Je suis terrifié par cette volonté de laisser au juge la capacité d'apprécier ce que sera un motif légitime. Nous sommes législateurs, nous devons prendre nos responsabilités en décidant ce qui relève du motif légitime. Le juge, dès lors qu'on lui aura dit que l'atteinte à l'ordre public est un motif légitime, pourra apprécier si au regard des faits qui lui sont soumis, il y a ou non atteinte à l'ordre public ; mais on ne peut pas lui laisser le soin de définir le motif légitime, car il varierait alors de Lille à Marseille, de Strasbourg à Lyon, de Nevers à Versailles au détriment de la nécessaire sécurité juridique. Je sais bien qu'ils vous importent peu, mais imaginez l'embarras des professionnels du droit qui saisiront le tribunal de grande instance de Nantes sans conciliation préalable en assurant à leurs clients qu'ils ont un motif légitime pour s'en abstenir, conformément à la jurisprudence récente du tribunal de grande instance de Poitiers. Si le magistrat de Nantes décide que ce motif n'est pas légitime, le professionnel du droit aura engagé sa responsabilité, il aura trompé son client en lui faisant croire qu'il existait un motif légitime, tout cela parce qu'on aura laissé le magistrat interpréter librement la loi ! Ce n'est pas bien et c'est contraire au fonctionnement de la justice tel que nous le connaissons aujourd'hui.