Madame la ministre des outre-mer, j'appelle votre attention sur les conséquences dramatiques de la crise requins à La Réunion. On pourrait considérer que tout a été dit, tous ont été écoutés, tout a été envisagé. Pourtant force est de constater que rien n'a changé, ou si peu. Cela fera bientôt huit ans qu'une île est privée de son littoral : voilà très exactement 2 013 jours que les Réunionnaises et Réunionnais subissent les conséquences de la gestion calamiteuse de la crise. Oui, depuis le 26 juillet 2013, l'État protège ses citoyens îliens en interdisant purement et simplement l'accès à la très grande majorité, pour ne pas dire à la quasi-totalité, du littoral. Cette interdiction, nous dit-on, est provisoire – un provisoire reconduit, semble-t-il, ad vitam æternam.
Seriez-vous capable de restreindre l'accès à la mer, 2 013 jours durant, aux vacanciers, touristes et résidents de stations balnéaires comme Hossegor, Lacanau ou encore Biarritz ? Je vous le demande. Certes, des engagements ont été pris pour réduire le risque lié à ce problème qui entrave et pénalise fortement toutes les activités économiques, sociales, culturelles et sportives associées au littoral de La Réunion. Mais l'actualité nous montre que ces mesures sont plus qu'insuffisantes : elles sont inefficaces et dangereuses. Nos plages historiques se sont transformées en véritable parc à requins. La réserve marine protège ces prédateurs : les requins-bouledogues et les requins-tigres, qui ont, à vingt-cinq reprises depuis 2011, attaqué, tué ou mutilé. Ces nouveaux prédateurs sont, de l'avis de beaucoup de spécialistes, professionnels et usagers de la mer, à l'origine de la diminution drastique, dans cet espace, d'autres espèces réduites à l'impuissance.
Aucune réforme en profondeur de la réserve marine n'est pourtant prévue jusqu'à présent, qu'il s'agisse d'une révision de sa réglementation ou de sa délocalisation à l'extérieur de la zone balnéaire. Aucune des solutions pertinentes et pérennes proposées notamment par des acteurs associatifs n'a été étudiée ou débattue. L'absence d'écoute des acteurs locaux, malgré des alertes maintes fois lancées, et le fait d'ignorer leurs propositions font naître un sentiment aigu d'injustice dans la population, attisant les rancoeurs et alimentant les extrêmes. Quelles solutions depuis huit ans ? Des pansements.
Vous n'étiez pas là en 2013, madame la ministre, mais j'ose aujourd'hui vous poser la question : que comptez-vous faire pour valoriser et promouvoir notre atout maritime ? Il est temps d'agir. La Réunion, les Réunionnaises et les Réunionnais méritent un véritable et ambitieux programme de réappropriation du littoral.