Au coeur de la révolte populaire qui secoue depuis plus de deux mois notre pays se trouve un profond sentiment d'injustice, qui correspond à des inégalités quotidiennes, très réelles : injustice fiscale, sociale et écologique ; injustice de la justice elle-même, conformément à l'adage : « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
À ce cri d'injustice du peuple, le Gouvernement et la majorité répondent par le mépris et la régression.
Ils y répondent par le mépris en faisant payer par les personnes modestes quelques concessions pourtant arrachées de haute lutte, tandis qu'ils exonèrent les plus riches, ou en organisant à grands frais et à grand bruit un débat national en carton, verrouillé par un exécutif qui pose lui-même des questions biaisées dans l'objectif de faire avaliser sa politique. Ce débat est d'ailleurs un peu à l'image de la prétendue consultation relative aux textes dont nous débattons aujourd'hui, qui a été critiquée par un grand nombre de professionnels de la justice.
Ils y répondent par la régression, notamment par une répression policière et judiciaire sans précédent du mouvement populaire, qui fait pâlir d'envie et d'admiration les autocrates du monde entier. Citons quelques-uns de vos faits de gloire : les « dispositions préventives » – ce sont vos termes mêmes, madame la garde des sceaux – prises pour empêcher de manifester ; les milliers d'interpellations et de gardes à vue, abusives dans leur grande majorité, notamment celles de lycéens, de militants écologistes ou même d'avocats. Rappelons-le, puisqu'il faut vous le rappeler : en démocratie, il ne peut y avoir d'interpellation préventive, sinon il n'y a pas d'habeas corpus ;