Les objectifs de la programmation pluriannuelle de l'énergie – PPE – récemment présentés permettront de doubler la capacité installée des énergies renouvelables électriques en 2028. Les filières principales permettant d'atteindre l'objectif seront l'hydroélectricité, le solaire photovoltaïque et l'éolien terrestre puis, progressivement, l'éolien en mer, dont la production augmentera au cours de la seconde période de la PPE. La diversification du mix électrique se traduira également par une décroissance du parc nucléaire, l'objectif étant d'atteindre une part de 50 % dans le mix en 2035.
Le département de la Manche est au centre de ce mix électrique. C'est un département clef en ce qui concerne l'énergie nucléaire. L'ouverture prochaine à Flamanville du réacteur pressurisé européen – EPR – de nouvelle génération en est une des preuves Il viendra compléter un dispositif nucléaire bien en place dans ce département.
Cependant, la Manche peut aussi devenir un département clef dans le développement des énergies marines renouvelables – EMR. Avec 350 kilomètres de côtes, c'est l'un des départements français les plus maritimes, une terre d'accueil idéale pour les EMR, qui a d'ailleurs commencé à s'engouffrer dans cette source de développement économique majeure par le biais du marché de l'éolien flottant. Mis en avant au début de l'été, à Quimper, par le Président de la République, ce marché est immense et pourvoyeur d'emplois. Ainsi, à Cherbourg, la société LM Wind Power, installée sur le port, a recruté depuis le mois de juin près de 100 employés et démarrera la production de pales d'éoliennes en janvier 2019.
Mais cette filière des énergies marines renouvelables ne repose pas que sur l'éolien offshore. D'autres techniques, véritables leviers d'une croissance verte promise à un bel avenir, offrent une perspective au département de la Manche. Il en va ainsi de l'énergie thermique des mers : les études économiques menées par Naval Energies montrent que des centrales produisant de l'électricité, mais aussi des co-produits, au moyen cette technique peuvent être rentables, même sans subventions publiques.
Le développement des EMR doit être une composante majeure du succès de la transition énergétique que nous appelons tous de nos voeux. Le gisement est considérable, la production d'énergie est plus régulière et plus importante qu'à terre et ces technologies sont créatrices de nombreux emplois.
La Manche, cernée par la mer, peut y prendre toute sa part. Département clef pour la filière de l'énergie nucléaire, elle pourrait le devenir aussi pour les énergies marines renouvelables, ainsi qu'un véritable démonstrateur, dans son seul espace, du mix énergétique. Le département pourrait ainsi développer, à côté d'une économie marquée par la prépondérance de l'agriculture et de l'agroalimentaire, une spécificité industrielle en devenant le département de l'énergie, associant sur son territoire les deux piliers énergétiques voulus par l'État : le nucléaire et le renouvelable.
Je me permets donc de vous demander, madame la secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, quelle place précise vous comptez faire aux EMR dans le mix énergétique et quelle place peut y prendre notre département de la Manche.