Monsieur le député, la situation que vous évoquez, liée aux migrations de population observées pendant les vacances d'hiver et comparable à celles qu'on connaît ailleurs en d'autres saisons, est toujours compliquée à gérer. Traditionnellement, nous mobilisons au cours de cette période six escadrons de gendarmerie, soit 444 personnes, afin d'accompagner les forces de sécurité déjà présentes sur place.
Toutefois, vous connaissez les fortes sollicitations auxquelles nous sommes soumis en matière de maintien de l'ordre public. Tous les samedis, nous devons mobiliser la quasi-totalité des forces des escadrons de gendarmerie, mais aussi des CRS et de nos autres forces de sécurité, pour faire face à des manifestations et à un conflit social d'un genre nouveau : celui des « gilets jaunes ».
Tous les samedis, afin de protéger les Français, les biens et les institutions, nous atteignons un niveau de mobilisation exceptionnel et très difficile, qui est du reste aussi très difficile à vivre pour nos forces de sécurité. Cela a pour conséquence un affaiblissement de la mobilisation de ces forces d'ordre public dans les autres missions que nous leur confions – dans les quartiers, par exemple, mais aussi dans la gestion des pics de population que vous évoquez à propos des stations de ski. Nous n'avons alors pas d'autre choix que de faire appel aux femmes et aux hommes des unités territoriales, dont l'engagement accru et le déploiement supplémentaire permettent de faire face à ces situations.
Nous procédons aussi à une hyper-mobilisation des réservistes. Ainsi, dans votre département, monsieur Rolland, 210 réservistes ont été mobilisés pour les vacances de Noël, en substitution des escadrons traditionnellement présents sur place. Vous avez raison de dire que cette solution n'est pas idéale. Il y a là une fragilité de notre système.
Il ne faut cependant pas oublier que les forces d'ordre public ont été de celles dont les effectifs ont connu la plus forte baisse au cours des dernières années. Alors que, depuis 2015, nous avons décidé – ce « nous » désigne l'Assemblée nationale, qui vote le budget alloué au ministère de l'intérieur, et non le ministre qui est en responsabilité depuis trois mois – d'augmenter le nombre de recrutements dans la police et la gendarmerie. Ce gouvernement s'est engagé à mettre en oeuvre un plan d'action de 10 000 recrutements, mais cela n'a pas été le cas pour les forces d'ordre public. La situation que nous connaissons aujourd'hui nous oblige à revoir en profondeur la gestion de l'ordre public et il faudra, bien évidemment, nous poser la question des recrutements.
Je tiens toutefois à vous rassurer, monsieur le député : grâce à l'hyper-mobilisation de nos forces territoriales et au renforcement des recrutements de gendarmes réservistes, qui sont habilités à remplir les fonctions des gendarmes et connaissent bien le territoire, mieux parfois que les forces de l'ordre public, nous bénéficions sur vos territoires – en Savoie en particulier, mais pas seulement – d'une qualité de service fondée sur l'engagement de femmes et d'hommes que vous connaissez bien en tant qu'élu de terrain.