Intervention de Brigitte Kuster

Séance en hémicycle du mercredi 30 janvier 2019 à 15h00
Prévention et sanction des violences lors des manifestations — Article 1er a

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBrigitte Kuster :

Un soupçon pèse sur la majorité, celui de faire de l'examen de ce texte le prétexte à une opération de communication. Lever le soupçon ne devrait donc pas être trop difficile. Soit la majorité vote le texte dans les termes du Sénat – n'était-ce pas d'ailleurs l'idée originelle du Gouvernement ? – , prouvant ainsi qu'elle a bel et bien l'intention de s'attaquer à un phénomène préoccupant au-delà des seules circonstances actuelles, soit elle vote le texte tel qu'il a été modifié en commission, c'est-à-dire vidé en partie de son contenu, et l'opération de communication n'en sera alors que plus flagrante et tournera au fiasco.

Car la réalité est là : la France n'a pas découvert les violences à l'occasion du mouvement du gilet jaune. Ces violences sont désormais consubstantielles à toute manifestation d'ampleur organisée dans l'espace public. Pas un rassemblement ne se déroule désormais sans que les casseurs ne s'en prennent aux forces de l'ordre et mettent à sac les vitrines et le mobilier urbain. En tant que députée de la circonscription des 16e et 17e arrondissements, je suis bien placée pour le signaler.

Sur les ondes, dimanche, le président de notre assemblée osait une distinction entre le mouvement des gilets jaunes et la CGT. Selon lui, le syndicat aurait sur les gilets jaunes l'avantage de disposer d'un service d'ordre compétent et devrait bénéficier, à ce titre, d'une plus grande bienveillance. C'est oublier un peu vite que, aussi performant et respectable que soit le service d'ordre de la CGT, il n'a pas empêché que le boulevard de l'hôpital, à Paris, soit mis à sac le 1er mai 2018. Pas davantage n'a-t-il empêché les violences lors de l'examen de la loi El Khomri, et je pourrais citer de nombreux autres exemples.

La violence infeste désormais chaque mobilisation de rue et se banalise au point qu'elle finirait presque par devenir un moyen d'expression comme un autre. Connaît-on beaucoup de démocraties où la violence est à ce point présente dans le processus de contestation ? Pas à ma connaissance.

La réponse sécuritaire n'est pas tout. L'épuisement démocratique de notre société est patent et exige bien d'autres remèdes plus puissants.

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