qu'ils doivent travailler tout en faisant leurs études. Allez-vous profiter de ce texte pour élargir le champ des bénéficiaires de la prime d'activité ?

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Madame Magnier, la prime d'activité, qui est la fille du revenu de solidarité active, sert à différencier les revenus de l'activité de ceux de l'assistanat. Elle a été créée pour inciter à reprendre le travail. Par ailleurs, elle n'a jamais été faite non plus pour que les personnes décident d'arbitrer entre un temps partiel et un temps complet. Les étudiants ne gagnent évidemment pas beaucoup d'argent, dans la mesure où ils travaillent par définition à temps très partiel. Les conditions d'éligibilité à la prime d'activité ne sont probablement pas la meilleure solution dans leur cas.

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Que nos concitoyens s'interrogent ou méconnaissent le système actuel, avec la conjugalisation et la familialisation, cela n'a rien d'étonnant. Mais vous tous ici, vous connaissez parfaitement ce système, et vous en jouez !

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Si, c'est le sujet : vous mettez de l'huile sur le feu.

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Lorsque le plafond de revenus ouvrant droit à l'exemption de la hausse de la CSG était fixé à 1 200 euros, le même problème se posait : un couple pouvait s'imaginer que ce plafond serait porté à 2 400 euros, mais telle n'était pas la réalité, et vous le comprenez tous très bien. Il faut l'expliquer à nos concitoyens et vous pouvez prendre votre part à cette explication. La réalité, c'est que le seuil retenu pour un couple était de 1 840 euros. Il en va de même ici : le seuil de 2 000 euros pour une personne seule ne se transforme pas en 4 000 euros pour un couple, mais en 3 000 euros.

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Eh bien, je vous le dis !

Quant à la prime pour l'activité, un Français vivant seul qui gagne 1 565 euros se dit, ayant entendu le Président de la République, que cette mesure ne le concerne pas puisqu'elle porte sur les revenus équivalents au SMIC. Si, elle le concerne au contraire ! Une femme élevant seule son enfant se dit la même chose : cette mesure n'est pas pour moi, puisque je gagne 2 000 euros. En bien si, au contraire ! Elle la concerne. De même, un couple ayant deux enfants, l'un des parents gagnant 1 500 euros et l'autre 1 100 euros, ne croira pas pouvoir en bénéficier ; et pourtant, si, il le pourra ! La prime s'élèvera pour eux à 173 euros, contre zéro aujourd'hui ! Vous pouvez feindre de ne pas le voir et nous reprocher d'avoir mal communiqué. Vous pouvez ou non prendre votre part à l'effort d'explication ou préférer nourrir la polémique, à vous de choisir. La réalité, cependant, est celle-là !

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Vous avez rappelé à la commission, monsieur le rapporteur, que pour bénéficier de la prime d'activité actuelle, il faut déposer un dossier à la CAF. Or, il existe un énorme écart entre le nombre des bénéficiaires potentiels et le nombre de ceux qui en ont réellement bénéficié – de l'ordre de 80 %, selon les chiffres que vous nous avez communiqués. Le même problème se posera avec cette nouvelle prime d'activité, car les gens ne comprennent pas : certains croient que tous les salariés rémunérés au SMIC recevront 100 euros, mais la fourchette retenue va de 0,5 à 1,5 SMIC. Autrement dit, il n'y a aucune pédagogie. Tout le monde ne bénéficiera pas de 90 euros, comme l'a expliqué Mme de Montchalin, tant s'en faut ! La prime variera en fonction des revenus. Ce n'est plus une prime d'activité mais, au fond, un soutien social. Voilà toute l'ambiguïté de cette question, antérieure même à ces nouvelles dispositions.

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Vous ne pouvez pas, monsieur le rapporteur, nous dire que, comprenant le système, nous pourrions vous aider à éclairer les Français ! Les Français ont entendu une promesse du chef de l'État et la mesure que vous vous apprêtez à voter ne lui correspondra pas, point barre !

Je remercie Mme de Montchalin pour ses explications et lui fais remarquer, puisque le montant de la prime variera selon elle entre 90 et 25 euros, que la moyenne étant de 44,60 euros pour un montant global de 2,275 milliards, le nombre de personnes touchant un montant inférieur à 44,60 euros sera supérieur à celui des personnes qui toucheront davantage. C'est une évidence ! Contrairement à ce que vous avez annoncé depuis des semaines, je me réjouis que l'on puisse enfin dire ici que non, il n'y aura pas de prime d'activité à hauteur de 90 voire 100 euros, car ce montant pourra varier, pour 5 millions de foyers fiscaux. Cette prime sera beaucoup plus faible pour la plupart d'entre eux. Cela doit être dit !

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Il y a beaucoup plus de monde autour du SMIC que de salariés payés au SMIC.

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Peut-on admettre le fait que le choix du Gouvernement est techniquement compatible avec l'engagement pris par le Président de la République ? Les personnes qui sont au SMIC toucheront 100 euros de plus. On peut certes donner des leçons à tout le monde, mais quelle solution technique aurait pu être trouvée ? Vous soulevez la question des charges salariales, monsieur de Courson. L'inconstitutionnalité portait sur l'impossibilité d'exonérer la totalité des cotisations. Je veux bien qu'on donne des leçons mais, à mon sens, le Gouvernement a trouvé la meilleure solution pour que la mesure soit rapide et efficace. Rien n'empêchera de réfléchir en 2019 à l'amélioration éventuelle du système.

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Je ne reviendrai pas sur le vecteur choisi, à savoir celui de la prime d'activité ; j'observe simplement que la ministre a dit tout à l'heure devant la commission des affaires sociales que deux millions de personnes pourraient « potentiellement » bénéficier de ce bonus. Le message d'alerte que nous essayons tous de vous faire passer est le suivant : prenez garde aux mots car ils ont un sens, et ceux qui les entendent ne comprennent pas forcément la même chose que vous. Il faut faire preuve de la plus grande précision dans les annonces, voilà tout.

La commission rejette l'amendement.

Puis elle émet un avis favorable à l'adoption de l'article 4, sans modification.

Enfin, elle émet un avis favorable à l'adoption de l'ensemble du projet de loi, sans modification.

Informations relatives à la commission

1.– La commission a désigné M. Éric Alauzet rapporteur pour avis sur le projet de loi portant mesures d'urgence économiques et sociales (n° 1516).

2.– La commission a créé :

– une mission d'information commune avec la commission des affaires étrangères sur le bilan de la lutte contre les montages transfrontaliers ;

– une mission d'information relative aux taxes sur les titres de séjour ;

– une mission d'information sur l'impôt universel ;

– une mission d'information « flash » sur le dispositif des aviseurs fiscaux ;

– une mission d'information « flash » sur l'inclusion bancaire ;

– une mission d'information sur l'application de la loi organique relative aux lois de finances.

Membres présents ou excusés

Réunion du mercredi 19 décembre 2018 à 16 h 25

Présents. - M. Saïd Ahamada, M. Éric Alauzet, M. Jean-Louis Bricout, Mme Émilie Cariou, M. Michel Castellani, Mme Anne-Laure Cattelot, M. Philippe Chassaing, M. Éric Coquerel, M. Charles de Courson, Mme Marie-Christine Dalloz, M. Olivier Damaisin, Mme Dominique David, M. Benjamin Dirx, M. Jean-Paul Dufrègne, Mme Stella Dupont, M. M'jid El Guerrab, Mme Sarah El Haïry, M. Olivier Gaillard, M. Joël Giraud, Mme Perrine Goulet, M. Romain Grau, Mme Olivia Gregoire, M. Stanislas Guerini, Mme Nadia Hai, M. Alexandre Holroyd, M. Christophe Jerretie, M. François Jolivet, M. Mohamed Laqhila, M. Michel Lauzzana, M. Marc Le Fur, Mme Patricia Lemoine, M. Fabrice Le Vigoureux, Mme Véronique Louwagie, Mme Marie-Ange Magne, Mme Lise Magnier, M. Jean-Paul Mattei, Mme Amélie de Montchalin, Mme Cendra Motin, Mme Catherine Osson, M. Xavier Paluszkiewicz, Mme Valérie Petit, Mme Bénédicte Peyrol, Mme Christine Pires Beaune, M. François Pupponi, M. Xavier Roseren, M. Fabien Roussel, Mme Sabine Rubin, M. Jacques Savatier, M. Benoit Simian, Mme Marie-Christine Verdier-Jouclas, M. Philippe Vigier, M. Éric Woerth

Excusés. - M. Jean-Louis Bourlanges, Mme Valérie Rabault, M. Olivier Serva, M. Jean-Pierre Vigier

Assistaient également à la réunion. - M. Éric Ciotti, M. Pierre Cordier, M. Fabien Di Filippo

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