Ce n'est pas rien : nous sommes une grande démocratie observée dans le monde.
Ce cumul de chiffres fait froid dans le dos.
Onze gilets jaunes sont morts au cours de la mobilisation : une – une pauvre dame, Mme Zineb Redouane – a été victime, à Marseille, d'une grenade qui l'a atteinte au premier étage où elle se trouvait ; dix autres, parce que la sécurisation des points de mobilisation sur les ronds-points n'était pas garantie.
160 blessures à la tête, 18 personnes éborgnées, 4 mains arrachées : songe-t-on à ces pauvres vies ainsi bouleversées ?
Qui sont ces gens ? Regardons de plus près : sont-ce des malfaiteurs connus et reconnus, des agresseurs, des pilleurs, des saccageurs ? Non, jamais.
Il n'existe pas un seul cas dans lequel on puisse dire : cette personne s'est elle-même exposée. Ce sont toujours des gens soit qui se trouvaient là, soit qui regardaient, soit qui n'ont pas eu la prudence de se mettre à courir assez vite car ils se croyaient spectateurs.
Jusqu'au dramatique et si révélateur accident de M. Jérôme Rodrigues : cet homme, qui venait de dénoncer les violences qui se produisaient un peu plus loin, était en train de filmer ce qu'il voyait. Rien d'autre.
Il est éborgné.
Dans le même temps, il faut donc qu'il y ait un responsable. En République, la règle est que l'on ne saurait mettre en cause tel ou tel policier individuellement pour un geste inadapté, même si celui-ci doit être sanctionné en tant que faute professionnelle.
Il ne peut cependant être question de rendre les policiers responsables de cette situation : c'est à la politique d'assumer.
On vous a dit l'effet démoralisateur qu'avait eu le comportement de M. Collomb quand il a reporté sur la hiérarchie policière toute la responsabilité de la situation créée par M. Benalla.
Il en sera de même aujourd'hui si vous vous contentez de dire à chaque fois que des blessures de cet ordre surviennent : « nous allons voir ce qui s'est passé et qui est responsable. »
Non : vous êtes responsable, monsieur le ministre !