La France vit un moment tout à fait singulier de son histoire.
Un moment sans précédent : il n'existe pas de situation comparable à ce cumul d'une exaspération sociale et d'une exaspération devant l'impuissance de la démocratie à prendre en compte les aspirations populaires que nous sommes en train de vivre.
Cela dure dorénavant depuis douze semaines, déjouant tous les pronostics, y compris les nôtres, quant à ce qui allait se passer au fil des jours – et ce n'est pas fini.
Dans ces circonstances, nous affrontons le bilan le plus terrible observé au cours des soixante dernières années.
Jamais, même en 1968, avec 10 millions de travailleurs en grève, ou bien en 1995, avec des millions de gens se déplaçant dans les rues, on n'a vu pareille chose.
1 000 policiers ont été blessés par un usage aberrant des dispositifs de maintien de l'ordre, et l'on compte 1 800 blessés parmi les manifestants.